Contre tous les pronostics, Avi Gabbaï a remporté les primaires travaillistes lundi en battant Amir Peretz avec 52% des voix contre 47%. Il aura réussi l’exploit d’éliminer dans un premier temps Itshak Herzog et dans un second temps, l’un des plus anciens hommes politiques encore actifs, qui fut maire de Sderot, président de la Histadrout, président du Parti travailliste et occupa plusieurs ministères dont celui de la Défense.
Le parcours du nouveau président du parti est assez atypique, puisqu’il a été Pdg de la compagnie Bezeq avant d’entrer en politique sous les couleurs du parti de centre-droit Koulanou et devenir ministre de la Protection de l’environnement. Il avait claqué la porte du gouvernement à cause de son opposition au compromis du gaz dont on voit aujourd’hui les perspectives mirifiques pour l’économie israélienne et sa position géo-stratégique.
Contraitement aux discours travaillistes tactiques de ces dernières années, Avi Gabbaï dit se situer à gauche et non au centre et ses prises de position en matière de politique étrangère, d’économie ou de questions sociétales sont marquées au gauche: il est un fervent partisan d’un Etat “palestinien”, il prône une partition de Jérusalem, d’un retrait de 98% de la Judée-Samarie, il est partisan du “mariage pour tous”, et souhaite l’extension de la circulation des transports publics le Shabbat.
Après sa victoire, Avi Gabbaï a immédiatement donné le ton en annonçant que “la marche vers l’alternance politique avait commencé”. Il a appelé ses anciens rivaux à le rejoindre afin d’unir les forces pour mettre fin au “règne” du Likoud et de Binyamin Netanyahou indiqué qu’il allait partir à “la rencontre du peuple” dans le cadre de réunions à domicile afin de ramener ceux qui ont quitté le parti ou attirer de nouveaux électeurs.
Mais son discours de victoire a été empreint de démagogie, de slogans et aussi de contradictions. Après avoir déclaré que son style sera d’opter pour un “nouveau style de politique” (slogan connu) qui sera basé sur un langage positif, il s’est lancé dans un réquisitoire contre le gouvernement actuel sur le style “tout va mal”. Il également commencé “du pied gauche” sur le thème de l’unité du peuple qu’il préconise, en montant une partie de la population du pays contre l’autre: “Il nous faut un leadership qui se soucie de Dimona et pas uniquement d’Amona”…
Cette petite phrase assassine n’a d’ailleurs pas échappé à l’ancien ministre Guidon Saar qui n’a pas tardé à répondre sur Twitter: “Provoquer ainsi une scission entre les habitants de Dimona et ceux d’Amona, cela ne s’appelle pas vraiment faire de la nouvelle politique! Et dn tant qu’ancien ministre qui ait tant fait pour les habitants de Dimona et les autres villes de développement sur le plan financier et fiscal, je considère aussi que ces propos sont tout à fait fantaisistes”.
Celui qui s’est le plus réjoui de la victoire d’Avi Gabbaï est l’ancien Premier ministre et ministre de la Défense Ehoud Barak, qui avait apporté son soutien sans faille au candidat. Il a déclaré: “Désormais, Binyamin Netanyahou, Naftali Benett et leurs serviteurs (sic) vont transpirer (de peur)”!! Heureusement que la clairvoyance politique n’est pas le point fort de l’ancien Premier ministre qui annonçait il y a déjà cinq ans que “le jours de Bachar El-Assad au pouvoir sont comptés”…
En réalité, sur le plan politique, le Parti travailliste d’Avi Gabbaï constitue davantage une menace des partis comme Yesh Atid ou Koulanou que pour le Likoud et ses alliés. S0il réussit de faire de sa victoire un tremplin pour reconstruire le Parti travailliste, ce sera au détriment du parti de Yaïr Lapid ou de Moshé Cahlon.
Comme l’a dit avec humour l’un des journalistes de la chaîne Aroutz 20: “Avi Gabbaï a gagné le droit de concourir pour la place de celui qui perdra face à Binyamin Netanyahou!”.
Photo Emile Silman / POOL
Toujours des commentaires si peu politiques.. à l’image de la majorité des Israéliens : ça ne pense guère mais ça pense guerre