Tu me demandes pourquoi je suis si heureux pour Yom Haatsmaout? Pourquoi j’en fais toute une histoire? Je vais te dire pourquoi.
L’indépendance pour moi ce sont les petites choses du quotidien qui se rejoignent dans un puzzle impressionnant d’un rêve qui se réalise.
L’indépendance c’est recevoir son ordre de mobilisation de réserviste qui tombe (encore) sur les vacances familiales et malgré tout, de revêtir l’uniforme avec fierté et se souvenir que mon arrière-grand-père aussi a reçu un ordre d’incorporation. Mais c’était alors pour l’armée soviétique. Grand-père Pinhas est tombé au combat entre le Japon et la Russie, dans une guerre qui ne le concernait pas.
L’indépendance, c’est être bloqué dans les bouchons en allant au travail, mais se souvenir que c’est parce que le pays est rempli de voitures, pleines de gens qui travaillent, qui vont et viennent et construisent leur Etat magnifique, pas un pays étranger qui demain leur tournera le dos.
L’indépendance c’est payer ses impôts, le bitouah leumi et ajouter aussi la TVA mais se souvenir que cet argent ne va pas financer les folies des grandeurs d’un voleur ou les conquêtes glorieuses de l’empereur. Il servira à construire des routes, des centrales électriques, à acheter des tanks à aider les malades et les nécessiteux.
L’indépendance, c’est entrer dans sa voiture et en une heure être en train d’embrasser les pierres du Kotel ou de verser une larme sur la tombe de Rahel, c’est lire des Tehilim au Caveau des Patriarches et danser toute la nuit chez Rabbi Shimon Bar Yohaï.
L’indépendance c’est se souvenir que ce à quoi Moshé Rabbénou a rêvé, ce que Rabbi Yehouda Halévi languissait dans ses poèmes, je peux le toucher, l’enlacer, le respirer.
L’indépendance c’est marquer la fête de la démocratie le jour des élections (même s’il arrive à une fréquence trop rapide) et parler hébreu comme on le faisait ici il y a deux mille ans.
L’indépendance c’est se plaindre dans les vols mais taper des mains et s’émouvoir quand on atterrit au retour.
L’indépendance c’est la guerre des Six Jours et l’opération Tsouk Eitan, c’est la Menorah à sept branches et le drapeau bleu et blanc.
L’indépendance c’est se souvenir que le privilège de critiquer et de me plaindre du pays dans lequel je vis, est un privilège que nous ne possédions pas pendant les deux mille ans d’exil et qui n’existe toujours pas dans les pays qui nous entourent.
L’indépendance c’est savoir que bien que nous n’ayons pas de pétrole et que souvent nous manquons d’eau, que nous avons un ennemi extérieur et des luttes intérieures, nous vivons quand même sur la terre promise dans une des meilleures périodes de l’histoire et nous réalisons le rêve de générations.
L’indépendance c’est lire la Bible et voir les prophéties d’hier se transformer en gros titres des journaux d’aujourd’hui. C’est voir la floraison spirituelle des yeshivot, des kollel et des maisons d’étude à laquelle nous n’avions pas assisté depuis l’époque du Roi Salomon.
L’indépendance c’est savoir que nous ne sommes pas encore arrivés au terminus, mais oui, notre train est enfin lancé sur les rails
L’indépendance c’est savoir qu’Israël fête certes ses 74 ans, mais pour un Etat, il est encore un bébé qui souffre de maladies infantiles, et c’est pour cette raison que la patience et l’optimisme sont indispensables à ceux qui choisissent d’y vivre.
L’indépendance c’est ne pas être ingrat.
C’est lever les yeux vers le ciel le 5 Iyar et dire: Hallelouya.
Rav Yoni Lavi votre anaphore correspond tout à fait à l’idée que je me fais de l’indépendance et je vous remercie de l’avoir exposée si brillamment. Mais vous avez omis deux éléments essentiels et pas des moindres En effet, pour un pays, l’indépendance suppose une autonomie politique, qui n’est pas encore totalement acquise, mais également une indépendance militaire et c’est là notre véritable talon d’Achille. Nous sommes, dans ce domaine, mais pas seulement…, entièrement dépendant des U.S.A. notamment pour l’aviation qui est la pierre angulaire de notre stratégie militaire élaborée par Tsahal. En conséquence, notre indépendance maximale ( aucun des petits pays de la planète n’est vraiment indépendant ) dépendra de notre capacité à nouer de nouvelles alliances et à régler le problème palestinien que d’aucuns s’évertuent à nier où à balayer avec un dédain frisant l’inconscience.
Pourquoi je suis content ? Je pense à ces pauvres Coptes qui étaient les Egyptiens d’origine, je pense à Byzance qui est devenue Istamboul, je pense à ces très nombreuses conquêtes réalisées et réussies par l’islam.
Mais il est un petit peuple qui croit en D.ieu et qui a retrouvé la terre de ses ancêtres.