Trois semaines après son déclenchement, les Israéliens comprennent que la vague de terreur qu’ils subissent ne va pas s’évaporer du jour au lendemain, mais ils constatent à la fois que de manière stupéfiante, l’Occident en général et la France en particulier, loin de s’identifier avec leur douleur, fait montre de compassion envers leurs agresseurs palestiniens, et se drape de messages « équilibrés » renvoyant dos à dos, les victimes et leurs bourreaux. Analyse de Daniel Haïk
- Israël s’habitue à vivre au rythme d’un terrorisme latent et diversifié
Comme il fallait malheureusement s’y attendre, la vague de terrorisme qui ébranle l’État d’Israël depuis les fêtes de Souccot se poursuit avec des intensités diverses : parfois les terroristes frappent à Jérusalem, parfois en Judée-Samarie, et le plus souvent dans le reste du territoire israélien. Les services de Renseignements israéliens sont formels : cette « Intifada des couteaux » qui commence de plus en plus à porter son nom n’est toujours pas planifiée. Mais il n’est pas nécessaire d’être un observateur avisé pour avoir l’étrange impression qu’une « main invisible » orchestre ce déferlement de haine anti-israélienne et actionne ce qui pourrait s’apparenter à des vases communicants du terrorisme : un jour, c’est Jérusalem qui est touchée, le lendemain c’est le tombeau de Yossef à Naplouse qui est incendié. Le surlendemain c’est Hébron qui est ciblé et le jour suivant, c’est la gare routière de Béer-Chéva qui devient le théâtre d’un attentat meurtrier alors qu’un calme précaire semble au même moment s’installer sur Jérusalem. Le plus souvent les assaillants poignardent (Vieille ville de Jérusalem), mais parfois ils tirent (Armon Hanatsiv, Béer-Chéva) et plus rarement projettent leur voiture contre des innocents (Guéoula). Peu à peu, les Israéliens affutent leurs réflexes, et apprennent, par la force des choses, à vivre au rythme de ce terrorisme latent et insidieux qui peut frapper n’importe qui, n’importe où, et n’importe comment. Tout en restant vigilants et prudents, ils s’organisent pour faire face à cette palette de menaces tout en tentant de reprendre avec une certaine témérité, le cours normal de leur vie (voir notre reportage dans Jérusalem, pages 8 et 10).
- Le « lynchage » du refugié érythréen
D’emblée et pour dissiper tout malentendu, une affirmation claire : frapper un individu, quel qu’il soit, à terre est un acte méprisant, vil, inacceptable et contraire aux valeurs du judaïsme et de la Torah. Ceux qui ont tabassé le malheureux refugié érythréen dans la gare routière de Béer-Chéva dimanche doivent être arrêtés et traduits en justice. Mais après avoir condamné sans équivoque cet acte, il convient de rappeler le contexte hors normes dans lequel il s’est produit : dans un premier temps, un agent de la sécurité a cru que DMulu Habtom Zerhoma était lui aussi un second terroriste complice de Mohand Alhoukbi, le Bédouin israélien responsable de l’attentat et il a tiré plusieurs fois dans sa direction le blessant sérieusement. Et ce que l’on voit ensuite sur la vidéo, c’est un chauffeur d’Egged protégeant de son corps le refugié érythréen gisant au sol tandis que deux ou trois voyous parviennent à lui asséner quelques coups, avant l’arrivée des policiers. Un spectacle, répétons-le, intolérable, mais qui doit être ramené à de plus justes proportions dans le contexte de psychose qui règne sur les lieux d’un attentat. D’une certaine manière, le refugié érythréen est aussi une victime du terroriste bédouin… Est-ce que le terme de lynchage est approprié ? Cela n’est pas certain. On est bien loin des horribles scènes du véritable lynchage des deux réservistes Vadim Norditz et Yossi Abrahami le 12 octobre 2000, au début de l’Intifada, dans le commissariat de police palestinien de Ramallah, par une foule en transe qui avait alors massacré sans la moindre pitié, et sans qu’aucun Palestinien ne se dresse pour tenter d’éviter ce drame. Bien évidemment la presse internationale, en quête perpétuelle d’informations de nature à salir Israël s’est emparée de ce cas. Elle l’a amplifié et même déformé, oubliant même parfois de mentionner l’attentat commis par le Bédouin israélien, le prix d’excellence de la falsification étant décerné au Corriere de la Serra, le grand quotidien italien qui a expliqué à ses lecteurs que l’attentat commis par Alhoukbi s’était déroulé un soir et que le lendemain, sans aucune raison apparente des Israéliens avaient « lynché » Habtom Zerhoma…
- Le scandaleux « équilibre » de la communauté internationale.
C’est l’un des développements les plus stupéfiants de cette vague de violence : bien que Mahmoud Abbas ait été surpris, publiquement, par Byniamin Nétanyaou, en flagrant délit de mensonge en affirmant que le jeune Ahmed Mansara (13ans) avait été « exécuté » par Israël alors que ce terroriste en herbe palestinien était bien vivant, et soigné à l’hôpital Hadassa de Jérusalem ; bien que les Israéliens soient les victimes de cette vague terroriste et les Palestiniens, clairement les agresseurs ; bien que toute personne de bon sens comprend qu’il n’y a pas eu de modification du statu quo sur le Mont du Temple, l’Occident, Amérique et Europe réunis, s’acharne à vouloir faire partager la responsabilité de la tension actuelle « équitablement » entre Israéliens et Palestiniens. Même les Américains censés être les alliés d’Israël sont tombés dans ce piège grossier, avec le porte parole du Département d’État… Kirby qui s’est « emmêlé les pinceaux » en accusant Israël d’avoir fait usage de « force exagérée » et de n’avoir pas respecter le statu quo sur le Mont du Temple, avant de se fendre, à la suite de la réaction de colère des Israéliens, d’un piteux rectificatif du bout des lèvres…Une attitude adoptée également par les Européens (nous allons tout de suite parler plus spécifiquement des Français…) et qui est le reflet de l’extrême mauvaise foi de l’ensemble du monde occidental envers Israël. Le paradoxe est d’ailleurs flagrant, et de plus en plus préoccupant : alors que d’autres grandes nations comme la Russie, la Chine et l’Inde qui ont déjà eu à subir le terrorisme islamiste se taisent, ce sont les démocraties américaines et européennes qui ont le plus grand mal à épauler la seule démocratie du Proche-Orient lorsqu’elle lutte avec courage contre le terrorisme islamiste. Lorsqu’ils ne déforment pas la réalité en transformant le coupable palestinien en victime, et la victime israélienne en bourreau, certaines de ces nations occidentales se contentent de maintenir un sacro-saint équilibre, en condamnant les « violences des deux parties » comme s’il y avait d’un côté 10 terroristes palestiniens et de l’autre 10 terroristes israéliens qui se poignardaient « équitablement ». En se comportant de la sorte, l’Occident confirme son égarement moral, son hypocrisie la plus vile, ses relents anti-juifs si durement contenus depuis la fin de la Shoah, sa reddition idéologique et enfin sa soumission, lente mais certaine, à un islam qui cautionne la terreur, prône le mensonge et brandit le glaive du Djihad.
- Le « rôle » de la France.
Ce qui vient d’être écrit est en particulier valable pour la France qui, dans cet effort de biaiser la réalité mérite une distinction particulière. Pas seulement la presse et certains médias français qui rivalisent d’incompétence et d’incohérences dans leur traitement de cette crise. Mais surtout l’insatiable Quai d’Orsay qui semble résolu à vouloir rafler avec son patron, Laurent Fabius, la Palme de la Médiocrité diplomatique. Après avoir lamentablement échoué, il y a quelques mois, dans sa tentative de soumettre au Conseil de Sécurité une résolution ambitieuse, mais déplacée sur la relance du processus de paix, Fabius s’est empressé d’initier une proposition stupéfiante : déployer sur le Mont du Temple une force d’observateurs internationaux chargée de veiller au respect du statu quo ! De deux choses l’une : soit Laurent Fabius croit sérieusement que son projet a une chance d’aboutir ce qui prouverait qu’il ne comprend absolument rien au conflit proche-oriental (même l’administration Obama l’a d’ailleurs repoussé et votera contre), soit, et ce serait plus grave encore, il comprend parfaitement que ce type d’initiative n’a aucune chance de voir le jour, mais il l’a soumise uniquement pour embarrasser Israël et marquer des points du côté palestinien. Après le fastueux passage de Mahmoud Abbas à Paris, il y a quelques semaines, on peut légitimement se poser la question et remettre en cause la clairvoyance de la diplomatie française… Côté israélien, on a réagi avec rapidité et courroux profond à cette initiative en convoquant l’ambassadeur Patrick Maisonnave et en le sermonnant vertement. Il est de notoriété qu’Israël repousse des deux mains, toute menace d’internationalisation du conflit, qui plus est à Jérusalem et qui plus est lorsqu’il s’agit du Mont du Temple. Mais ce qui a le plus excédé les Israéliens, c’est que cette proposition semblait adhérer d’emblée au narratif mensonger des Palestiniens sur les violations du statu quo, faisait abstraction de l’incitation à la haine des Palestiniens, et de la vague de violence terroriste qui frappe la population israélienne. C’est le général Yaacov Amidror, ancien conseiller israélien à la Sécurité nationale qui a le mieux reflété l’exaspération des Israéliens face à ce qui est perçu comme une ingérence française dans les affaires israéliennes : « Imaginons un instant qu’Israël demande à déployer dans Paris une force d’observateurs internationaux pour vérifier l’ampleur du fléau antisémite »… Décidément, à force de vouloir obsessivement « jouer un rôle » au Proche-Orient, la France, au travers de ses initiatives sans lendemain, prouve le manque de sérieux de sa diplomatie et, le seul rôle qu’elle sera contrainte de jouer risque d’être celui de « bouffon ». En un mot : déplorable.
Daniel Haïk