A quelques heures de l’audience préliminaire du procès du Premier ministre Binyamin Netanyahou, les tensions sont maximales et les déclarations de part et d’autre se font de plus en plus incisives. Le pays est partagé entre ceux qui expriment »la honte de voir un Premier ministre jugé pour corruption » et ceux qui sont convaincus de son innocence et qu’il s’agit d’une obsession anti-Netanyahou et une tentative antidémocratique par le système judiciaire de renverser un Premier ministre.
Cette atmosphère empoisonnée prend encore plus de relief lorsque l’on sait que le conseiller juridique du gouvernement, Avihaï Mandelblit, celui qui a mis Binyamin Netaynahou en examen, est lui-même actuellement au coeur d’une tourmente due à des enregistrements compromettants, dont certains sont maintenus en secret par la Cour suprême, sur des conversations qu’il a eues avec Gaby ASshkenazy à propos de l’Affaire Harpaz. Cette affaire « qui sent mauvais » mais qui semble entourée d’un cordon protecteur rajoute à la défiance d’une partie croissante de la population dans le système judiciaire qui dénonce une absence de transparence et d’équité.
Depuis quelques jours, des proches de Binyamin Netanyahou tirent à boulets rouges sur le conseiller juridique du gouvernement, sur le système judiciaire mais aussi sur les grands médias, accusés de vouloir à tout prix arracher une photo « historique » de Binyamin Netanyahou assis sur le banc des assurés.

Dimanche matin, le Mouvement pour la Probité du Pouvoir a lancé une campagne d’affichages dans la région de Tel-Aviv sous le slogan « Israël a honte », et le mouvement des « Drapeaux noirs » prépare un rassemblement au moment où débutera le procès. Yaïr Lapid, chef de Yesh Atid-Telem a décrit ce jour comme « le plus sombre de l’histoire de la démocratie israélienne » et son compagnon politique Ofer Shelah a dénoncé « la chorale des soutiens du Premier ministre qui ne reculent devant aucune menace » et accusé Binyamin Netanyahou *d’être prêt à tout détruire sur son passage pour sauver sa peau ».

A l’opposé, Yariv Levin, président de la Knesset déclaré: « Ce jour de l’ouverture du procès de Binyamin Netanyahou sera retenu par l’Histoire comme l’un des moments les plus vils du système judiciaire israélien. Les accusations dont fait l’objet le Premier ministre sont inédites dans le monde démocratique occidental. Elles seraient à la limite de l’ordre de l’éthique mais sûrement pas d’ordre pénal et c’est pour cela que de grands juristes internationaux dénoncent cette inculpation (allusion notamment au professeur américain Alan Dershowitz, l’un des plus grands juristes mondiaux).(…) Le procès qui s’ouvre aujourd’hui n’est pas seulement celui de Binyamin Netanyahou mais celui de l’avenir de notre démocratie et de l’Etat de droit (…) Le résultat obtenu par Binyamin Netanyahou lors des dernières élections n’était pas seulement une marque de confiance envers lui mais aussi une expression de protestation contre le processus injuste et indigne lancé contre lui. Comme connaissant de près le Premier ministre, son action et son engagement total envers l’Etat d’Israël et ses citoyens, j’affirme qu’il subit là un énorme préjudice. Je crois que tout individu honnête qui examinera les dossiers le concernant constatera qu’ils sont vides et qu’ils doivent être clos. Comme des millions de citoyens israéliens, je suis aujourd’hui aux côtés du Premier ministre, aux côtés de la vérité et aux côtés de la justice ».
Photo Miriam Alster / Flash 90