Le »Qatargate », c’est le nom donné à la nouvelle affaire concernant l’entourage du Premier ministre israélien, Binyamin Netanyahou.
Qu’est-il reproché aux conseillers de Netanyahou?
Certains conseillers de Binyamin Netanyahou sont soupçonnés d’avoir travaillé pour le Qatar pendant ces dernières années afin d’améliorer l’image du pays.
Ainsi, en novembre 2024, le journal »Haaretz » rapportait que Yonatan Orich et Srulik Einhorn, deux des plus proches conseillers de Netanyahou, avaient monté une campagne pour améliorer l’image du Qatar en prévision du mondial de football en 2022. La campagne, menée par la société « Perception » qui leur appartient, visait à présenter le Qatar comme un pays qui recherche la paix et la stabilité, tout en abordant des questions telles que les droits de l’homme, l’attitude envers la communauté gay et la lutte contre le terrorisme.
Ces derniers jours, le journaliste Ofer Haddad (N12) a révélé qu’Eli Feldstein, le porte-parole militaire du Premier ministre Netanyahou, aurait été employé par une société internationale financée par le Qatar, fournissant des services de relations publiques au Qatar. Dans le cadre de ses fonctions, Feldstein a servi d’intermédiaire pour fixer des interviews avec de hauts responsables qataris pour des journalistes israéliens, a fait des annonces officielles au nom de Doha et a diffusé des messages sur l’implication positive du Qatar dans les processus régionaux, notamment dans les négociations pour le retour des otages.
Les mis en cause nient toutes ces accusations et déclarent qu’il s’agit de »fake news ».
Si les faits sont avérés, les conseillers de Netanyahou ont-ils enfreint la loi?
La question de savoir si les conseillers de Netanyahou ont enfreint la loi dépend de plusieurs éléments juridiques et factuels.
1. Si les conseillers de Netanyahou ont agi en faveur du Qatar, un Etat étranger, tout en étant employé au cabinet du Premier ministre ou en faisant usage de leurs liens politiques, il pourrait exister un problème de conflit d’intérêts. Dans ce cas, les conseillers avaient l’obligation de déclarer leurs liens avec le Qatar. S’ils ne l’ont pas fait, cela peut tomber sous le coup de la loi.
2. S’il existe des preuves que les conseillers de Netanyahou ont reçu un financement direct du Qatar, ils pourraient être identifiés comme des »agents étrangers » ce qui soulèverait des questions juridiques.
3. Si les conseillers politiques de Netanyahou ont reçu de l’argent du Qatar d’une manière impliquant une activité politique israélienne, cela pourrait susciter des soupçons de financement étranger illégal, surtout s’il existe un lien entre leurs activités et les décisions du gouvernement.
4. Le Qatar n’est pas défini comme un pays ennemi mais il est celui qui finance le Hamas, ce qui suscite une forte protestation publique en Israël. S’il s’avère que les liens d’affaires entre les conseillers de Netanyahou et le Qatar ont influencé des processus qui ont porté atteinte à la sécurité nationale, l’affaire prendrait un tournant sécuritaire important.
Notons que, pour l’heure, aucune enquête pénale n’a été ouverte contre les conseillers de Netanyahou. Aucune preuve irréfutable ne permet de dire que les conseillers de Netanyahou ont enfreint la loi.
Le Shabak a annoncé hier (samedi) avoir ouvert une enquête pour vérifier les liens entre les conseillers de Netanyahou et le pouvoir qatari. L’enquête se concentre sur un possible système de connexions entre l’entourage proche du Premier ministre, exposé à des informations sensibles, et le gouvernement qatari. Il ne s’agit pas, à ce stade, d’une enquête pénale.
Comment a réagi la classe politique à ces révélations?
Le cabinet du Premier ministre a réagi à l’ouverture de cette enquête en s’étonnant: »Est-ce que le Shabak a ouvert une enquête contre le député Guilad Kariv qui a fait fuiter des informations confidentielles de la commission Affaires étrangères et Sécurité, alors même que cette infraction à la loi date d’il y a un an? Est-ce que le Shabak a ouvert une enquête sur la société »Cinquième Dimension » de Benny Gantz et Ram Ben Barak qui a vendu sans autorisation des données technologiques sensibles au Qatar? ». Le cabinet du Premier ministre affirme que les soupçons qui portent sur les conseillers de Netanyahou sont infondés et sont des »fake news ».
Le chef de l’opposition, Yaïr Lapid, a appelé à une enquête approfondie contre les conseillers de Netanyahou. Il a déclaré que si les soupçons étaient avérés, il s’agirait d’un conflit d’intérêts et d’une atteinte à la sécurité de l’Etat.
Yaïr Golan, le chef du Parti des Démocrates (anciennement parti Travailliste), a demandé l’ouverture d’une enquête pénale pour trahison, en soulignant que les soupçons portent également sur la période de la guerre actuelle.
Benny Gantz s’est félicité de l’ouverture d’une enquête par le Shabak: »L’idée qu’un employé du cabinet du Premier ministre puisse agir en tant qu’agent double devrait empêcher tous les citoyens de l’État d’Israël de dormir. Cette affaire doit faire l’objet d’une enquête approfondie, et le Shabak ainsi que tous les organismes d’enquête doivent publier rapidement leurs conclusions sur le sujet. Contrairement à l’affaire actuelle, la question de la »Cinquième Dimension » a déjà été étudiée et examinée, et il a été constaté qu’il n’y a aucun soupçon contre moi. J’ai cependant une suggestion à faire au personnel du cabinet du Premier ministre : Ils avaient précédemment proposé la création d’une commission d’enquête d’État sur l’affaire de la »Cinquième Dimension ». Je propose que lors de la prochaine réunion du gouvernement, deux commissions d’enquête d’État soient créées: l’une pour la »Cinquième Dimension » et la seconde pour enquêter sur le 7 octobre ».