A Jérusalem, on dissimule de moins en moins la profonde déception face à ce que l’on hésite plus à qualifier de « capitulation totale » américaine (démocrate) devant l’Iran. Même si en surface, l’Administration Biden affirme « informer » Israël de ce qu’elle entend faire face à Téhéran, afin de ne pas réitérer les erreurs de l’Administration Obama, la direction que prend Washington est claire : un retour à l’accord de Vienne au prix de gestes américains.
Selon des informations qui sont arrivées en Israël, les six pays signataires de l’accord sont proches d’une entente avec l’Iran pour une reprise des négociations en vue d’un retour à l’accord originel. Pour cela, Washington serait prêt à passer l’éponge sur les nombreuses violations iraniennes, et plus grave encore, serait prêt à envisager non seulement une levée progressive des sanctions mais en plus, la mise en place d’un système de compensations financières pour les « préjudices économiques » causés par les sanctions imposées par l’Administration Trump, exigence supplémentaire iranienne. Inutile de préciser quels seraient les effets régionaux d’un retour de milliards de dollars dans l’escarcelle des mollah iraniens.
Autre signe qui ne trompe pas : par des canaux diplomatiques, les Etats-Unis auraient exigé des autorités israéliennes de « se faire plus discrètes » sur la question iranienne, afin de ne pas gêner les efforts pour ramener les Iraniens à la table des négociations. Un ton condescendant qui avait totalement disparu lors de l’ère Trump.
La déception qui s’exprime en Israël est doublée d’une consternation face à ce qui est vu comme de la naïveté américaine. Des sources gouvernementales ont souligné que le « plan » américain de revenir dans un premier temps à l’accord de 2015 puis, dans un deuxième temps, de négocier un accord au spectre plus large et plus contraignant est totalement voué à l’échec. « Dès le moment où les Américains seront revenus à l’accord de 2015, ils auront perdu le dernier levier de pressions sur Téhéran qui refuse catégoriquement de traiter d’autres aspects que ceux contenus dans l’accord originel » dit avec raison un diplomate qui rajoute que cette promesse américaine « est au mieux de la naïveté et au pire, un mensonge ».
Il ne faut pas oublier que Joe Biden est totalement dépassé par les événements et que ceux qui sont responsables du dossier iranien sont les mêmes qui occupaient déjà les postes-clé dans l’Administration Obama et étaient des fervents d’un accord avec l’Iran et de l’axe chiite, à l’image de Rob Malley et Wendy Sherman.

Dimanche matin, l’ancien n°2 du Mossad, Ram Ben Barak, aujourd’hui député Yesh Atid, a lui-aussi dénoncé ouvertement l’attitude de la nouvelle administration américaine, estimant que les Etats-Unis devraient se comporter envers l’Iran en tant que puissance et non en tant que partenaire de même niveau. « Il faut montrer aux Iranien qu’il existe une autre option que la diplomatie », résume Ben Barak, alors que les Etats-Unis de Joe Biden avancent à pas de géant dans la direction inverse.
Photo Wikipedia