Sur les bords de la Vistule, le ressentiment anti-juif a survécu à la Shoah. Et s’exprime sans complexe. Témoignage.
Avant que Vichy ne salisse tout, il y eut en France un antisémitisme de bon aloi. C’était le 11 novembre 1918. Une comtesse du Faubourg Saint Germain, réputé pour son esprit, tenait salon. De nombreux jeunes officiers se pressaient chez elle pour saluer la victoire. Un officier arriva, en retard, et dit : « Est-ce que vous savez que le fils Camondo1 vient, le dernier jour de la guerre, d’être tué aux commandes de son avion ? » Un autre officier enchaîna : « Y’a pas à dire, les Juifs se sont bien conduits pendant cette guerre ». La comtesse enchaîna alors : « Ce n’est pas étonnant, c’était une guerre d’usure ».
L’antisémitisme polonais a d’autres charmes. J’étais à la terrasse d’un café, sur la place du Palais-Royal, à Varsovie. C’était un dimanche. Il faisait beau. Les gens étaient beaux. Des mamans se promenaient avec leurs enfants. Des couples d’amoureux s’embrassaient. Un groupe de personnes arriva sur la place et se mit aux pieds de la statue du roi Zygmunt.
Un pays aux mains des « sionistes » ?
Ils étaient six : deux hommes, deux femmes, deux enfants. Lugubres, mal habillés, laids. Ils déployèrent une banderole sur laquelle était marquée : « Le Parti des Polonais pauvres ». Il était facile de comprendre qu’il s’agissait d’un groupuscule nationaliste et d’extrême droite. Je les regardais avec une curiosité amusée, tout en continuant à boire mon café et à fumer une cigarette. L’un des hommes prit le haut-parleur et commença un discours.
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Benoit Rayski