Comment les « Gatekeepers » ont-il pu méconnaître à ce point les intentions et le mode de pensée de nos ennemis ? Et pourquoi sont-ils tellement ignorants et méprisants à l’égard de la tradition d’Israël, ou plus précisément, pourquoi la considèrent-ils comme un danger et comme une menace sécuritaire, voire existentielle pour Israël ? Ce sont en fait les deux facettes d’une seule et même question. Deuxième volet de notre analyse consacrée aux « Gatekeepers », ces responsables des services de sécurité et de l’armée qui portent la responsabilité de l’échec colossal du 7 octobre. P.L. (Premier volet : Pourquoi le 7 octobre ? Ces “Gatekeepers” qui ont ouvert la porte à l’ennemi)
Si Israël, comme le pensent Ami Ayalon et tous ceux qui lui ressemblent, n’a vocation à être qu’un Etat occidental et une « démocratie libérale », alors effectivement, la question des droits de l’Homme est essentielle et c’est à l’aune du respect par Israël des « droits » de ses ennemis que peut se mesurer la réussite du projet sioniste. Cette hypothèse implicite n’est quasiment jamais remise en question, sinon sur le mode de la peur apocalyptique que suscite chez eux toute éventualité qu’Israël se transforme en autre chose. Cette peur est explicitée par Ayalon sur la page de présentation de son livre au titre éloquent, Friendly Fire, How Israel became its own worst enemy, sur le site de l’université de Tel-Aviv.
« Si Israël devient une dystopie orwellienne », écrit Ayalon, « ce ne sera pas grâce à une poignée de théologiens qui nous entraînent dans un sombre passé. La majorité laïque nous y conduira, motivée par la peur et propulsée par le silence ». Dans cette affirmation capitale, on trouve les deux credos fondamentaux de la gauche laïque pacifiste qu’il incarne : toute affirmation d’une identité juive israélienne dans le domaine public équivaut à un « retour à un sombre passé », et seule la « majorité laïque » peut empêcher ce scénario cauchemardesque.
Cette peur fantasmatique de la dimension collective du judaïsme est celle qui a animé les manifestations de l’avant 7 octobre, qu’Ayalon espère voir bientôt reprendre, avec la participation des 300 000 soldats qui se battent à Gaza. Aux yeux d’Ami Ayalon, le combat contre le Hamas est secondaire ; il ne doit pas effacer le combat prioritaire, celui pour l’identité d’Israël. C’est dans ce contexte qu’il appelle, aujourd’hui comme hier, à la création d’un Etat palestinien, sans se poser la question du danger que celui-ci représenterait pour Israël : « ll faut se battre pour un Etat palestinien, non parce que nous aimons les Palestiniens, mais pour notre sécurité et pour sauver notre identité ».
On comprend dès lors pourquoi Ami Ayalon, comme d’autres membres de l’establishment militaire israélien qui n’ont pas vu venir le 7 octobre, n’a pas changé d’un iota son discours depuis cet événement. A ses yeux, le 7 octobre et la guerre contre le Hamas ne sont qu’une parenthèse, qu’il faut s’empresser de refermer pour reprendre le combat intérieur, pour « sauver notre identité » (à savoir, celle d’un Etat laïque occidental dans lequel le judaïsme serait relégué à la sphère privée). Cette priorité du « combat intérieur » est la clé qui permet de comprendre la cécité d’Ayalon et des autres « Gatekeepers » partageant sa vision du monde face à la menace existentielle du Hamas et des autres ennemis radicaux du peuple Juif. Elle procède de la confusion – très répandue au sein de la gauche israélienne – entre l’adversaire et l’ennemi.
“Repenser l’ennemi” ?
C’est ainsi qu’il faut comprendre l’affirmation d’Ayalon – étonnante en apparence – selon laquelle il convient de « repenser l’ennemi », ou la phrase sibylline sur sa page du site de l’université de Tel-Aviv (où il est professeur émérite du département d’histoire du Moyen Orient et d’Afrique) selon laquelle « En tant que chef de l’agence de sécurité du Shin Bet, il a acquis de l’empathie pour ‘’l’ennemi’’ ». Si le mot ennemi est placé entre guillemets, cela signifie que, dans l’univers conceptuel où évoluent Ayalon et les autres membres de l’establishment qui partagent ses idées, le concept même d’ennemi a disparu…
Le Hamas n’est donc pas à leurs yeux un ennemi irréductible d’Israël et des Juifs, comme l’ont cru des millions d’Israéliens au lendemain du 7 octobre (et bien avant, pour les plus lucides d’entre eux). Non, explique Ayalon (après le 7 octobre !) : « Nous ne faisons pas la guerre aux Palestiniens. Il y a des Palestiniens qui soutiennent le Hamas. Ils ne le font pas parce qu’ils adhèrent à l’idéologie religieuse du mouvement, mais parce qu’ils voient le Hamas comme la seule organisation qui se bat pour leur liberté et la fin de l’occupation israélienne… »
Citation éloquente et presque sidérante, dans la cécité qu’elle exprime envers la situation actuelle à Gaza, telle que la décrivent des dizaines de témoignages concordants de soldats et d’officiers qui y combattent. Non, le soutien au Hamas n’est pas comme le décrit Ayalon, celui à une organisation qui « se bat pour leur liberté », selon la vision occidentale totalement mensongère du « combat pour la libération nationale » du « peuple palestinien » (discours inventé de toutes pièces lors de la création de l’OLP, avec le soutien actif de l’URSS). Comme l’ont rapporté les soldats depuis Gaza, le soutien au Hamas procède d’une adhésion totale à son discours apocalyptique et radicalement antijuif, discours profondément enraciné dans la culture de l’islam.
Ainsi, il s’avère que la cécité des « Gatekeepers » face à la menace existentielle du Hamas n’est qu’un élément de leur cécité plus générale envers toute notion d’un ennemi musulman irréductible. Dans leur vision du monde idéologisée, le seul « ennemi » qui mérite d’être combattu est l’ennemi intérieur, à savoir les Juifs nationalistes/religieux/messianistes, comme en atteste la récente campagne de Fake News sur la soi-disant « violence des colons », ou encore les déclarations de l’écrivain Haïm Beer sur ce sujet. Obnubilés par leur idéologie et par leur obsession de la guerre fratricide, les « Gatekeepers » d’Israël ont laissé l’ennemi véritable bâtir sa force militaire et pénétrer le territoire souverain de l’Etat juif. (à suivre…)
Pierre Lurçat
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Tout en étant convaincu qu’Israël est et restera une success story, Il est clair qu’il y a des choses à revoir pour nous améliorer.
De l’indicible 7 Octobre, comme de toute catastrophe, peut surgir une opportunité. Encore faut-il ne pas être un adepte du « statu quo » dont on sait, qu’il est l’apanage des faibles, des dangereux incapables et dont la seule préoccupation est de conserver le pouvoir. Or, « La possession du pouvoir corrompt inévitablement la raison » . ( Kant ). Alors, quelle est la raison de NETANYAHU au bout de 15 années interminables aux affaires et dans les affaires ? Le peu qu’il en reste ne lui laisse que trois possibilités . :
– Eradiquer le Hamas et annexer Gaza avec toutes les conséquences qu’il serait trop long d’énumérer….
– Eradiquer le Hamas et consentir à un état palestinien démilitarisé, sous haute surveillance sécuritaire d’Israël et plus, si affinités… et un virage à 180 ° dans l’éducation pour au minimum, deux générations…..
– Ne pas détruire totalement le Hamas et perpétuer le statu quo en espérant, que des murs, des barrières, des barbelés, des no man’s land et je ne sais quoi d’autre ….permettent de revenir à la situation antérieure et parviennent à maintenir une sécurité illusoire….car, cette fois, c’est, sûr, c’est juré, nous avons compris et nous nous ferons pas avoir une seconde fois….( tu parles…..).
Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’Israël, cette fois, doit impérativement réussir la sortie de cette guerre et qu’il se doit d’être un exemple ! Il en est capable et possède le génie et les capacités pour réussir ce que certains pensent impossible.
Il y a bien des manières de ne pas réussir, mais la plus sûre est de ne rien faire et de confondre lucidité et cécité! De désigner, d’ores et déjà, des boucs émissaires pour exonérer les politiciens de leurs lourdes responsabilités et principalement d’une absence de stratégie, à court, moyen et long terme. Dans un état de droit et démocratique, les responsables sont l’exécutif et le législatif ! Le 7 Octobre en est la triste et parfaite illustration. L’article ci-dessus ne fait que le confirmer !
En europe les personnes psychiatriquement dangereuses pour elles-mêmes, aux tendances suicidaires avérées, ou dangereuses pour leur entourage, ‘has veshalom, peuvent être soignées, voire enfermées temporairement afin de les protéger d’elles-mêmes, et protéger l’entourage de leurs pulsions auto ou hetero-destructrices.
Il est regrettable de constater que le sado-masochisme laïc et la honte de soi pathologique deviennent ici un courant politique admis comme tel et non pas considéré comme une véritable maladie mentale.
Heureusement destinée à disparaître très vite בע”ה. Ouf…
Et il est vraiment heureux que des observateurs lucides tels que Monsieur Lurçat nous partagent leur analyse claire et documentée. Merci à lui.
Mollah-Kévin, si tu savais,tes âneries, tes âneries,
Mollah-Kévin, si tu savais,tes âneries où on se les met,
Au-…, au-…,aucune hésitation !
Le commentaire de Pierre Lurcat sur les Gatekerpers est impressionnant, préoccupant et fait froid dans le dos, car il en va même de la propre survie de l’existence D’ISRAËL.
Ce Ami Ayalon est ces complices sont une véritable bombe à retardement, ils velulent faire imploser le pays, pour en finir avec la question juive, comme j’ai souvent affirmer les plus grands énnemis de notre peuple sont des juifs, ce qui n’existe dans aucune autre religion, et en échange ils nous proposent la laïcité, comme ci celle ci n’était pas d’une certaine manière une forme de dictature en demandant aux citoyens de cacher leurs croyances, d’ailleurs nous voyons parfaitement comment la France fonctionne, tous les citoyens marchent aux pas, et allez tenter de lutter contre certaines institutions et ministères, vous verrez ce qui vous en coûte.
Le peuple en ISRAEL doit rester fortement unis et combattre ces ennemis de l’interieur, lesquels sont aussi dangereux que le Hamas ou le Hezbollah pour le pays.
Le plus grave c’est qu’ils sont infiltrés dans tous les secteurs de la vie nationale, dont certains occupent des postes clés.
Quand j entend l’analyse de cette gauche israélienne qui est prête mentalement à la destruction d’israel si l’on ne suit pas leurs concept suicidaire.
Messieurs les ashkénaze israel n’est pas la tête de pont de l’occident decadent au moyen Orient. Israel doit s’inscrire dans le moyen Orient et israel ne peut être un shtetel laïque européen, si vous voulez comprendre les arabes commencé par respecter les juifs séfarade et respecter les traditions qui ont fait que nôtre peuple à survécu.
Ce qui me console c’est que l’heure approche ou nous séfarade et juifs d’Orient investiront l’executif de l’état d’israel et que nous pourons en langue arabe avec nos voisins.
Vous êtes vous et vos amis M Ayalon la génération de l’échec malgré le pouvoir de nuisance médiatique que vous posséder, n’espérait pas que l’après guerre vous sera favorable
AM ISRAEL HAÏ
Bravo pour votre lucidité, Monsieur Lurçat, ça fait tellement de bien et c’est tellement rare.
Que vous ne le vouliez ou pas, Bibi a été élu dans son parti d’abord et par le peuple ensuite. Il a par conséquent toute légitimé.
Et contrairement à ce que vous croyez, il ne reste pas au pouvoir pour le pouvoir. Il y reste parce que par dessus tout il aime son pays et il veut le servir jusqu’au bout.
C’est une espèce relativement rare dans le monde politique que nous avons la chance d’avoir en temps de guerre. Avez-vous remarquez que tous ses objectifs pour terminer le conflit, font consensus général ?
Kevin
Pour une fois ce que vous écrivez est sensé. Mais je ne comprends pas votre logique de critique envers Natanyahou. Parmi vos 3 solutions, celle qu’a choisie Natanyahou , à entendre ses discours, c’est votre solution No 2 : éradiquer le Hamas, un état palestinien démilitarisé( oui il a bien dit qu’il n’écartait pas l’hypothèse d’un état palestinien) avec un contrôle absolu de ses frontières, et une reprise en main de l’Education. De quoi vous plaignez vous ?
De la critique, de la haine, de la jalousie, du doute par la menace du pire avec le ” si “.
L’ennemi de l’intérieur est celui qui haï et insulte ses frères tel l’ennemi parce qu’il pensent pas comme comme lui.
Aucune proposition constructive faite par vous, le pire est que rien de bien ne peut arriver en Israël a vous lire.
Pourquoi tant de pessimisme, aucune foi en HM ?