En un instant la vie d’Ehoud Olmert a basculé, ce lundi 15 février. Un instant où l’ancien chef du gouvernement israélien a franchi la porte de la maison d’arrêt de Maassiaou, près de Ramlé. D’un seul coup, l’ex-No1 israélien est devenu le détenu No 903248 . Et comme tous les autres détenus avant lui, il a dû se plier à la fastidieuse procédure d’admission et d’intégration dans cette aile 10 de la prison de Maassiaou réaménagée spécialement pour lui et pour les autres condamnés de l’affaire Holyland qui vont partager sa vie pendant les 19 prochains mois. En une fraction de seconde, Olmert, qui fut l’homme le plus puissant d’Israël entre 2006 et 2009, est devenu un prisonnier de droit commun soumis, plusieurs fois par jour à l’appel et aux autres exigences de la vie carcérale. Ainsi l’homme qui gérait un budget de l’État de plusieurs centaines de milliards de shekels devra désormais se contenter d’un budget mensuel de 1 500 shekels pour faire ses achats au kiosque de la maison d’arrêt. Au-delà de la peine de détention, douloureuse en soi, qu’il va devoir purger, Olmert subit probablement à l’heure qu’il est un incontournable sentiment d’humiliation. Même le personnage le plus froid et calculateur ne peut certainement pas rester insensible à une transition aussi brusque. Et la logique aurait voulu que l’on ressente une forme de compassion pour cet homme qui a connu les arcanes du pouvoir, qui a fréquenté les grands chefs d’État de la planète et qui aujourd’hui touche le fond. Pourtant, en voyant Mr Olmert disparaître derrière les murailles de Maassiaou, de nombreux Israéliens comme l’auteur de ces lignes ont ressenti avant tout un profond sentiment de honte. Honte, d’avoir pu être dirigé pendant trois années et deux guerres (Liban 2006 et Gaza 2009) par un homme qui n’était pas digne de devenir le Premier ministre de l’État d’Israël. Honte et colère de s’être fait dupé par les projets politiques d’un homme qui même s’il a aspiré au bien être de la nation, s’est aussi préoccupé de son bien être personnel. Et enfin, surtout, honte d’avoir été témoin d’une flagrante violation de l’identité de notre peuple par le leader qui aurait dû en être le principal porteur.
En effet, ce n’est pas un hasard si l’incarcération d’Éhoud Olmert est intervenue deux jours après que nous ayons lu la paracha de Térouma. Comme son nom l’indique, cette paracha nous rappelle que l’acte de donner, d’apporter sa contribution à l’œuvre collective fait partie de l’ADN de notre peuple. Moché lui-même a été subjugué par l’immense générosité des Enfants d’Israël en vue de la construction du Michkan. Cette paracha nous permet de mieux comprendre pourquoi et comment l’État d’Israël est probablement le pays au monde qui réunit le plus impressionnant dispositif d’entraide et de générosité sociales édifié, non pas par le pouvoir, mais par la société civile. On n’y compte plus les organismes de soutien et de prêts, les maisons d’accueil pour nécessiteux, les associations d’aide aux malades, les restos du cœur, les gma’him
Voilà pourquoi Olmert a entaché la réputation d’Israël. Voilà pourquoi, même s’il y a là un aspect douloureux et cruel, il doit désormais payer son du à cette société qui l’a sanctionné.
Daniel Haïk pour Hamodia