Ce pacte « historique » laisse les sites nucléaires iraniens intacts au lieu de les démanteler comme en Lybie. Et ce, alors que les restrictions sur l’enrichissement d’uranium et les dispositions ridicules sur le contrôle de ces sites par les experts de l’ONU permettront à Téhéran de dissimuler et donc d’affiner davantage ses activités nucléaires. Ce qui lui donnera la capacité, quand il le voudra, de fabriquer en moins d’un an des bombes atomiques. La transformation de l’Iran, déjà principal centre du terrorisme mondial, en puissance nucléaire régionale reconnue par la communauté internationale va s’en trouver très accélérée.
Les 159 pages du Plan d’Action Global et Conjoint arrêté à Vienne le 14 juillet dernier par le P 5 + 1 et l’Iran consacrent la légitimité du programme nucléaire iranien en permettant aux mollahs de conserver l’ensemble de leurs sites atomiques ; et ce, alors que les grandes puissances vont lever les sanctions qui paralysaient depuis plus d’une décennie l’économie perse. Comme l’a résumé, sourire aux lèvres, le président iranien Rohani – en félicitant « les fidèles qui ont prié pendant le saint mois du le Ramadan, car leurs prières ont été exaucées » -, « la communauté internationale lève les sanctions et l’Iran conserve son programme nucléaire ! Le résultat de ces 22 mois de négociations prouve que nous avons pu charmer le monde, et c’est là tout un art… ».
-1/ Une légitimité nucléaire pour l’Iran
En faisant l’impasse sur la Résolution, 1 696 du Conseil de Sécurité de l’ONU qui exigeait que Téhéran suspende totalement ses activités nucléaires, les grandes puissances ont reconnu l’aspect « civil et pacifique » du programme nucléaire iranien entamé depuis 30 ans et se déclarent même prêtes à l’encourager. Elles autorisent l’Iran à garder 6 500 centrifugeuses sur les 20 000 qu’il possède aujourd’hui, en lui demandant de « geler » les 14 000 restantes sur le site de Natanz pendant les 10 ans de la durée de ce traité – ce qui lui permettra de les remettre en marche après. Rappelons que le Pakistan a construit dans les années 1990 TOUT son arsenal nucléaire avec seulement 300 centrifugeuses bien moins sophistiquées que celles des Iraniens…
-2/ Un système d’inspections internationales tout à fait ridicule
Abandonnant , dans leur ferveur d’aboutir, leurs propres lignes rouges qui exigeaient que l’AIEA puisse envoyer ses inspecteurs « partout et à tout moment » sur les sites iraniens, le P 5 + 1 a accepté que l’Iran puisse refuser cet accès en déposant un recours qui sera examiné par les instances chargées de l’application de l’accord : une procédure qui durera au moins 24 jours – un temps bien suffisant pour déménager en cachette les composants nucléaires suspects de ces sites… Unique garantie pour s’assurer que Téhéran respecte au moins ses engagements, cette liberté de mouvement des inspecteurs de l’AIEA n’existe donc plus.
-3/ Une levée des sanctions internationales sans pénaliser les activités terroristes de l’Iran
A la mise en œuvre de l’accord, les sanctions économiques et financières imposées depuis 10 ans par les Etats-Unis et l’UE seront levées. L’Iran va donc très vite devenir un pays riche : 200 milliards de dollars en cash vont remplir ses caisses et seront affectés à des dépenses de modernisation de ses armements et de soutien militaire à ses alliés régionaux (Hezbollah, Hamas, groupes terroristes des minorités chiites régionales, bientôt placés sous la protection du parapluie nucléaire iranien). Et même dans le cas fort peu probable où les Congrès américain rejetterait cet accord, on voit mal les Européens, les Russes et les Chinois – qui ont continué à faire des affaires avec Téhéran – à rétablir le régime des sanctions en cas de violation iranienne…
-4/ La fin de l’embargo général sur les armes sans nulle exigence concernant les violations iraniennes des droits de l’homme
Mettant un terme à l’isolement de l’Iran, l’accord stipule que ce pays jouira dans 5 ans d’un accès illimité au marché mondial des armes conventionnelles, en pouvant acheter et développer lui-même tous les systèmes de missiles Par ailleurs, Téhéran va bénéficier d’« un accès facilité au commerce, à la technologie, à l’énergie, et aux secteurs financiers », pendant que les interdiction imposées sur les activités de sur la banque centrale iranienne, du transport maritime, de l’industrie pétrolière et de nombreuses autres sociétés seront supprimées.
Et ce, alors que les pays occidentaux n’ont nullement demandé en contrepartie que le régime despotique des mollahs réduise ses innombrables violations des droits de l’homme frappant tous les opposants politiques, les artistes, les femmes et les homosexuels qui sont lynchés ou que l’on retrouve souvent pendus à des grues dans les rues des grandes villes…
-5/ Un feu-vert à la prolifération nucléaire et à la course régionale aux armements
Alors que les USA viennent d’abandonner à Vienne leur système d’après 1945 visant à empêcher toute prolifération nucléaire, cet accord qui promeut le programme atomique iranien ouvre la porte à une formidable prolifération régionale qui verra l’Egypte, l’Arabie Saoudite, la Turquie et d’autres pays sunnites – dont certains se sentent menacés par la volonté hégémonique de Téhéran – se lancer dans une course effrénée aux armes non-conventionnelles. Cet abandon des alliés arabes traditionnels des USA au profit d’une alliance avec l’Iran aura un impact dévastateur dans toute la région.
-6/ Un assentiment à l’hégémonie régionale iranienne
Comme les grandes puissances ont accepté que l’Iran et son régime islamiste intégriste fondamentaliste s’acheminent au « seuil nucléaire », Téhéran a désormais tout loisir de parachever son programme atomique militaire en continuant à habilement dissimuler ses actions ; et ce, au moins jusqu’à l’arrivée en janvier 2017 d’un nouveau président à la Maison Blanche. Confirmant le vœu naïf et aberrant émis par Obama de voir l’Iran « jouer un rôle responsable au Moyen-Orient » – notamment dans le combat commun contre Daësh, le président américain ayant pris le parti des Chiites contre les Sunnites ! -, la capitulation du P 5 + 5 va consacrer ce pays comme puissance hégémonique régionale et encourager ses activités terroristes et de déstabilisation débutées voilà 30 ans pour affaiblir les pays sunnites en prenant à leurs dépens une virulente « vengeance historique ». Ce qu’on a commencé à voir en Irak, au Bahreïn, au Yémen, au sud-est de l’Arabie Saoudite et dans d’autres pays du Golf.
-7/ Un abandon américain et européen d’Israël
Cet accord a été perçu à juste titre en Israël comme une trahison : il existe un large consensus israélien estimant qu’Obama et les Européens ont laissé l’Etat hébreu seul face à un régime islamiste réclamant sans cesse sa destruction génocidaire, mais qui se trouve beaucoup renforcé – et non pas « modéré » comme on le croit à tort à Washington et à Bruxelles – après le très mauvais pacte de Vienne, si dangereux pour les pays de la région confrontés à la menace tangible du nucléaire iranien.
Ce « largage » éhonté des bases de la sécurité d’Israël par ses anciens alliés rend désormais – du moins en théorie – encore plus difficile et problématique une attaque israélienne (ou même américaine en cas de violation de l’accord) contre les infrastructures nucléaires iraniennes. Toutefois, cette option pourrait bien se présenter à court ou moyen termes comme l’ultime possibilité pour préserver l’existence même d’Israël…Richard Darmon Edition française hebdomadaire de HAMODIA