Parmi les leçons que tirent les uns et les autres de la Shoah, la distinction entre gauche et droite a également une certaine influence. Alors qu’à droite on met l’accent sur la nécessité de combattre sans compromis l’antisémitisme dès la racine, dans certains cercles de gauche on imagine qu’à l’intérieur de chaque israélien se cache un petit nazi potentiel qui pourrait se manifester un jour ou l’autre. Un fossé entre le “plus jamais ça” et le “nous ne devons pas devenir comme eux”. Comme si une telle chose était possible.
La présidente de la Cour suprême Myriam Naor en est un nouvel exemple par les propos qu’elle a tenus mercredi lors de la cérémonie de prestation de serment des nouveaux juges.
Profitant de la proximité de cette cérémonie avec Yom Hashoah elle a établi un parallèle douteux et fait des allusions avec la vie politique actuelle en Israël. Ce qui a provoqué un malaise et pas mal de remous.
Parmi ses propos: “Le respect des droits de l’homme est indispensable à un Etat juif et démocratique. C’est l’âme de la démocratie et c’est l’une des leçons principales de cette période sombre de notre histoire comme peuple, la Shoah (…) Mais une autre leçon de la Shoah est que le gouvernement de la majorité n’est pas forcément synonyme de démocratie. Toute loi votée avec une majorité des voix n’est pas forcément une loi démocratique. L’Histoire nous a appris que si la majorité n’est pas réfrénée elle peut devenir tyrannique. La période nazie nous enseigne qu’une majorité qui nie les droits de la minorité ou qui maltraite les minorités qui vivent en son sein, n’est pas un pouvoir démocratique…”.
Inutile de préciser que la présidente de la Cour suprême a pris prétexte de Yom Hashoah pour viser le gouvernement israélien sans cesse accusé par l’opposition de régner sans partage et de discriminer les minorités. Arguments jamais entendus d’ailleurs lorsque la gauche détenait un pouvoir absolu pendant trente ans au nom de cette même démocratie!
Suite à ces propos, le Mouvement pour la gouvernance et la démocratie a demandé à la magistrate qu’elle revienne sur ses propos et sur sa comparaison indigne: “La volonté de la présidente de la Cour suprême de faire un usage politique de la Shoah et de ses victimes au profit de l’institution qu’elle dirige et pour piétiner le verdict des électeurs doit actionner une sonnette d’alarme en chacun de nous”.
L’avocat Yehouda Amrani, qui représente ce mouvement a rajouté: “C’est au contraire dans l’attitude activiste de la Cour suprême et dans sa volonté d’empiéter sur les compétences des élus du peuple que l’on pourrait déceler un danger pour la démocratie”.
Il y aurait tant de choses à dire sur les leçons à tirer de la Shoah, par exemple que la propagande nazie est aujourd’hui reprise par l’Autorité Palestinienne ou le Hamas. Mais certaines élites frustrées préfèrent ignorer ces signes inquiétants et déceler dans la vie politique israélienne les prémisses d’un régime fasciste.
Il y a un an, c’était le chef d’Etat-major adjoint, Yaïr Golan, qui dans son discours de Yom Hashoah affirmait que la société israélienne commencait à ressembler à l’Allemagne des années 1930!
Photo Yonatan Sindel / Flash 90