Yonadav et Morya Horovitz vivent à Kidmat Tsion (Abou Dis) avec leurs 7 enfants, dans une maison rachetée par Ateret Cohanim. Ils y sont arrivés, il y a 10 ans, alors qu’ils étaient un jeune couple.
Le P’tit Hebdo: Pourquoi avoir choisi de vivre à Kidmat Tsion?
Yonadav Horovitz: J’ai grandi à Kiryat Arba et Morya à Jérusalem. Après notre mariage, nous avons vécu à Kiryat Moshé, le temps que je termine l’armée. Puis nous avons cherché un endroit où nous installer qui ne serait pas seulement un lieu de vie mais aussi une mission, notre façon de donner à l’Etat d’Israël.
Lph: On peut donner à l’Etat en habitant dans de nombreux yichouvim. Qu’est-ce que le quartier de Kidmat Tsion a de si particulier à vos yeux ?
Y.H.: L’histoire de ce quartier est d’abord particulière. En 1920, la Agoudat Hadayarim a acheté 800 dounams à des Arabes, dans ce quartier. L’achat a été inscrit au cadastre. Mais les pogroms de 1936, l’occupation jordanienne à partir de 1948, ont cassé le rêve des Juifs de s’y installer. Nous tenons donc à réparer une injustice, une spoliation de terres. Il s’agit de récupérer ce qui avait été acheté en bonne et due forme par les Juifs au début du 20e siècle. Ateret Cohanim a déjà commencé.
Aujourd’hui, une dimension politique s’ajoute. Abou Dis est le lieu où l’Autorité Palestinienne a décidé d’installer son parlement. D’ailleurs on parle d’Abou Dis comme de la capitale d’un Etat palestinien. Notre présence sur ces lieux permet de casser la continuité territoriale entre Abou Dis et le Har Habayit et ainsi de rendre impossible toute division de Jérusalem. Au-delà de notre désir de justice, la mission que nous menons ici est cruciale pour l’avenir de Jérusalem.
Lph: Dans quelles conditions vivez-vous? Est-ce une vie “normale” ?
Y.H.: Nous pensons que nous vivons tout à fait normalement. Nous sommes 10 familles installées grâce à l’action d’Ateret Cohanim. Il est vrai que nous traversons les habitations arabes pour rentrer chez nous, mais nous ne rencontrons pas de problèmes quotidiens. Nous vivons dans un quartier fermé et surveillé. Nos enfants jouent entre eux, ils vont à l’école dans le quartier juif de la vieille ville et s’y rendent avec des ramassages scolaires.
Bien entendu, nous ressentons peut-être plus fort qu’ailleurs les périodes de tension dans le pays. Notre quotidien doit s’organiser autrement : s’il nous manque du lait ou pour faire venir un technicien électro-ménager, pour amener les enfants à leurs activités extra-scolaires. Mais nous sommes heureux de vivre ici, et nous espérons que le quartier va s’agrandir en récupérant le reste des terres achetées par les Juifs, il y a 100 ans et qui nous reviennent de plein droit. Le chemin est long, mais nous y arriverons !
Propos recueillis par Guitel Ben-Ishay
Crédit photos: Eliahou Yanay