Le chef du Shabak, Ronen Bar, a réagi à l’annonce de son limogeage par le Premier ministre et annonce tout simplement qu’il n’a pas l’intention de s’y conformer.
« En tant que chef du Shabak le 7 octobre, j’ai assumé la part de responsabilité de l’organisation dans ces événements et j’ai clairement indiqué mon intention de terminer mon mandat avant son terme. Il est évident que mon éviction n’est pas liée au 7 octobre. Le Premier ministre a précisé que sa décision découlait de la méfiance persistante qu’il décrit entre nous.
Sous ma direction, le Shabak a mené une enquête approfondie qui a mis en évidence des défaillances en matière de renseignement et des processus internes le 7 octobre, dont la correction est déjà en cours. Parallèlement, cette enquête a également souligné une politique menée depuis des années, en particulier l’année précédant le massacre, par le gouvernement et son Premier ministre. Elle révèle une longue et intentionnelle ignorance des avertissements émis par le Shabak de la part du leadership politique », a ajouté Bar.
Selon lui, « il est nécessaire d’examiner tous les facteurs impliqués, y compris la politique du gouvernement et du Premier ministre, et pas seulement Tsahal et le Shabak qui ont procédé à des enquêtes minutieuses, afin de garantir la sécurité du public. Si je ne me bats pas pour cela, quels que soient les coûts personnels que cela implique pour moi, je trahirai mon rôle dans la protection de l’État. La quête de la vérité est une valeur suprême au sein du Shabak, et le public a le droit de savoir ce qui a conduit au massacre et à l’effondrement du concept de sécurité de l’État d’Israël. »
Il a également déclaré qu’il n’avait pas l’intention de quitter son poste : « Ma responsabilité publique est au cœur de ma décision de poursuivre mes fonctions dans la période à venir, compte tenu du risque d’escalade, de la forte tension sécuritaire et de la possibilité réelle d’une reprise des combats dans la bande de Gaza, où le Shabak joue un rôle central.
Par ailleurs, je dois mener à bien mon engagement personnel et celui du service pour le retour des otages, la finalisation de plusieurs enquêtes sensibles et la préparation optimale de deux candidats potentiels pour ma succession, afin que le Premier ministre puisse faire son choix. Cela est une nécessité découlant du caractère national de la fonction, de la sensibilité du Shabak et de la loi qui lui confère de vastes et délicates prérogatives », a affirmé Ronen Bar.
« Lors d’une précédente rencontre, j’ai informé le Premier ministre de mon intention de finaliser ces points avant de quitter mon poste en coordination avec lui, par souci de responsabilité envers le public, la sécurité de l’État et le bon fonctionnement du Shabak au service d’Israël. Comme mentionné, le devoir de loyauté du chef du Shabak est avant tout envers les citoyens d’Israël – c’est cette vision qui guide toutes mes actions et décisions. L’attente du Premier ministre d’une allégeance personnelle, qui contredit l’intérêt public, est une exigence inacceptable, en contradiction avec la loi sur le Shabak et avec le principe de neutralité institutionnelle qui guide le service et son personnel », a conclu Bar.
Un haut responsable politique qui reste anonyme a déclaré: »L’ancien chef du Shabak semble avoir oublié qui est subordonné à qui. L’absence de confiance du Premier ministre envers le chef du Shabak n’est pas une affaire personnelle, mais une question d’intérêt public majeur. Son refus obstiné de quitter son poste nuit au Shabak et à la sécurité nationale. Si quelqu’un doutait encore de la nécessité de le remplacer, sa réaction antidémocratique vient d’en apporter la preuve définitive : il affirme que c’est lui, et non le gouvernement, qui décidera du moment de son départ. C’est dans le même esprit qu’il a choisi, dans la nuit du 7 octobre, qui ne pas réveiller et qui ne pas alerter. Le chef du Shabak continue de répéter le mensonge selon lequel il aurait averti les dirigeants politiques d’une attaque imminente du Hamas, alors que les protocoles prouvent exactement le contraire: le 1er octobre 2023, soit sept jours avant le massacre, il déclarait que le Hamas était dissuadé et qu’il fallait lui accorder des avantages économiques pour maintenir le calme. Il a même réitéré ces affirmations trois jours avant l’attaque ».
Le porte-parole du Shabak a indiqué dans la soirée que le chef du Shabak n’avait fait qu’indiquer les raisons pour lesquelles il ne démissionnerait pas mais qu’il respecterait la loi quelle que soit la décision le concernant.
La conseillère juridique du gouvernement, Gali Baharav Miara, de son côté, a envoyé ce soir une lettre au Premier ministre lui indiquant qu’il ne pouvait pas, pour l’instant, limoger le chef du Shabak. Elle affirme que le sujet est »sensible » et qu’il faut d’abord vérifier les éléments factuels et juridiques à la base de cette décision ».