Lors de la soirée avec la Rabbanite Yemima Mizrahi, ce motsaé Shabbat Bechala’h, les participantes ont pu découvrir avec émotion une jeune fille venue témoigner sa reconnaissance envers l’association Yad Leahim. Elle nous livre ici quelques éléments de son histoire, huit ans de souffrances qui, aujourd’hui encore, quatre années après son sauvetage font couler les larmes de ses yeux.
« J’avais 24 ans, je travaillais à Tel-Aviv. Tous les jours, je passais par la rue Allenby pour aller au travail. Tout a commencé lorsqu’un jeune homme, qui venait d’ouvrir un commerce, m’a dit bonjour tous les matins avec une grande amabilité. Il a fini par se présenter : il disait s’appeler Tal et il n’avait pas du tout l’air arabe. Il m’a proposé de sortir avec lui. Tous ses amis étaient juifs et l’appelaient Tal. Au bout de quatre mois, il m’a avoué qu’il était « moitié-moitié » : une mère juive et un père arabe. Pour moi, il n’y avait aucun problème, sa mère était juive, donc lui aussi. Au bout de sept mois, nous avons décidé de prendre un appartement ensemble. Quelques instants avant de signer les papiers, sachant qu’il allait devoir présenter sa teoudat zeout, il m’a avoué qu’en réalité, il s’appelait Tahal et que ses parents étaient musulmans. Mais à ce moment, je l’aimais et cela m’était égal. Il était si gentil avec moi !
Je suis rentrée chez moi et j’ai tout raconté à mes parents. Mon père s’est mis en colère et m’a dit qu’il ferait « shiva » pour moi si je partais avec ce garçon. Ma mère aussi était contre, mais nous avons gardé le contact. Nous avons emménagé dans un mochav où ne vivaient que des Juifs. Personne ne savait qu’il était arabe. Nos quatre premières années de mariage ont été idylliques. Nous avons eu trois enfants, il m’a laissé choisir leurs prénoms, un mohel leur a fait la brit mila.
Mais progressivement pendant ces quatre années, insidieusement, il m’a coupée de tout mon entourage. J’ai arrêté de travailler, je ne sortais plus avec mes amies. Il a commencé à rentrer très tard le soir. Je lui manifestais mon mécontentement. Et il enrageait en cassant tout dans la maison. Puis un jour, c’est moi qu’il a commencé à casser. Les coups n’arrêtaient pas, pour un mot, pour une chemise mal repassée ou pour un repas pas encore prêt. Il me frappait jusqu’au sang. Ce qui me maintenait consciente malgré la force des coups, c’étaient les pleurs de mes enfants, je devais tenir pour eux. J’ai commencé à comprendre que je devais partir. Mais j’avais trop peur. Il m’a menacée de s’en prendre violemment aux enfants, à mes parents, à ma famille, si je tentais d’approcher la police ou qui que ce soit.
Une nuit, j’étais seule devant mon ordinateur et j’ai découvert Yad Leahim. Mais j’avais peur de me tourner vers eux. Alors tous les soirs je pleurais et je priais D’ pour qu’Il me prenne, pour que je meurs dans mon sommeil. Mais je me suis raisonnée pour mes enfants. Un jour, j’ai trouvé le courage d’appeler la police depuis le gan de mon fils. Profitant du fait qu’il dormait souvent jusqu’à 17h… J’ai rencontré un officier de police et j’ai dénoncé les trafics de drogue dans lesquels il trempait activement. Le jour même, j’ai trouvé de la drogue chez moi, j’ai contacté à nouveau la police. L’après-midi ils sont venus l’arrêter. J’ai tout de suite appelé Yad Leahim. Mon deuxième appel a été pour mon père. Il est arrivé dans la demi-heure : « Je donnerais ma vie pour toi, promets-moi de rester avec nous », m’a-t-il dit.
« Yad Leahim nous a pris en charge, mes enfants et moi. Ils ont été et sont toujours une famille pour nous. Leur soutien nous a permis de reprendre une vie normale, ce qui a été très long et difficile ».
Aujourd’hui, cette jeune fille vit avec ses trois enfants près de ses parents et a un travail. L’homme qui l’a tant fait souffrir a passé un an et demi en prison pour trafic de drogue. Il est désormais libre, mais ses plaintes contre lui pour violence ont été rejetées faute de témoins et de dates précises auxquelles se seraient déroulés les faits… Quoi qu’il en soit, elle n’en a plus peur, c’est lui qui n’ose plus l’approcher. Elle parcourt le pays avec Yad Leahim pour raconter son histoire, elle accompagne les filles qui vivent la même chose qu’elle et parvient même à éviter ces problèmes à certaines. Parce que ce qui compte pour elle, c’est que « aucune fille juive ne souffre comme j’ai souffert ».
Pour aller plus loin :
Yad Leahim
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https://donate.yadlachim.org/fr/?ref=lphinfo
Témoignage recueilli par Guitel Ben-Ishay