”So French, so good”, c’est ainsi que l’Institut français a baptisé la semaine de la gastronomie française qui se tient cette semaine en Israël. Il s’agit, pour le moins, d’un phénomène intéressant: la nourriture, le vin français s’importent sur notre terre et s’imposent de plus en plus sur de nombreuses tables israéliennes, francophones ou non, d’ailleurs.
LPH a creusé le sujet: qui sont ceux qui participent à la pénétration des produits français en Israël? Peut-on parler d’une culture gastronomique française dans notre pays? Qui sont les amateurs de cette cuisine? Découvrez-en quelques exemples…
A la racine des grands vins: la France
Menahem Israelievitch est directeur général de Royal Wine Europe, appartenant au grand groupe Royal Wine Corp., dirigé aujourd’hui par la Famille Herzog, plus grand producteur, importateur et distributeur de vins cachers au monde.
A l’heure où les vins israéliens connaissent leur heure de gloire, il nous explique le processus de fabrication des grands crus cachers et nous dit pourquoi ils s’importent toujours bien en Israël.
Le P’tit Hebdo: Vous produisez des vins au grand nom. Quelle est la différence avec leur version non cacher?
Menahem Israelievitch: Pour la fabrication d’un vin cacher, toutes les étapes, depuis la réception des raisins dans la cave, jusqu’à sa mise en bouteille, doivent être exclusivement effectuées par un Juif. Ce machguia’h fait le travail du caviste. Ce dernier lui donne les instructions, mais il ne touche jamais rien. En conclusion, le vin est le même, la qualité est identique, mais le non-Juif n’est pas intervenu directement.
Lph: On note également une différence de prix….
M.I.: Oui, elle s’explique très logiquement. La production d’un grand vin prend beaucoup de temps, au minimum deux ans. Tous les jours pendant les vendanges, notre machguia’h est sur place, puis toutes les semaines pendant les deux années. La version cacher est donc plus couteuse à réaliser.
Lph: La production cacher est-elle importante en France aujourd’hui?
M.I.: Je travaille avec les différentes winemakers de 25 châteaux. Parfois nous produisons 5000 bouteilles, parfois 10000, cela dépend du vin. Nous sortons également un champagne Baron de Rotschild cacher, qu’il a fallu quatre ans pour obtenir. A titre indicatif, on peut citer certains des grands châteaux “Cru Classé” que nous produisons en cacher à Bordeaux: Château Leoville Poyferre, Saint Julien, Château Moulin Riche, Château Giscours, Margaux, Château Malartic Lagraviere, Château Grand Puy Ducasse, Pauillac, Château Le Crock, Saint Estephe.
Nous travaillons dans plusieurs régions de France: Bordeaux, Languedoc, Cognac, Loire et Champagne.
Lph: Comment se passent vos relations avec les directeurs de châteaux? Voient-ils d’un bon œil la coopération avec les Juifs?
M.I.: Au début, certains sont surpris, voire curieux. En effet, ce n’est pas toujours simple d’accepter qu’un étranger s’introduise dans votre cave et soit dans les petits secrets. Parfois, certains refusent. Mais avec 20 ans dans le métier, j’arrive à les rassurer, notre réputation nous précède.
Concernant l’ambiance de travail, nous ne rencontrons aucun problème. Au lendemain de l’attentat contre l’Hypercacher, j’ai même reçu plusieurs coups de téléphone et message de soutien de directeurs de châteaux et d’œnologues.
Lph: Les vins israéliens sont de très haute qualité aussi. Quelle est la place des vins français importés sur le marché israélien?
M.I.: Nous importons depuis plusieurs années en Israël. Il est vrai qu’en Israël mais aussi aux Etats-Unis, notamment, les vins israéliens ont pris une place importante. D’abord parce qu’ils sont effectivement de bons vins et ensuite parce qu’acheter israélien est un acte sioniste.
Ceci dit, le vin français a ses inconditionnels et ils sont aussi de plus en plus nombreux en Israël. Les Israéliens sont très exigeants, ils veulent le meilleur. Et nous ressentons aussi l’augmentation de l’alya française. Depuis 4 ou 5 ans, de plus en plus de Français vivant en Israël veulent leur bouteille de grand cru français. Il y a quelques années, nous importions 2 ou 3 références, aujourd’hui on en propose une vingtaine.
Le marché israélien est très dynamique. Nous organisons prochainement une dégustation à Tel Aviv, nous faisons venir à cette occasion des propriétaires de châteaux français. Ils sont éblouis par la vivacité du marché israélien.
Ceci étant, je ne considère pas qu’il y ait une concurrence sur le marché du vin, chaque vin a ses propriétés, son identité.
Degustation le 22/02, Tel Aviv
contact@grape-man.com | 03-5180533 |
Pour plus de renseignements : 03-6183937
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay