C’était il y a un an, le 29 octobre au soir. Alors que le Rav Yehouda Glick, président du Centre pour l’héritage du Har Habayit, sort d’une conférence sur le Mont du Temple, il est pris pour cible par un terroriste arabe de Jérusalem-Est. Ce dernier lui tire quatre balles dans la poitrine avant de fuir, laissant le Rav Glick dans un état critique. Retrouvé quelques heures plus tard par les forces de sécurité, le terroriste est tué lors de son arrestation. Sa motivation ne fait aucun doute, avant de tirer, il dit au Rav Glick : « Je suis désolé, je suis obligé de faire cela, tu es un ennemi d’Al Aqsa ». Contre toute attente, le Rav Glick se remet de ses blessures. Un an plus tard, il a tenu à remercier D’ieu pour ce miracle en tenant une « seoudat odaya » au merkaz Begin, l’endroit même où s’est déroulé l’attentat. À la lumière des évènements récents, LPH a interrogé cet amoureux du Har Habayit, celui qui a fait de l’accès libre aux Juifs à ce lieu saint, la mission de sa vie.
Le P’tit Hebdo : Comment vous sentez-vous au bout de cette année difficile ?
Rav Yehouda Glick : Cette année n’a pas été difficile ! C’était une année fabuleuse : j’ai reçu la vie en cadeau, Hachem m’a étreint. Je ne célèbre pas l’année de l’attentat contre moi, mais l’anniversaire de mon sauvetage. Plus de 1000 personnes étaient réunies pour remercier D’ieu. Je suis revenu à la vie, même le directeur de l’hôpital Shaare Tsedek a insisté sur le caractère exceptionnel de mon rétablissement. Je pense que l’on devrait davantage faire des « seoudot odaya ». Les demandes de tehilim pleuvent lorsqu’une personne est blessée ou malade, ces mêmes chaînes devraient exister pour informer d’une seoudat odaya lorsque l’issue est heureuse. Physiquement, je ne suis pas remis à 100%. J’ai encore des difficultés respiratoires, notamment. Mais je m’efforce de tout faire comme un homme normal. Je fais tous les efforts possibles, les médecins m’entourent et m’encouragent beaucoup : plus j’en fais, mieux ce sera pour moi.
LPH : Quelles leçons tirez-vous de cet attentat au regard de vos activités concernant le Har Habayit ?
Rav Y.G. : La plus grande leçon est dans l’esprit de Pourim : « Venaafo’h Hou ». Le terroriste qui m’a agressé voulait me tuer pour ce que je défendais. Il voulait faire disparaître l’attachement que les Juifs portent au Mont du Temple. C’est l’inverse qui s’est produit. Beaucoup de gens se sont rapprochés de ce lieu, justement parce qu’ils y ont été sensibilisés après l’attentat dont j’ai été victime. Aujourd’hui je me félicite que Har Habayit soit au cœur de l’agenda, que l’on comprenne plus que jamais l’importance de notre présence sur ce lieu.
LPH : Est-ce cette prise de conscience et le fait que des Juifs montent sur le Mont du Temple qui seraient à l’ origine de la vague de violence actuelle ?
Rav Y.G. : Har Habayit est le cœur du conflit. Les Arabes ne veulent pas que nous y revenions. Ceci dit, évidemment, il n’y a aucun lien entre le fait de monter sur place et les attentats. Nous savons bien que l’antisémitisme arabe existe depuis bien longtemps.
LPH : Comprenez-vous que l’on demande aux Juifs de ne pas monter sur le Mont du Temple jusqu’à ce que les esprits se calment ?
Rav Y.G. : Non, cela revient à encourager la terreur, a récompenser le terrorisme ! C’est comme si on nous disait : « le temps que tout cela se calme, faisons Avoda Zara » ! De tous temps des Juifs sont morts pour sanctifier le nom de D’ieu, il y a des choses auxquelles nous ne pouvons pas renoncer, à aucun prix. Nous devons être forts.
LPH : L’idée de ne pas monter sur le Har Habayit a aussi des fondements hala’hiques, selon un grand nombre de Rabbins. Le Grand Rabbinat d’Israël l’interdit. Sur quoi vous basez-vous pour y aller ?
Rav Y.G. : Sur la Michna, sur la Guemara. Il n’y a aucun problème à se rendre sur le Mont du Temple, en état de pureté (après s’être trempé au mikve) et dans certains endroits. Je suggère que vous demandiez plutôt à ceux qui l’interdisent quelles sont leurs sources.
LPH : Le statu quo sur le Mont du Temple est-il vraiment menacé ?
Rav Y.G. : Ce statu quo est intenable. Il génère beaucoup trop de frictions. Il faut que nous parvenions à un accord. Cela ne dépend que de nous. Prenez l’exemple du Caveau des Patriarches, au départ aussi les Arabes ne voulaient pas y laisser les Juifs. Si nous sommes forts, si nous ne montrons aucun signe de faiblesse, nous pourrons parvenir à un accord aussi sur le Har Habayit.
LPH : Vous accepteriez la présence des Musulmans et de mosquées sur le Mont du Temple dans le cadre d’un tel accord ?
Rav Y.G. : Si leurs prières ne consistent pas à jeter des pierres alors oui. Nous prions tous un seul D’ieu, c’est cela le plus important. Je pense que beaucoup de Musulmans comprennent ce qui se joue et seraient favorables à une solution commune. Il y a des volontés.
LPH : Un accord sur le Mont du Temple signifierait-il la paix pour notre pays ?
Rav Y.G.: Oui. C’est la clé de tout.
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Photo: Israel Breaking News