Après la diffusion dans « Envoyé spécial » d’un reportage sur « l’antisémitisme au quotidien », Elise Lucet reçoit Robert Badinter. L’ancien ministre de la Justice, adolescent pendant la Seconde Guerre, ami de Simone Veil, s’exprime longuement, avec force et émotion, sur la résurgence du « poison pour la société » qu’est l’antisémitisme, manifestation de « cette haineuse connerie : le racisme ».
Robert Badinter est l’invité d’ »Envoyé spécial » après la diffusion d’un reportage sur « l’antisémitisme au quotidien ». Que lui inspire la résurgence des actes antisémites en France (ils ont bondi de 74% en 2018), au point que des Juifs de France redoutent d’habiter dans leur propre pays ? « D’abord une réaction d’indignation à l’égard de ceux qui les menacent, qui se livrent à ces agressions verbales, voire physiques, qui peuvent aller jusqu’au crime. Y compris, ces dernières années, les vieilles femmes qu’on jette par la fenêtre, y compris la petite fille tuée par Mohamed Merah d’une balle dans la tête. » C’est la même chose, souligne-t-il, très ému, qu’ »un comportement de SS des Einsatzgruppen dans la forêt ukrainienne, qui abattent les Juifs parce qu’ils sont juifs. C’est d’abord cette résurgence-là qui fait naître chez moi cette rage. Je ne croyais pas que c’était possible ».
Qu’on s’en prenne au portrait de Simone Veil : « quelle profondeur de haine ! »
Comment imaginer voir, au XXIe siècle, un portrait de Simone Veil barré d’une croix gammée ?« Du côté des fanatiques que sont par définition les antisémites, tout est toujours possible. Ils s’attaquent au symbole, à quelqu’un qui incarne la condition si cruelle des Juifs au XXe siècle. Il ne faut jamais oublier son parcours si significatif, les camps de concentration, Auschwitz et, dans son cas, sa mère morte dans un camp, dans ses bras, rappelle celui qui était son ami. Elle a vécu là l’extrême limite de la détresse humaine. Qu’on s’en prenne à ce symbole-là… quelle profondeur de haine, quelle abjection ! »
« Les mêmes clichés et affabulations » qu’il y a trois quarts de siècle
Sur la question de la « libération » de la parole antisémite sur les réseaux sociaux, où « tout ce qu’il y a de méprisable s’exprime aisément, et encore plus dès l’instant où c’est l’anonymat », posant « un problème de droit extrêmement complexe (…), il faut la volonté au moins de la lutte », juge celui qui a « connu ces événements adolescent, il y a soixante-quinze ans », et retrouve « les mêmes clichés et affabulations » que devant l’exposition Le Juif et la France au palais Berlitz en 1941 : « L’or juif, le Juif aux doigts crochus, au nez crochu, un mélange bizarre de rabbin et de banquier, et puis cette haine qui se perpétue à travers les siècles… Comment ne pas prendre la mesure de ce que ça signifie ? »
« Qui peut croire sérieusement au complot juif mondial ? »
« Vous savez, j’ai beaucoup réfléchi à l’antisémitisme, poursuit Robert Badinter. Et je vais vous dire le fond de ma pensée. Non seulement, pour être un antisémite, il faut être, comme pour tous les racistes, un salaud, mais en plus il faut être un imbécile. Qui peut croire sérieusement au complot juif mondial, (…) au protocole des Sages de Sion, qui est un faux, fabriqué dans les caves de l’Okhrana, la police tsariste, avant la guerre de 14 pour nourrir l’antisémitisme ? Et que l’on retrouve ensuite chez Goebbels, et un siècle plus tard, sous forme de cassette, traduit en arabe au marché du Caire… »
« On a pensé que la bête était gavée de sang. Pas du tout : elle renaît »
« On a pensé que la bête était gavée de sang, avec les six millions de morts en Europe, femmes, enfants, vieillards, hommes génocidés par Hilter. Pas du tout : elle renaît. » Que faut-il faire ? Se souvenir, d’abord. Eduquer, dire « non, absolument non ». L’Etat fait-il ce qu’il doit ? L’ancien garde des Sceaux s’en dit « convaincu, ce n’est pas de ce côté-là que l’on doit porter la critique. C’est à chacun de faire défense dans l’âme des enfants, et de s’opposer de toutes ses forces à ce poison, cette infamie… et, à bien des égards, une haineuse connerie : le racisme. »
Pourra-t-on dire un jour : « L’antisémitisme, c’est terminé » ? « Je le croyais, mais je me trompais. On a vu renaître, doucement, puis de plus en plus, sous le masque de l’antisionisme, l’antisémitisme de toujours. » L’invité relève tout de même unsigne encourageant dans ce contexte de montée des partis populistes et d’extrême droite : en Ukraine, « pays qui a une très longue tradition d’antisémitisme », le nouveau président de la République… est juif.
« Disons-le clairement, conclut un homme qui s’est toujours su obsédé par la justice. C’est un combat qui ne peut pas ne pas requérir constamment toute l’attention de chacun. Parmi les grands combats qu’on puisse mener pour un monde plus juste, il y a le combat contre le racisme. C’est une grande et noble cause. Que nos jeunes s’en souviennent et agissent en conséquence. »
Source : francetvinfo.fr
C’est une chose que de faire l’analyse de l’antisémitisme passé et renaissant (sans cesse d’ailleurs)
Cela en serait une autre de la part de Mr Badinter d’avoir le courage de parler des responsables d’aujourd’hui.
Ce n’est qu’un lâche en définitif. Un juif de Cour, comme tant d’autres. Je n’ai pas d’estime pour ces gens-là !
Eux, qui auraient de l’audience pour défendre leur communauté, ne savent que dire des banalités, mais n’oseraient certainement pas défendre comme il convient de le faire (en agissant) leurs correlégionnaires.
Et vous, que faites vous ?
@Nicole,
Votre interpellation est incongrue et bêtement conflictuelle.
Si vous m’aviez bien lue (ou si vous aviez la capacité de bien comprendre le sens des mots), vous pourriez comprendre que c’est de Personnalités de la communauté que j’attends des actions.
D’une part, ils ont les moyens que je n’ai pas
D’autre part, la médiatisation dont je manque aussi.
Maintenant votre question même si elle était venue, sans mon commentaire, est indiscrète. Je suis une inconnue, suis-je donc obligée de raconter ma vie et mes actions ?
Vous venez seulement de démontrer votre bêtise, en m’attaquant de façon imbécile et gratuite.
vous avez hélas… raison. En 2002 j’ai été amené à alerter le sénateur Badinter d’une situation qui puait l’antisémitisme le plus crasse et dans laquelle un de ses homologues, un gros bonnet du Conseil d’Etat, avait commis un faux écriture publique, rien que ça. Je garde encore comme une précieuse relique la réponse que m’a faite ce grand-bourgeois et qui était : un modèle de lâcheté.
PS. (en aucune façon, je ne perds de vue son courageux combat pour l’abolition de la peine de mort)
Badinter est un menteur. Il a affirmé qu’il avait fait condamner le professeur Faurisson comme faussaire de l’histoire. Or cela était faux et il le savait. Il a diffamé. Toutefois en raison de sa notoriété le jugement l’a épargné au prétexte mensonger de bonne foi et c’est le professeur Faurisson qui a été condamné. Un homme aurait refusé un tel jugement mais BADINTER a montré sa lâcheté et sa bassesse en l’acceptant. HONTE à cet homme qui se permet en plus de continuer à raconter ses sornettes partout où es médiats obséquieux l’invitent.
ce dub a bien de la chance, de pouvoir écouler ici sa diarrhée… Quoiqu’il en soit celui que sans rire il appelle le professeur Faurisson n’aura pas eu trop à se plaindre, de ceux qu’il appelle les “médiats” (sic) obséquieux. Car personne ou presque n’aurait entendu parler du divagateur si un jour de décembre 1978 où le journal le ‘Monde’ n’avait rien à écrire il décida de voir toute une… Ecole révisionniste, rien que ça, là où effectivement il n’y avait qu’un misérable Faurisson, je n’y peux rien mais c’est ainsi