Aussi insolite que cela puisse paraître, des délégations égyptienne et du Hamas se sont rencontrées…à la demande d’Israël ! L’intention israélienne est claire : « réconcilier » les deux parties afin d’écarter le Hamas des griffes de la Turquie d’Erdogan qui abrite et soutient depuis longtemps l’organisation terroriste mais qui a décidé de resserrer encore davantage son emprise – ainsi que sur l’Autorité Palestinienne – suite à la signature des accords de normalisation entre Israël et des Etats du Golfe.
L’Egypte et la Turquie sont à couteaux tirés à cause du soutien de Recep Erdogan aux Frères Musulmans et la tension entre les deux pays est montée d’un cran avec l’ingérence turque en Libye et la présence militaire turque dans l’est du pays, près de la frontière égyptienne. Par ailleurs, le Hamas s’est aussi rapproché de l’Iran au point que son chef, Ismaïl Hayneh, est interdit de retour dans la bande de Gaza par l’Egypte depuis dix mois pour avoir assisté aux funérailles du général Qassem Suleiman à Téhéran au mois de janvier dernier. Une autre ligne rouge franchie par l’organisation terroriste.
Le Hamas a tenté de maintenir les deux fers au feu, avec le Caire et Ankara, mais pour les Egyptiens, il n’en est pas question, se sentant trahie par le Hamas qui lui a préféré un autre parrain, notamment pour les tentatives de « réconciliation » inter-palestinienne. Face à l’attitude ferme des Egyptiens, c’est Israël qui est donc intervenu à plusieurs reprises auprès des autorités égyptiennes pour leur demander d’assouplir leur position et de « reprendre langue » avec le Hamas.
Malgré ce scénario ubuesque, l’intérêt d’Israël est évident : le Caire jour un rôle modérateur envers le Hamas pour tout ce qui a trait aux questions de sécurité et des disparus. A l’inverse, Recep Erdogan pousse le Hamas vers plus d’intransigeance et de violence.
Photo Mohamed Al-Ostaz