En supposant que la victoire de Joe Biden soit confirmée après les procédures judiciaires, la question de savoir quelle sera la composition de son gouvernement intéresse Israël au premier plan. Au sommet du gouvernement israélien, au-delà des messages de félicitations, on attend avec inquiétude de savoir qui occupera les quatre postes qui auront beaucoup d’incidence dans la région sur le plan diplomatique et sécuritaire: secrétaire d’Etat, secrétaire à la Défense, conseiller à la Sécurité nationale et l’ambassadeur à l’Onu.
Joe Biden est entouré de deux courants très différents concernant le conflit israélo-palestinien. L’un, « centriste » qui est plus proche des positions traditionnelles du Parti démocrate, et l’autre, exprimant l’influence grandissante de l’aile gauchisante du parti et qui a déjà causé les dégâts que l’on sait durant l’ère Obama. S’il est confirmé dans la présidence, Joe Biden voudra probablement accorder des postes à des représentants de chaque courant.
En haut lieu en Israël, on est inquiet des rumeurs quant à une nomination de Suzan Rice comme cheffe de la diplomatie américaine. Rice a occupé les postes de conseillère à la Sécurité nationale et d’ambassadrice à l’Onu dans l’Administration Obama. Elle s’y était distinguée par une attitude ouvertement hostile et agressive envers le gouvernement Netanyahou sur le conflit israélo-palestinien et sur l’Iran. Ses relations avec le directeur du Mossad Yossi Cohen étaient exécrables. Un autre nom circule, Anthony Blinken, ancien conseiller adjoint à la sécurité nationale puis secrétaire d’État adjoint des États-Unis durant la présidence de Barack Obama. Il pourrait être un interlocuteur moins problématique pour Israël.
Pour la représentation des Etats-Unis à l’Onu, on parle de Wendy Sherman, qui mena les négociations avec l’Iran sur l’accord nucléaire ou encore de Pete Buttigieg, ancien candidat aux primaires démocrates. Probable nominée pour le poste de secrétaire à la Défense, Michèle Angelique Flournoy, ancienne sous-secrétaire à la politique de Défense des Etats-Unis durant trois ans sous Barack Obama.
Selon l’ancien ambassadeur d’Israël aux Etats-Unis, Dr. Michaël Oren, Joe Biden, s’il est président adoptera une attitude médiane envers Israël : pas aussi favorable que celle de Donald Trump mais pas aussi hostile que celle de Barack Obama.
Appels arabes au maintien des sanctions contre l’Iran
La perspective d’une présidence Biden et ses implications sur la question iranienne inquiètent les dirigeants de pays arabes sunnites. En Arabie saoudite on a du mal à cacher la perspective d’une présidence Biden qui est qualifié par des hauts responsables saoudiens comme un « pro-iranien qui appliquera une politique d’apaisement qui mettra la région en danger ». Les pays du Golfe craignent énormément le retour de figures qui ont élaboré la politique vis-à-vis de l’Iran sous l’ère Obama. Des messages ont déjà été envoyés à Washington pour demander au maintien des sanctions contre l’Iran.
L’Administration Trump en est bien consciente et l’émissaire spécial américain pour l’Iran, Eliott Abrams effectuera la semaine prochaine une tournée au Proche-Orient pour discuter de ces questions. Il est même question d’imposer de nombreuses nouvelles sanctions contre l’Iran avant le changement d’équipe à la Maison Blanche au mois de janvier, s’il a lieu. A Riyad, on fait aussi savoir que l’arrivée d’une Administration démocrate à Washington accélérerait et renforcerait encore le processus de normalisation entre Israël et des pays arabes.
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