L’encouragement, quintessence du « Hinoukh », représente la nourriture affective de l’homme.
Mais qu’entend-t-on par encouragement ? L’encouragement sera toujours le renforcement de l’existant. De cette définition découlent de nombreuses implications et réajustements des déformations courantes.
L’encouragement ne portera donc pas sur l’imaginaire ou les espérances futures. Par conséquent, l’encouragement va venir féliciter l’enfant sur ce qu’il a déjà fait, plutôt que d’évoquer ce que nous voudrions qu’il fasse ou qu’il soit.
S’il en est ainsi, notre définition réajustée va requérir de l’éducateur certaines facultés positives. En l’occurrence, être capable de voir le capital positif existant (même infime), de le connaitre et… de l’accepter…puis d’être capable de l’exprimer à l’enfant.
Une telle disposition positive est assurément nourrie à la source de deux vertus primordiales, à savoir le regard positif et l’humilité. Outre ce talent se focaliser sur le bien, il faudra également nous parer d’humilité et de patience et développer la capacité de renonciation temporaire à certaines exigences, capacité de changement de référentiel pour encourager l’enfant là où il se trouve…
Forts de ces prises de conscience, nous allons à présent aborder les freins et écueils classiques. Certains parents ressentent parfois une difficulté à verbaliser l’encouragement et même à donner ou recevoir des compliments. D’autres ont du mal à accepter l’existant et préfèrent se complaire dans des projections fantaisistes qui ne correspondent pas aux capacités réelles de l’enfant.
Certaines formulations ou approches sont irréalistes et génératrices de pression ou recelant des critiques implicites telles que : « tu as vraiment bien rangé ta chambre, tu ne le fais pas tous les jours… ? » ou « tu peux mais alors pourquoi tu ne veux pas? ». L’enfant ressort d’un tel échange contrarié et parfois même découragé.
Les encouragements précédant une « extorsion » tels : « comme tu es une gentille fille, allez viens m’aider à mettre la table… », l’enfant les vit comme une forme de manipulation docile.
Dans le même acabit, nous retrouvons les encouragements non mérités ou trop globalisant, tels : « quel tsadik, tu es toujours serviable » ou « tu concèdes toujours à tes frères ! » Les expressions « toujours » et « jamais » sont par trop globalisantes, et mettent le sujet sous pression d’être perpétuellement à la hauteur de ces attentes.
On peut citer également les encouragements subjectifs et invasifs. Plutôt que de dire : « tu voulais faire plaisir à maman et tu as tout nettoyé ! » on préfèrera : « comme c’est propre, tu m’as fait un grand plaisir ! » Car entrer dans les motivations intérieures de l’autre présente un gros risque. En cas d’erreur d’appréciation, l’enfant, qui n’oserait contredire, pourrait en concevoir de la culpabilité ou de la frustration, ou prendrait l’habitude de tromper.
Nous avons à notre disposition un test infaillible pour diagnostiquer la validité d’un encouragement : quelle sensation l’enfant ressent-il à la suite de notre échange ? Si c’est une bonne sensation (satisfaction, élévation), il s’agissait bel et bien d’un encouragement ! Et si la sensation est négative ou mitigée (tension, inconfort, frustration) …la cible a été manquée.
Croyons en nos enfants, prodiguons-leur un encouragement pur, désintéressé, dont le seul but est de donner de la satisfaction à l’autre et de nous réjouir à la vue du sourire qui se dessine sur leurs frimousses…
Ecrit par Mme Vanessa Benzaken d’après les enseignements du Rav Yehiel Yaakovson shlita.
Photo Steve C