Selon le député Micky Zohar, qui était en compagnie du Premier ministre lorsque les journaux télévisés ont diffusé « l’information », Binyamin Netanyahou s’est mis dans une colère rarement vue, accusant les médias israéliens de publier une nouvelle fois des « fake news ».
Selon Yediot Aharonot, repris ensuite par les chaînes de télévision, Binyamin Netanyahou aurait accepté que les Etats-Unis vendent des avions-furtifs F-35 aux Emirats arabes unis, dans le cadre de l’accord de normalisation avec ces pays. Il faut placer cette question dans son contexte : Israël agit depuis des années auprès de l’Administration américaine afin qu’elle ne vende pas aux Etats arabes de l’armement susceptible de réduire voire annuler la supériorité aérienne d’Israël, ceci pour des raisons stratégiques parfaitement compréhensibles. Le ministre de la Défense Benny Gantz l’a encore rappelé mercredi à son homologue allemande Annegret Kramp-Karrenbauer lors d’une conversation.
Le Premier ministre a formellement démenti cette information, accusant les médias et certains milieux politiques de vouloir saboter cet accord car ils n’acceptent pas le moindre succès de sa part : « Il n’y a eu aucun accord de ma part, ni ouvert ni secret sur une quelconque vente d’armes américaine aux Emirats. Par contre cet accord signé entre Israël et les Emirats porte en lui des perspectives économiques énormes. Les Emirats sont pressés d’investir en Israël et je vais les encourager à le faire dans le Néguev. Il y a malheureusement des ‘fake news’ qui circulent autour de cet accord, car il y a apparemment des milieux qui ont du mal à l’accepter ».
Plus tôt, le bureau du Premier ministre avait publié un communiqué ferme disant notamment : « Le Premier ministre s’est toujours fermement opposé à toute vente d’appareils F-35 et d’autres armes sophistiquées aux Etats arabes de la région, y compris ceux avec lesquels Israël a signé un traité de paix. Le premier ministre adopte cette attitude de manière constante face à l’Administration américaine et cela ne changera pas…Le Premier ministre a encore rappelé la position israélienne à l’ambassadeur des Etats-Unis David Friedman lors de leur entretien le 7 juillet dernier et a adressé le lendemain une lettre en ce sens au secrétaire d’Etat Mike Pompeo, précisant que cette position reste valable même dans le cadre de la signature d’un traité de paix ».
La polémique a également entraîné des réactions autant à Abou Dhabi qu’à Washington : un haut responsable des Emirats a affirmé que Binyamin Netanyahou était au courant d’un contrat de vente d’armes américaines aux Emirats, y compris des avions f-35, pour un montant de plusieurs dizaines de milliards de dollars. A l’inverse, une source à la Maison-Blanche affirme que l’accord de normalisation entre Israël et les Emirats ne contient aucune annexe secrète sur une vente d’armes.
Divergences d’opinion entre « spécialistes » militaires
Sur le fond, des spécialistes ne sont pas d’accord entre eux sur les conséquences d’une vente éventuelle d’appareils F-35 aux Emirats arabes unis.
Le général (rés.) Amos Guilad, ancien directeur du département politico-sécuritaire au ministère de la Défense est fermement opposé à une telle éventualité et avance l’argument de l’instabilité des relations entre pays : « La Turquie était un pays allié et est devenue un pays ennemi, l’Iran était presque un pays-frère et il constitue aujourd’hui une menace existentielle pour l’Etat d’Israël. Dans quelques années, nous pourrions avoir à souffrir d’une telle vente d’appareils aux Emirats arabes ».
A l’inverse, le général (rés.) Giora Eiland, ancien conseiller à la Sécurité nationale déclare : « Israël préfère que les pays arabes ne se dotent pas d’armement dernier cri en technologie, mais je pense que la fourniture de ce genre d’armement à cet Etat spécifique est quelque chose avec laquelle Israël peut se mesurer ».
Photo porte-parole Tsahal