Le terrible massacre commis en 1941 dans la ville polonaise de Jedwabne n’en finit pas de faire parler de lui. Polonais et Allemands se rejettent la responsabilité de cette tuerie lors de laquelles plusieurs centaines de juifs furent tués, une partie d’entre eux brûlés vifs. Il y a deux semaines, la ministre polonaise de l’Education Anna Zalewska avait soulevé un tollé en affirmant que la responsabilité des Polonais dans ce massacre était sujette à contestation.
Cette fois-ci c’est le maire de Jedwabne. Michaël Schudrich, qui a exprimé son adhésion à une pétition qui demande que soient exhumés les corps enterrés dans une fosse commune pour que la vérité soit établie: “Il faut que l’on sache une fois pour toute combien de juifs furent assassinés et par qui afin de dissiper l’incertitude”, indique le bourgmestre.
Bien que des historiens polonais aient attesté la thèse d’un massacre perpétré par des Polonais, le fait que de douilles aient été trouvées sur place fait dire à d’autres qu’il s’agissait de soldats allemands. On estime que 340 juifs furent massacrés dans cette bourgade.
Pour la Pologne, cette question revêt une importance nationale, car l’ethos polonais de l’après-guerre a été façonné sur l’idée que la Pologne fut une victime du nazisme au même titre que les juifs. Trois millions de Polonais non-juifs furent tués par les Allemands, soit presque autant que le nombre de juifs polonais. Mais il est également établi par d’innombrables exemples tragiques que la tradition antisémite polonaise s’est exprimée durant la Shoah et même après, avec le pogrom de Kielce commis en 1946 contre des juifs rescapés qui étaient retournés dans leur ville d’origine.
Photo Illustration
Michaël Schudrich , nom du grand rabbin de Pologne