Le Talmud (Béh’orot 30b) enseigne : « On ne peut pas convertir un non-Juif qui accepte toute la Torah, hormis un seul enseignement ». Et rabbi Yossi fils de rabbi Yehouda dit : « et même si cet enseignement est un détail ordonné par les Sages ».
Dans un passage bien connu du Talmud (Chabbat 31a), les Sages relatent l’histoire de trois non-Juifs qui se sont présentés devant Chamaï et Hillel pour se convertir. L’un demandait à apprendre un condensé de la Torah le temps de se tenir debout sur un pied, l’autre voulait accepter la Torah écrite mais non la Torah orale, et le troisième désirait se convertir à condition d’être désigné comme Grand-Prêtre. Chamaï les a repoussés. Effectivement, ils se sont présentés avec des conditions assez inacceptables. La réaction de Chamaï paraît logique, et bien d’autres personnes aujourd’hui auraient réagi comme lui. Cependant, de son côté, Hillel fit preuve de grande patience et les accepta. Comment comprendre la position d’Hillel ? Nous avons cité le Talmud qui exige l’engagement complet du candidat à la conversion envers les lois de la Torah.
Rachi explique que Chamaï a réagi selon l’enseignement classique qui prétend que l’on ne peut convertir un candidat qui émet une restriction à son acceptation. Quant à Hillel : « Il avait l’assurance qu’au bout du compte, il pourrait amener ce candidat à adhérer à l’intégralité de la Torah ». L’enseignement de Rachi se réfère à celui qui ne voulait s’engager qu’envers la Torah écrite, mais il est valable aussi pour les deux autres cas mentionnés. Nous pouvons de même appliquer ce principe de confiance envers la possibilité de faire progresser le converti à de nombreux cas actuels.
Rachi continue d’expliquer : « Car cet homme ne rejetait pas (Kofer) la Torah orale, mais ne croyait pas (Maamin) qu’elle était d’origine Divine. Et Hillel était convaincu qu’après son enseignement ce non-Juif lui ferait confiance ». Il voyait que l’homme n’était pas un renégat qui avait approfondi et étudié la question au point de rejeter la Torah orale. Sil n’y croyait pas, c’était par simple ignorance, et par son enseignement Hillel pourrait l’amener à accepter toute la Torah (selon l’explication du Rachach sur Rachi).
Ces dernières années nous avons entendu parler de propositions de lois qui devaient « révolutionner » la conversion en Israël. Selon les « spécialistes » en la matière, le problème semblait être la rigueur des juges rabbiniques, du Grand Rabbinat d’Israël, et le manque d’ouverture vis-à-vis des convertis. Des convertis et d’autres personnes proches d’eux affirment que la réticence que beaucoup ressentent à entreprendre un processus de conversion vient plutôt du fait que la tranche religieuse de la société israélienne ne se sent pas assez concernée pour s’engager à aider ces candidats à la conversion. En toute connaissance du domaine de la conversion en Israël, nous pouvons affirmer que l’approche des tribunaux de conversion est tout à fait dans le sillon d’Hillel.
Même si des personnes viennent avec des idées erronées, mais avec de bonnes intentions, c’est avec patience qu’elles seront aidées à apprendre et à progresser jusqu’à arriver à l’acceptation complète de la Torah et des Mitsvot.
Rav Avraham SELLEM
Directeur de l’oulpan Guiour Francophone de Jérusalem.
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