L’ancien Premier ministre, Ehud Olmert, a dévoilé sur la BBC pour la première fois la carte de sa proposition à Mahmoud Abbas en 2008.
Dans le cadre d’un documentaire de la chaine britannique sur »Israël et les Palestiniens, le chemin vers le 7 octobre », Olmert a montré la carte de partition du territoire qu’il avait proposée au Président de l’Autorité palestinienne en août 2008.
Cette carte, il l’avait dessinée sur une nappe, et avait refusé d’en donner une copie à Mahmoud Abbas tant qu’il ne signait pas: »Vous ne trouverez aucun leader israélien qui vous fera une telle proposition dans les 50 prochaines années », a dit Olmert à Abbas ce jour-là, »Signez, signez tout de suite ».
La proposition d’Olmert était effectivement sans précédent: Israël annexait 4.9% de la Judée-Samarie correspondant aux grandes implantations – Ariel, Maalé Adumim, Kedoumim – et l’Autorité palestinienne annexait une superficie équivalente du territoire israélien à la marge de la Judée-Samarie et dans la bordure de Gaza. En plus de cela, l’Autorité palestinienne recevait 94% du territoire de la Judée-Samarie avec des routes et des tunnels pour relier ces territoires à la Bande de Gaza. Des dizaines de milliers de Juifs auraient été expulsés de chez eux si ce plan avait été mis en oeuvre.
Olmert proposait aussi une partition de Jérusalem. Chacun aurait considéré sa partie comme sa capitale. La vieille ville avec les lieux saints aurait été transférée à un »comité d’administrateurs » dirigé conjointement par Israël, les Palestiniens, l’Arabie Saoudite, la Jordanie et les Etats-Unis.

Mahmoud Abbas a refusé de signer sur place et a demandé du temps pour prendre conseil auprès de ses collaborateurs. »Quand nous nous sommes quittés, j’avais le sentiment que nous allions écrire une page de l’histoire », se souvient Olmert.
Mais les Palestiniens ne l’ont pas pris au sérieux. A cette époque, le pouvoir d’Olmert en Israël était fragile car il était sous le coup d’affaires judiciaires. D’ailleurs, un an plus tard, en 2009, c’est Binyamin Netanyahou qui a remporté les élections.
Le Dr Rafiq al-Husseini, qui était alors chef de cabinet d’Abbas, raconte dans le documentaire de la BBC qu’à leur retour de cette rencontre avec Olmert, Abbas et ses hommes ont »ri dans la voiture ». Pour al-Husseini: « Dommage pour Olmert, peu importe à quel point il était sympathique, il était un canard boiteux et nous savions donc que cela ne mènerait nulle part. » Ils ont donc refusé de signer la proposition du Premier ministre israélien.
Olmert estime encore aujourd’hui que les Palestiniens ont manqué une occasion historique: »Cela aurait été malin de la part d’Abou Mazen de signer » et si son successeur à la tête du gouvernement israélien avait décidé d’annuler l’accord alors le Président de l’Autorité palestinienne aurait pu »à jamais faire porter à Israël l’échec de la solution au problème », selon Olmert.