L’ancien président de la Cour suprême Prof. Aharon Barak a prononcé récemment un discours virulent contre les tentatives de la ministre de la Justice Ayelet Shaked de démocratiser la composition de la Cour suprême. S’exprimant devant l’Association israélienne de Droit public il a notamment déclaré: “Il faut comprendre que la Cour suprême est comme une famille. Même s’il y a parfois des avis divergents, l’intérêt du pays est d’avoir une équipe cohérente qui établisse entre elle des liens identiques à des liens familiaux. Il est impossible d’y faire entrer quelqu’un qui ne fait pas partie de cette famille”.
Et s’adressant avec arrogance à la ministre de la Justice, présente dans la salle: “Si vous m’aviez imposé cela du temps où je présidais la Cour suprême, j’aurais démissionné et appelé mes collègues à en faire de même”.
Parmi les réformes que veut introduire Ayelet Shaked il y a la suppression du droit de veto des trois juges qui sont membres de la commission de désignation des juges. C’est par ce biais que des juges faisaient obstacle à l’entrée de magistrats qui n’étaient pas de leur goût.
Rappelons que le président Aharon Barak fut celui qui introduisit la notion d’activisme juridique (teinté d’agenda politique…) dans le fonctionnement de la Cour suprême et la transforma en pouvoir presque supérieur à celui de la Knesset ou du gouvernement. C’est notamment à cause de lui que la population se démarque de plus en plus de cet organe suprême qui est vu comme un quarteron élitiste, jaloux de ses prérogatives, s’arrogeant des pouvoirs qui ne lui reviennent pas, déconnecté du peuple et des réalités et désirant choisir ceux qui veulent le rejoindre.
C’est cette forme de népotisme que la ministre de la Justice veut changer, avec beaucoup de difficultés, car chacune de ses initiatives se heurte à un tir de barrage automatique de la corporation et de la gauche sous le slogan de “menace contre la démocratie”.
Photo Miriam Alster / Flash 90