Par Salomé Touitou
Quand une association organise des offices de Kippour dans les kibboutzim laïcs du pays
Puisque tu ne viens pas à l’office de Kippour, l’office de Kippour viendra à toi. Tel pourrait être l’adage du projet “Shoméa Tfilot” (Qui entend les prières), dans le cadre de l’association Panim El Panim. Objectif : organiser des offices de prière le jour de Kippour, en des endroits a priori peu prédisposés, comme les kibboutzim et les moshavim laïcs du pays.
“Rien ne se fait dans la contrainte, nous ne forçons personne, nous allons là où on a besoin de nous”, explique Yaïr Gantz qui dirige cette initiative mise sur pied il y a 8 ans.
Bien souvent, l’association est contactée par les conseils religieux régionaux, qui se font le relais de la demande d’un ou deux membres d’une même localité. “Si un habitant exprime le désir d’aller à la synagogue pour Kippour, le conseil religieux nous sollicite”, poursuit Yaïr. Les membres du kibboutz doivent alors trouver un lieu, la possibilité d’héberger une quinzaine de personnes, et organiser une collation pour casser le jeûne. Et de son côté, l’association assure la tenue d’un minian, en faisant venir 10 à 15 hommes, qui passeront cette journée du Grand Pardon, sur place.
Sur le papier, tout paraît simple. Mais pénétrer des kibboutzim laïcs, fiefs anti-religieux, relève souvent de l’exploit. “Nous nous heurtons parfois à une vive opposition”, note Yaïr, “nous avons même eu des barbecues organisés à l’entrée de l’office”. Puis, au fil des ans, le pli se prend et l’initiative convainc. Yaïr cite alors le kibboutz Ourim, proche de la bande de Gaza, habitué à son office réformé pour Kippour. Quand Shoméa Tfilot y a fait son entrée timide, il y a quelques années, il est cantonné dans un miklat excentré. “Mais cette année, pour la première fois, seul notre office orthodoxe est organisé, l’office réformé n’aura pas lieu”, se félicite Yaïr.
En général, ces sites non religieux sont dépourvus de synagogues. Le miklat est bien souvent la première adresse d’accueil pour Shoméa Tfilot, comme au kibboutz Saar. “Puis, progressivement, nous occupons une place de plus en plus centrale, jusqu’à mériter la salle principale, le moadon, qui abrite les rencontres importantes des kibboutzim”.
Pour chaque minian organisé – 70 cette année – Shoméa Tfilot distribue des brochures, contenant des idées d’activités pour enfants ou des Divrei Torah adaptés. Mais aussi des Mahzorim, livres de prières pour les fêtes, du jour de Kippour, conçus pour des fidèles novices, avec l’accent mis sur les prières de Arvit et Ne’ila. En outre, tout au long de l’office, les hommes de Shoméa Tfilot aident les participants à suivre et à comprendre le déroulement de la prière.
Parfois, l’initiative peut donner lieu à un processus de Tchouva personnel ou collectif. “La jeune génération des kibboutzim est beaucoup moins “anti” que celle de ses prédécesseurs”, précise Yaïr, “s’ils ne pratiquent pas, ce n’est pas par principe, comme cela a pu être le cas par le passé, mais par méconnaissance. Le peu qu’ils savent, c’est ce qu’ils ont reçu d’un professeur laïc à l’école. Si on leur explique, on leur montre, cela peut déclencher des vocations”.
Et de fait. Cinq kibboutzim laïcs ont décidé d’organiser dans des cours hebdomadaires de Torah, dispensés par l’association. Des liens plus personnels peuvent aussi se tisser. Comme ceux qui unissent désormais le rav Bensoussan de Beth Shéan et sa femme, au kibboutz Aloumot en Galilée.
Ce sont généralement des Talmidei Yeshiva qui répondent présent à Shoméa Tfilot, pour aller animer ces minianim de kippour, mais aussi des familles. La logistique est lourde à gérer : trouver les participants, et organiser leur transport. Pour un budget de 50 000 shekels par an. C’est un investissement, “mais nous voulons donner la possibilité à tout membre du peuple d’Israël de prier pour Kippour, de ressentir la sainteté du jour. C’est très important”, conclut Yaïr.
Shoméa Tfilot – Panim El Panim
Pour participer à un minian – Michaël : 052-3580536
Pour faire un don : 02-6517653
Pour en savoir plus sur l’association :