La place et le statut accordés aux femmes dans le judaïsme aujourd’hui sont au cœur de plusieurs débats portés devant la Knesset. Parmi eux, ceux autour de la loi sur les mikvés initiée par le député Moshe Gafni (Yahadout Hatorah) a fait couler beaucoup d’encre. Cette loi, jugée anticonstitutionnelle par le Conseiller juridique du gouvernement, vise à placer les mikvés et tout ce qui s’y déroule sous l’autorité exclusive du Grand Rabbinat d’Israël. L’objectif avoué est de contourner ainsi la décision de la Cour Suprême qui a réclamé que les mikvés soient ouverts librement aux réformistes qui veulent y concrétiser leurs conversions. Les craintes : que cette loi n’en viennent à empêcher des femmes qui se trempent régulièrement de le faire selon leurs traditions. LPH s’est entretenu avec Shouli Moualem, député du parti Habayit Haheyoudi, concernant la loi et la position de son parti.
Le P’tit Hebdo : Vous avez affirmé lors des débats à la Knesset que vous ne soutiendriez pas une loi qui porterait atteinte aux libertés des femmes. En quoi cette loi pourrait-elle le faire ?
Shouli Moualem : La loi traite de la tvila dans les mikvés publics. Elle a été conçue en réponse aux mouvements réformistes que l’État d’Israël ne reconnait pas. Nous mettons en garde sur le fait que cette loi ne doit pas en arriver à nuire aux femmes qui se trempent de façon régulière, religieuses ou traditionnalistes, selon des traditions qui ne correspondent pas obligatoirement aux principes orthodoxes. Il est bien entendu qu’une tvila doit être effectuée selon la hala’ha, mais on ne doit pas empêcher les coutumes de s’exprimer. La tvila, au final, relève de la responsabilité de la femme uniquement, et non pas de la balanit ou du rabbin.
LPH : Pourtant le Conseiller juridique déclare la loi inconstitutionnelle.
S.M. : Le Conseiller juridique du gouvernement s’oppose à la loi parce que dans son principe elle interdit l’accès au mikvé à une certaine catégorie de la population, à savoir les réformistes qui souhaitent y faire leurs conversions. La loi est donc, pour l’instant, bloquée. Mais je le répète, nous ne la laisserons pas avancer sans qu’elle ne satisfasse aux garanties que nous demandons.
LPH : Au-delà de la question des réformistes, certaines femmes ne sont pas à l’aise au mikvé notamment en raison des vérifications qui leur sont parfois imposées ou tout simplement parce qu’elles réclament le droit de se tremper sans balanit. La loi intervient-elle aussi dans ces questions ?
S.M. : Habayit Hayehoudi a écrit un document détaillant les points sur lesquels il est fondamental de respecter la femme qui se rend au mikvé. Nous y évoquons notamment le rapport que la balanit doit entretenir avec la femme ou encore la discrétion qui doit être la règle. Par ailleurs nous demandons aussi le droit pour chaque femme d’être accompagnée par une tierce personne (féminine) si elle en ressent le besoin. Par ailleurs, j’ai proposé aussi que l’on confère plus de pouvoirs aux rabbinats locaux en ouvrant en leur sein une ligne d’urgence pour toute femme qui aurait des plaintes à formuler au sujet du mikvé.
LPH : Globalement, comment considérez-vous le statut de la femme dans le judaïsme aujourd’hui ?
S.M. : Dans la Torah, le statut de la femme a toujours été élevé. Dans son application quotidienne, il y a des progrès à effectuer… En cela le sionisme religieux a beaucoup apporté, plaçant des femmes en position de direction ou à des postes encore jamais vus. Il s’agit de modèle d’éducation pour nos filles. Nous devons œuvrer au renforcement du lien entre chaque femme juive et son judaïsme. Nous sommes dans la bonne direction.
Je profite de votre tribune pour inviter chaque femme qui aurait des suggestions, des plaintes ou des remarques sur le sujet à entrer en contact avec moi. Je suis à l’écoute, il est important que nous soyons en communication !
Shouli Moualem: smoalemr@knesset.gov.il
Ou sur FB: שולי מועלם
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Photo by Miriam Alster/FLASH90
