Nous associons en général la fête de Rosh Hashana à la Création du l’Univers.
Mais les rabbins du Talmud nous font remarquer qu’en fait la création du monde commença le 25 du mois d’Eloul. Il en résulte donc que le premier Tichri, le jour du Nouvel An, c’est l’être humain -finalité de l’univers- qui fut créé.
C’est en effet grâce à l’homme, seul être doué du libre arbitre que la vie dépasse le stade minéral, végétal et animal pour atteindre la phase éthique et historique. Et la Torah de préciser : « Ceci est l’Histoire des générations de l’Humanité… lorsque Dieu créa l’homme, Il le fit à sa ressemblance ».
Ainsi donc, nous ne commençons pas le dénombrement des années à partir de l’apparition de la matière mais bien à partir du moment où la conscience se manifesta pour la première fois dans l’homme.
EN TOUTE CONSCIENCE
En fixant pour unité primaire du temps la journée de vingt-quatre heures, le Créateur a voulu donner à l’homme un modèle. «Et Dieu considéra que c’était bien, ce fut soir, ce fut matin, et c’était bien».
Les journées sont un phénomène qui se répète et qui se renouvelle toutes les 24 heures. Grâce à nos bonnes décisions et nos actions, notre existence peut se muer en une vie morale et dépasser les contingences naturelles.
Dans leur ensemble tous les jours se ressemblent mais pris individuellement chaque journée, chaque être humain est unique.
Le jour – YOM- puise sa force d’une mer – YAM- de possibilités qui jaillissent des profondeurs de nos consciences.
Tichri, le septième mois du calendrier hébraïque est semblable au Chabbat.
CHANA (année) peut être une simple répétition ( CHENI ) ou un changement (CHINOUY) prolifique.
Le mois de Tichri est donc consacré à l’action sociale et à la solidarité, à l’introspection et à la prière pour culminer par la joie et l’optimisme qui nous permettra d’aborder l’année nouvelle. Tichri est donc l’occasion de sortir de notre routine quotidienne et de nous ressourcer spirituellement.
Il y a d’abord Roch Hachana dont les émouvantes prières et la sonnerie du Chofar nous incitent à l’amélioration de notre comportement moral.
Puis viennent les Dix Jours de Techouva et le Jeûne de Kippour –le Grand Pardon.
Les Rabbins du Talmud enseignent qu’a l’issue de Yom Kippour, les fidèles doivent être emplis d’une immense joie. Effectivement, Roch Hachana est célébré pendant deux jours et le jeûne de Yom Kippour dure 26 heures.
Mais la finalité est la fête de Soukot – le temps des réjouissances qui s’étend sur 8 jours.
L’enseignement est clair : les journées austères sont une préparation et le moyen d’arriver à la plénitude qui s’exprime par la joie et le bonheur de vivre dans la Souka, sous la protection divine.
Le mois de Tichri est aussi l’occasion pour nombreux de nos frères de retrouver le chemin de la synagogue. Celle-ci a une triple fonction. C’est un Beth Tefila, une maison de prière ; un Beth Hamidrash, une maison d’étude (d’où l’expression populaire – « shoule » (école) ); c’est enfin un Beth Hakenesset, une assemblée, un lieu de rencontre. Un centre communautaire, dirions-nous aujourd’hui.
L’étude de la Torah, la prière et la Guemilout hassadim (l’action sociale concrète) sont les bases de toute communauté juive bien organisée.
Roch Hachana signifie littéralement la « tête de l’année».
Rien n’est laissé au hasard dans la tradition juive. La tête est le siège de l’esprit. Dès le début de l’année, le Judaïsme a voulu mettre l’accent sur l’importance de l’étude et de la réflexion dans notre vie quotidienne.
Roch Hachana est plus qu’un simple jour de l’an et un réveillon familial. Cette fête est également appelé « Yom Hazikaron-le jour du souvenir ». Nous touchons là à un des aspects les plus importants du Judaïsme. La Torah est très attachée au passé parce que c’est un gage de progrès et d’avenir
Nous évoquons souvent Abraham, Isaac et Jacob. Pourquoi aller si loin? Il y a tant de personnages illustres dans l’histoire millénaire du peuple juif. Il y a également des personnalités contemporaines illustres.
RETOUR
Si nous nous retournons vers nos sources. Ce n’est pas du tout pour refuser le progrès. Bien au contraire ! Le judaïsme a contribué et contribue encore aujourd’hui au progrès de l’humanité toute entière. La Bible a enseigné à toute l’humanité les bases morales de la civilisation.
Comme le disait Edmond Fleg : « Le Judaïsme est à la fois le plus ancien et le plus moderne des messages ».
A Roch Hachana en écoutant le Chofar nous entendons l’appel des prophètes et l’appel de notre conscience…
Tout ceci ne sera vrai que si nous intériorisons cet appel et cet enseignement du Chofar. Un son strident sans parole. Car il y a des réflexions, des intuitions qui dépassent les mots.
Les bonnes résolutions prises à Roch Hachana et à Yom Kippour doivent se vivre concrètement tout au long de l’année.
Un corps sans tête est un corps inerte. S’il veut progresser, le Judaïsme ne peut se réduire à trois journées par an. Il doit se prolonger dans la joie et l’optimisme de Soukot et de Simhat Tora tout au long de l’année.
C’est ainsi que l’on se prépare à une Chana Tova, une bonne et heureuse année que nous vous souhaitons de tout cœur.
RAV YAACOV SPITEZKI = 054 239 97 91
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