Trois journalistes ont été convoqués ce matin (jeudi) par la police pour être entendus en qualtié de témoins dans l’affaire du Qatargate. Ils ne sont pas suspects.
Il s’agit de Nir Dvori, le correspondant militaire de N12, Shirit Avitan, la correspondante politique d’Israël Hayom et Suleiman Maswadeh, le correspondant politique de Kan 11.
La convocation de ces journalistes vise à savoir si Feldstein et Urich, les deux principaux suspects, leur ont demandé de diffuser des messages pro-Qatar dans leurs médias respectifs.
Shirit Avitan a annoncé sur son compte X sa convocation en se demandant si en Israël, le secret des sources, principe fondamental du journalisme, était encore respecté. Plusieurs journalistes ont estimé que ces convocations de journalistes représentaient une pente glissante qui n’a pas sa place dans une démocratie.
Rappelons que Tsvika Klein, le rédacteur en chef du Jerusalem Post, est suspecté d’être impliqué dans l’affaire et a été placé en détention à domicile. Son téléphone lui a été confisqué et ce sans qu’aucun mandat n’ait été délivré par la justice, selon les informations rapportées. Par ailleurs, la conseillère juridique du gouvernement a refusé de confirmer si elle avait autorisé l’arrestation du journaliste.
Plusieurs voix se sont élevées contre le traitement fait au journaliste. Benny Gantz a ainsi déclaré: « L’enquête et encore plus l’arrestation d’un journaliste sont des événements extrêmement rares dans une démocratie, qui ne devraient être entrepris que dans les cas où il existe des soupçons criminels clairs et solides. J’appelle la conseillère juridique du gouvernement et le procureur de l’État à examiner en profondeur la nécessité de l’assignation à résidence du rédacteur en chef du Jerusalem Post, et j’espère qu’ils le feront. L’atteinte potentielle à la liberté de la presse, qui est une valeur fondamentale en démocratie, doit être prise en compte dans la prise de décision. »
Le président du parti Hatsionout Hadatit et ministre des Finances, Betsalel Smotrich, a déclaré à propos de l’arrestation de Klein : « L’arrestation et l’interrogatoire d’un rédacteur en chef de journal constituent un séisme dans une démocratie. Pour une raison quelconque, ceux qui auraient dû condamner ce séisme gardent le silence et révèlent ainsi leur hypocrisie. C’est ce qui arrive quand il s’agit d’un journaliste qui n’a pas ‘les bonnes opinions’ ou dont l’arrestation est liée à une affaire concernant le Premier ministre Netanyahou. »
Le journaliste Amit Segal a, quant à lui, estimé: « La triste conclusion de l’histoire de Tsvika Klein est que les droits des journalistes n’intéressent personne, mais seulement les droits de journalistes spécifiques.
Celui qui a la malchance d’être religieux, ou de travailler dans un journal qui n’est pas le plus grand, ou d’être un anglo-saxon qui ne se mêle pas à la bande, ou tout cela à la fois, ne bénéficiera pas de protection.
L’association des journalistes se réveillera après deux jours de sommeil profond, la conseillère juridique ne prendra pas la peine de répondre aux questions, le conseil de la presse ne dira rien, le président du conseil, l’honorable juge Meltzer, ne s’indignera pas. Si seulement il s’agissait de quelqu’un d’autre, ils auraient remué ciel et terre. »
Ce matin, le tribunal doit statuer sur la prolongation de la détention provisoire de Yonathan Urich et Eli Feldstein dans le cadre de cette affaire.
La police affirme qu’Urich, qui était conseiller extérieur pour le cabinet du Premier ministre, a transmis des messages aux journalistes au nom du cabinet, alors que leur véritable source était une entité qatarie. Au cours de l’audience, le juge a confirmé qu’il y avait de nombreuses publications sur ce sujet.
Pendant l’audience, l’enquêtrice de police, Zohar Erez, a révélé qu’Urich a été interrogé pour savoir s’il avait divulgué des informations classifiées provenant des discussions du cabinet. Selon elle, le Premier ministre Binyamin Netanyahou a également été interrogé dans le cadre de son témoignage pour déterminer si son conseiller avait divulgué des informations confidentielles.
L’avocat d’Urich, Me Amit Haddad, a affirmé que la police exerce une forte pression sur les suspects. Lors de l’audience, Haddad a cité des propos qui auraitent été tenus à Urich pendant l’interrogatoire : « Réfléchis bien, comme ça tu pourras revoir ton enfant dès ce soir » et il lui aurait été alors proposé de collaborer avec le Parquet et de devenir témoin à charge dans cette affaire. L’enquêtrice de police Erez, présente lors de l’interrogatoire, a nié ces allégations.