Basket : Alors que les Bleus affrontent Israël jeudi soir à Montpellier, retour sur les raisons de la présence de cette sélection dans les compétitions européennes.
La règle est la même pour l’ensemble des sports collectifs : Israël est rattaché à la zone Europe et participe à l’ensemble des compétitions du continent. Pourtant, cela n’a pas toujours été le cas. En football, Israël a été rattaché pendant vingt ans à la Confédération asiatique (l’AFC) et a remporté la Coupe d’Asie des nations en 1964. En basket, la sélection a participé a plusieurs reprises aux Jeux asiatiques qu’elle a gagnés à deux reprises (en 1966 et en 1978). Mais face aux menaces de boycott et aux pressions politiques, Israël a rejoint les instances européennes et participe à leurs compétitions. Alors que plusieurs associations pro-palestiniennes ont appelé à manifester devant l’Arena de Montpellier jeudi soir (France-Israël à 21 heures), Pascal Boniface, directeur de l’Iris (l’Institut des relations internationales et stratégiques) explique les raisons de ce rattachement atypique.
Le Point.fr : Comment expliquer la présence d ‘ Israël dans l ‘ensemble des compétitions européennes, tous sports confondus ?
Pascal Boniface : Géographiquement, Israël devrait appartenir à la zone Asie, ce qui a d’ailleurs été le cas dans le passé. Sauf que face aux refus de certains pays arabes d’évoluer face à Israël, il a été décidé de modifier les frontières des zones. Israël a rejoint les instances sportives européennes afin de participer aux compétitions internationales.
Toutes les fédérations internationales ont suivi ce mouvement ?
Elles l’ont accepté, d’autant que cela témoigne de la solidarité affichée par les pays occidentaux à l’égard d’Israël. L’idée de cette démarche est qu’il n’y ait pas de boycott important d’Israël dans la zone Asie. C’est le cas pour l’ensemble des sports collectifs : en football où Israël a rencontré à plusieurs reprises la France, notamment en s’imposant en 1993 (2-3), mais aussi en handball ou en basket.
En football, Israël a fait partie pendant vingt ans de la Confédération asiatique (l ‘AFC, de 1954 à 1974). C ‘était une position intenable ?
Oui, le meilleur exemple reste les qualifications à la Coupe du monde de 1958. La Turquie, l’Indonésie, l’Égypte et le Soudan avaient refusé de jouer contre Israël, qui remportait du coup tous ces matches sur tapis vert. La Fifa a donc organisé à la dernière minute un match de barrage contre le Pays de Galles qui s’est imposé. Plus tard, nombre de pays arabes ou musulmans ont refusé à nouveau de jouer face à Israël. D’une certaine façon, les instances ont jugé plus simple de basculer la sélection dans la zone Europe.
Depuis qu ‘ Israël figure dans la zone Europe, cette présence semble instituée. Peut-elle à nouveau être mise en doute ?
On peut sérieusement penser qu’avec l’émergence du mouvement BDS (« Boycott, Désinvestissement, Sanctions ») et la contestation de plus en plus forte envers Israël il puisse y avoir des contestations. Les mouvements de protestation pourraient profiter des compétitions sportives européennes pour attirer l’attention du public sur le conflit israélo-palestinien.
Le basket est un sport très populaire en Israël et en Iran également. Est-il envisageable d‘assister un jour à un match entre les deux sélections ?
C’est peu probable. Déjà, sportivement, l’Iran est en Asie et Israël est en Europe. Il faudrait qu’aux Mondiaux ou aux JO, les deux équipes se qualifient et se retrouvent au jeu du tirage au sort. Mais cela n’est pas une garantie pour que le match se joue : en 2011, un nageur iranien a refusé d’être opposé à un Israélien. Deux ans plus tard, un judoka iranien avait également pris la même décision. Mais ces choix peuvent être sanctionnés par les instances sportives : plus qu’un abandon, des manifestations politiques en marge de l’événement sont plus envisageables.
Au-delà des faits, la présence d ‘ Israël dans les compétitions européennes et internationales a-t-elle un impact politique ?
Si de nombreux mouvements avaient contesté l’organisation de l’Euro de football espoir en Israël en 2011, cela a surtout démontré que le pays appartient désormais à la zone géopolitique européenne. Pour Israël, c’est primordial : cela assure une participation aux compétitions internationales. D’ailleurs, l’Autorité palestinienne n’est pas parvenue à exclure Israël de la Fifa, comme elle l’a proposé en mars dernier. Cela prouve que la présence d’Israël dans les instances européennes est solide pour le moment.