Le Rav Eliahou Marciano s’est fixé comme mission de recueillir et de transmettre ce qui fait le patrimoine traditionnel des Juifs d’Afrique du Nord. LPH vous propose de découvrir ce personnage et son œuvre.
Bercé par les traditions
Le Rav Eliahou Marciano est né à Debdou, dans l’est du Maroc, près de l’Algérie. Enfant déjà, il est exposé non seulement au judaïsme marocain mais aussi à celui de l’Algérie puisque son père y exerce comme enseignant et sho’het dans plusieurs communautés. »Je suis imprégné par la communauté où je suis né mais aussi par le judaïsme algérien », nous dit-il.
Le judaïsme algérien, il le décrit comme étant très attaché aux traditions mais assez éloigné de l’étude: »L’influence de la colonisation française s’est beaucoup faite ressentir dans ces contrées. Il y avait des talmudé Torah et même une école rabbinique à Alger, mais dans l’ensemble les Juifs algériens n’étaient pas toraniques ». En revanche, il insiste beaucoup sur le fait que pour ces derniers la préservation et la perpétuation des traditions sont demeurées primordiales.
Perpétuer les œuvres de nos Sages
Le Rav Eliahou Marciano étudie à la yeshiva en France, puis il fait son alya au lendemain de la Guerre des Six Jours. »J’ai reçu le diplôme de Rav mais je n’ai pas voulu exercer en tant que Rav de quartier. J’ai tenu à agir pour sauvegarder nos traditions que je sentais menacées », nous raconte-t-il. Il commence alors des recherches titanesques pour recenser les Grands Sages d’Algérie et pour perpétuer le souvenir de la communauté qui l’a vu naître, Debdou.
L’un de ses ouvrages phares est celui, intitulé en hébreu »Mal’hé Yeshouroun » et traduit en français sous le titre: »Les Sages d’Algérie ». »Ce recensement a demandé quatre années de travail intensif. Dans cette encyclopédie, sont inscrits plus de 930 érudits d’Algérie ».
Ce recueil a suivi l’exemple de ceux déjà publiés sur les Grands Sages du Maroc et de Tunisie. Il paraissait indispensable au Rav Marciano de montrer que l’Algérie avait aussi porté des grands en Torah. »Le judaïsme d’Afrique du Nord ayant été totalement déraciné, il est fondamental de rappeler ces personnages et leurs œuvres. Nous constatons que notre patrimoine se perd, parce que nous vivons dans une société qui veut faire une »salade » de toutes les traditions. Nous risquons ainsi de perdre nos racines ».
Vivre ensemble avec de solides racines
Le Rav Marciano dit comprendre ce besoin de rassembler et de ne pas construire de remparts entre les communautés. »Mais nous devons être vigilants pour que nos racines restent solides. C’est une mitsva pour les parents de raconter les minhaguim à leurs enfants et de les perpétuer à la maison, à la synagogue ».
D’ailleurs, le Rav nous informe que le Shabbat Vaye’hi, se déroule, comme chaque année, ce que la tradition, répandue en Algérie, appelle »Shabbat Birkat Hashevatim ». »Lorsque l’on arrive à la bénédiction donnée à Yehouda, ce passage est lu en hébreu, en araméen et en judéo-arabe. A Alger on le traduisait même en français. On chante avant la montée à la Torah et à l’issue de l’office on offre un kiddouch avec un Dvar Torah sur les messages des bénédictions contenues dans la paracha ».
Il nous invite à venir partager cette tradition dans la synagogue Zohar Mihal de Har Homa ou de la faire revivre chacun dans son lieu de prières.
Pour se procurer l’ouvrage »Malhé Yeshouroun »:
02-537-22-65
Photo: World Sephardic Library
Guitel Ben-Ishay