Lors de son séjour-éclair en Ouganda, le Premier ministre Binyamin Netanyahou a eu un entretien de près de deux heures avec le président du Conseil souverain soudanais Abdel Fattah al-Burhan venu spécialement le rencontrer. Cette entrevue tenue secrète jusqu’au dernier moment s’est déroulée dans la résidence du président ougandais à Entebbe. Info ou intox, le gouvernement soudanais a fait part de sa “surprise en apprenant la nouvelle de cette rencontre par les médias” et indique “vouloir entendre des explications de la part du président dès son retour d’Ouganda”.
Selon des sources diplomatiques ce sont les Emirats arabes unis qui ont servi d’intermédiaires depuis quelques mois pour que cette rencontre historique ait lieu.
Cette entrevue inédite a pu se réaliser grâce à la convergence d’intérêts entre les deux pays: pour le Soudan, les excellentes relations de Binyamin Netanyahou avec l’Administration américaine ont réussi à lui rouvrir les portes de Washington, avec une invitation faite dimanche par le secrétaire d’Etat Mike Pompeo à Abdel Fattah al-Burhan de se rendre à Washington après presque trente ans d’interruption de relations. Le Soudan est sur la liste américaine des “Etats-terroristes” depuis 1993, lorsque l’ancien président Omar El-Bachir accueillit Oussama Ben Laden et d’autres terroriste sur son territoire. Pour le nouveau président soudanais, cette invitation, fruit d’une intercession Binyamin Netanyahou, représente ainsi un important acquis sur le plan de la politique intérieure mais aussi pour sa stature internationale et la reconnaissance de la légitimité de son pouvoir par la communauté internationale.
Côté israélien on veut renforcer les relations avec Khartoum car le Soudan, l’un des plus grand pays arabes, a longtemps été sous influence iranienne et a servi de plaque tournante dans la transfert d’armement iranien à destination de la bande de Gaza. On se souvient “d’attaques aériennes mystérieuses” sur le territoire soudanais contre des convois, des entrepôts d’armement en transit ou en mer Rouge contre des cargos iraniens faisant route vers ou depuis le Soudan. Par ailleurs, une normalisation avec ce grand pays arabo-musulman, peut-être l’une des plus hostiles à Israël il y a quelques années encore, pourrait faciliter des démarches identiques avec d’autres pays arabes. Après la rencontre, le bureau du Premier ministre a publié un communiqué dans lequel il est dit: Le Binyamin Netanyanou est convaincu que le Soudan évolue vers une voie nouvelle et positive et que le général Abdel Fattah al-Burhane désire aider son pays à se moderniser en mettant fin à son isolement international”.
A l’issue de cette longue entrevue dont aucune photo n’a été publiée, les deux dirigeants ont convenu “d’entamer une coopération qui devra mener à une normalisation des relations entre les deux pays”.
Colère noire à Ramallah et à Gaza
Quelques jours à peine après l’annonce du Plan Trump en présence d’ambassadeurs de trois pays arabes, cette rencontre est un deuxième coup de massue sur la tête des organisations terroristes de Ramallah et de Gaza, qui voient le “soutien inconditionnel” des pays arabes à leur cause fondre comme neige au soleil. Le secrétaire-général de l’OLP, Saeb Erakat parle d’un “couteau planté dans le dos du peuple palestinien” et dénonce “une rencontre qui déroge à l’Initiative de paix arabe au moment où les Palestiniens font face au Plan Trump”.
A Gaza, le Jihad Islamique armé et financé par l’Iran a publié un communiqué de condamnation après l’initiative du président soudanais qui selon l’organisation terroriste “ne représente aucunement l’état d’esprit et la volonté du noble peuple soudanais qui soutient le peuple palestinien”.
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Cette rencontre historique et ce qu’elle laisse entrevoir est une pierre de plus dans le jardin de tous ceux qui clament depuis des décennies que l’amélioration des relations entre le monde arabe et Israël dépendra exclusivement de la solution de la “question palestinienne”. Ce fut aussi la doctrine de l’Administration Obama et c’est celle des candidats démocrates à l’élection de novembre prochain. C’est au contraire une victoire de plus pour la doctrine de Binyamin Netanyahou qui martèle invariablement que ce sont les intérêts diplomatiques, économiques et stratégiques qui priment dans les relations entre Etats. Or, Israël est aujourd’hui une puissance incontournable avec laquelle il est bénéfique d’avoir de bonnes relations dans de nombreux domaines et face à laquelle le soutien à la cause factice “palestinienne” pèse de moins en moins.
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