Le ministre de l’Education Yoav Galant a annoncé à Yehouda Meshi-Zahav, président-fondateur de l’organisation de secours “Zaka”. Il recevra cette distinction pour “l’oeuvre de sa vie” et “sa contribution particulière à la société et à l’Etat d’Israël”. Dans son choix, la commission de désignation du prix a souligné l’action importante de Zaka en Israël comme lors de sinistres à l’étranger ainsi que sa “contribution en faveur du rapprochement des coeurs et de l’unité, du dialogue et de la coexistence au sein de la société israélienne”.
Yehouda Meshi-Zahav, juif orthodoxe, a beaucoup fait parler de lui récemment suite à sa prise de position très virulente contre des rabbins et des milieux orthodoxes qui violent délibérément les consignes du ministère de la Santé. Il a une légitimité morale pour le faire, ayant perdu en un seul mois son frère et ses deux parents à cause du Corona.
Issu d’une famille membre de la secte extrémiste et antisioniste des Netourei Karta, plusieurs fois arrêté et emprisonné par le passé pour son activisme au sein de ce mouvement, Yehouda Meshi-Zahav avait opéré un tournant majeur en 1989 après un attentat contre un bus israélien précipité dans un ravin par un terroriste sur la route Jérusalem-Tel Aviv. C’est en aidant à évacuer les morts et les blessés avec d’autres Israéliens de différents milieux qu’il eut l’idée de créer cette organisation qui aujourd’hui est devenue l’un des symboles de la coexistence et de la solidarité au sein de la société israélienne. Le virage avait été totalement achevé en 2003 lorsque Yehouda Meshi-Zahav avait été désigné pour allumer un flambeau sur le Mont Herzl lors de la cérémonie de Yom Haatsmaout. Une cérémonie qui lui avait coûté quatre an et demi de coupure avec une grande partie de sa famille.
Quoique strictement orthodoxe, Yehouda Meshi-Zahav a envoyé ses trois fils à l’armée dans des unités combattantes. Lors d’une interview à radio Qualita, Yehouda Meshi Zahav avait tenu ces propos impressionnants : “Lorsqu’on arrive sur les lieux d’un incident ou d’un attentat, vous vous rendez compte que le débat ne porte pas sur une rue qui doit ou non être fermée le Chabbat, mais qu’il s’agit de notre droit à vivre ici. Nos ennemis tentent de nous frapper, peu importe à quelle communauté ou ethnie nous appartenons. Et là, vous comprenez que ces soldats, ces « sionistes », avec lesquels vous vous précipitez pour sauver des vies, les policiers également, vous commencez à réaliser que le monde est bien plus vaste et que le peuple juif est quelque chose de bien plus grand (…) Vous comprenez aussi que ce qui se passe ici, ce qui s’appelle l’Etat d’Israël, n’est pas quelque chose qui va de soi. Vraiment, j’ai parfois le sentiment qu’il nous manque cette vertu de la reconnaissance, nous ne sommes pas capables de reconnaître et de remercier pour ce que nous avons. Et à cause de cela, nous nous permettons de nous disputer avec notre prochain, de lui sauter dessus, de le faire plier, mais moi je vois l’Etat d’Israël comme le 3e Temple.”
En même temps que Yehouda Meshi-Zahav, la commission de désignation du prix Israël a également accordé cette distinction au Dr. Yossef Ciechanover, économiste de renom et ancien directeur-général du ministère des Affaires étrangères sous Menahem Begin, pour “sa contribution significative à l’Etat d’Israël sur le plan de la défense, de l’économie, du droit, des relations internationales et du service public”.
Photo Yaakov Naumi / Flash 90