A l’heure où ces lignes sont écrites, la plus grande incertitude règne quant à l’issue du scrutin dans l’élection présidentielle américaine. Mais quel que soit le résultat, il est indéniable que ce que l’histoire retiendra de cette campagne électorale sera la trajet réalisé par un candidat que personne ne voyait non seulement remporter les primaires mais faire jeu égal avec la candidate démocrate. Le « phénomène Trump » sera à n’en pas douter un sujet d’études en sciences politiques.
Parmi ceux qui tentent d’apporter une explication à ce phénomène, il y a le Professeur Asher Cohen, professeur en Sciences politiques à l’Université Bar-Ilan et candidat aux primaires du parti Habayit Hayehoudi lors des dernières élections.
Dans un article intitulé « Trump a déjà gagné« , Prof. Cohen explique que peu importe s’il remporte ou non l’élection, Donald Trump aura gagné par le fait qu’il aura fait démentir tous les pronostics ou presque et aura entraîné derrière lui la moitié de la population américaine.
A quoi est-ce dû? Au-delà de ses coups de gueule et de son langage parfois outrancier, Donald Trump représente aux yeux de très nombreux américains l’antidote au pouvoir du « politically correct » imposé comme une chape de plomb par l’Administration Obama et les cercles libéraux et radicaux en général. Pour le Prof. Cohen l’exemple le plus édifiant à cette mode aura été le refus du président américain – refus transformé en directives contraignantes pour toute l’Administration – d’associer les mots « terrorisme » à « Islam » en dépit des réalités criantes.
Le Prof. Cohen explique alors que nous vivons une époque qu’il dénomme « post-factuelle », qui se caractérise par le fait que la théorie, l’idéologie et les idées préconçues ont priorité sur les faits et la simple réalité sur le terrain. Cette « mode », nous explique Prof. Asher Cohen s’illustre de manière magistrale dans le tous les débats où il est question du « rapport à l’Autre ». L’idéologie progressiste et libérale a partagé le monde en deux groupes: les « dominants » qui sont oppresseurs par nature, et les opprimés, victimes par nature, quoi que fassent réellement les uns et les autres.
Et ainsi, les rapports et les jugements de valeur dans la société seront toujours fonction de ce découpage: l’Autre, la ‘victime’ aura toujours raison quoi qu’il arrive: l’étranger aura toujours raison face à l’autochtone, l’homme de couleur face l’homme blanc, l’ouvrier face au patron, le délinquant face au policier, l’élève face à l’enseignant, l’enfant face au parent, l’Arabe palestinien face à l’Israélien, le Musulman face au Chrétien, la femme face à l’homme etc.
A divers degrés, les tenants de l’idéologie post-factuelle estiment qu’il est donc légitime que les opprimés désignés s’en prennent aux oppresseurs, et que les premiers ne doivent pas être soumis à la responsabilité ou aux obligations morales étant donné leur statut de « faibles ». Les crimes et horreurs commis parfois par les « faibles » sont alors accueillis avec compréhension, parfois même avec justification quand ils ne sont pas carrément recommandés au nom d’un sens dévoyé de la justice.
C’est contre cette mentalité que se révoltent aujourd’hui de très nombreuses populations en Occident, qui montrent leur dégoût envers l’hypocrisie ambiante et se réfugient vers des leaders politiques qui disent les choses telles qu’elles sont, qui expriment le sentiment dominant de la population et se détachent des politiciens traditionnels englués dans le politiquement correct et déconnectés des réalités.
Dès lors, explique Prof. Asher Cohen, quel que soit le résultat, Donald Trump a déjà gagné dans le sens où personne ne pourra plus faire fi de cette moitié des Etats-Unis qui le préféraient à la candidate qui représentait l’Administration Obama et la dictature intellectuelle qu’elle a tenté d’imposer à la société.
En fin d’article, le Prof. Cohen établit un parallèle réaliste avec la situation en Israël, où les médias et la gauche s’emploient depuis vingt ans à imposer un système de pensée présentant les Accords d’Oslo et la solution des deux Etats comme seules options, en dépit de la réalité sanglante sur le terrain.
Photo Yonatan Sindel / Flash 90