Le Rav Avraham Mimoun a brutalement quitté ce monde cette nuit après un arrêt cardiaque. Rav à Marseille, il était un véritable homme de Torah qui a marqué sa communauté et même au-delà. Les hommages pleuvent depuis ce matin pour saluer la mémoire de cet homme exceptionnel.
Le Rav Avraham Mimoun de Marseille a disparu subitement. C’était un géant ! Vraiment ! Sa sainteté et son incroyable érudition n’avaient d’égales que sa modestie, sa gentillesse et sa simplicité. Profondément sioniste, ancien parachutiste de Tsahal, le Rav Mimoun a rapproché des générations de jeunes au judaïsme, à la Torah et à ses valeurs. Il fuyait les honneurs ! C’est tellement rare! J’ai eu le bonheur de le connaître et de le rencontrer.Il etait très proche de mon frère le Dayan Moshé. Sa disparition brutale est une immense tragédie. Toutes mes pensées vont à sa famille, à ses élèves, à la communauté de Marseille à laquelle il a tant apporté et tant donné. ברוך דיין האמת
Guil Zenou, un de ses disciples lui avait écrit une lettre il y a 10 ans, aujourd’hui il a décidé de la publier afin que tout le monde comprenne la grandeur du Rav Mimoun, z’l:
Un Boker triste,profondément triste…
Lui dire les choses directement ou indirectement m’était impossible, alors il y a de cela quelques années, je l’ai écrit.De ces quelques mots on sort néanmoins frustré car on aurait tant à dire …Qu’Il intercède en notre faveur comme il l’a toujours fait …Qu’il repose en paix amen.LETTRE OUVERTE A MON MAÎTRE (2012)Mon Maître,Le tutoiement n’exprime en aucun cas l’irrespect…En français il exprime la passion, en hébreu il reflète la proximité qui idéalement devrait régner entre les hommes ici-bas.Je pense à toi depuis quelques semaines avec plus d’intensité car dans notre lecture thoranique hebdomadaire, il est question de nos patriarches, et donc de Abraham…Quand la mystique juive avance l’idée que le prénom est la racine de l’âme et que celui-ci donne des indications sur son porteur, ce n’est pas fortuit…Tu as hérité des qualités de Abraham : la générosité, la disponibilité et l’humilité.Comme lui tu n’as de cesse de sillonner la ville pour finalement aller vers les autres pour les soutenir.Il y a de cela quelques jours, par personne interposée, je t’ai parlé d’une dame âgée à peine de 50 ans et extrêmement malade. L’une de ces personnes qui aurait perdu son chemin un certain temps et qui, avant de partir, a exprimé le vœu de parler avec “un Rabbin”.J’ai su et j’ai vu avec quelle délicatesse tu l’as accompagnée jusqu’à son dernier souffle…J’ai appris par sa fille et ses sœurs que tu les avais nourries matériellement et spirituellement jusqu’au moment le plus fatidique. Elles en ont été aussi impressionnées que rassérénées.Tout cela dans l’obscurité d’une triste chambre d’hôpital. Aucun bruit, aucune lumière, juste toi et toutes ces personnes en souffrance…Il me semble bien qu’être capable de vivre cela quotidiennement et depuis des années ramène les choses à leur juste proportion. Là où d’autres privilégient la lumière, toi tu agis dans l’ombre. Une ombre oui ou plutôt un ange qui passe d’un cœur brisé à un autre pour soigner les maux avec des mots d’une intensité si rare.Tu ne liras sans aucun doute jamais ces quelques mots, dans le cas contraire je risque d’essuyer ta fureur… Mais une fureur toujours bienveillante ayant pour objet de corriger les choses sans jamais perdre de la délicatesse.Si je pouvais seulement te le dire, j’ose: c’est un honneur que d’être ton élève, il faut –à mon sens – le mériter et je ne pense pas être méritant. Je suis sûr néanmoins d’une chose, je veux fortement –disons-le le plus clairement possible– te ressembler .Alors pourquoi t’écrire ?Parce que nous avons un exemple vivant dont on pourrait s’inspirer plus souvent : un exemple d’abnégation et d’humilité, d’accessibilité et de générosité. Tout ce qui nous fait finalement défaut ici bas. La nature humaine nous dicte d’autres types de comportement : l’orgueil et la colère, l’intolérance aussi. Le plus souvent on est exigeant avec les autres et indulgent avec soi-même. On est très stricte pour tout ce que l’on introduit dans sa bouche, bien moins pour ce que l’on en sort ,et j’en passe …Je n’ai jamais vu pleurer mon maître, même dans l’adversité tu ne cesse de sourire. Un sourire qui en dit long…Je veux te dire Mon Maître qu’à chacune de nos rencontres mon cœur se rempli de joie. Je me sens aussitôt rassuré, réconforté…Le plus souvent j’ai envie de me jeter dans tes bras qui aussi souvent m’entourent comme si tu lisais dans mon cœur…Nos sages recommandent : « Fais-toi un maître »…Dans cette directive c’es le verbe « faire » qui m’interpelle.En même temps, en se fiant, confiant et référant à un maître on s’assure de la présence d’un guide… Le maître a une “maîtrise” de la vie qui permet de guider… C’est ce qui je perçois en toi jour après jour…En mettant un point final à cette missive j’aurais des regrets. Ceux de n’avoir pas tout dit de l’amour et de l’admiration que je te porte.C’est que dans certains cas les mots sont faibles…Que vaut ma bénédiction ?Je ne sais pas… mais que D.ieu t’accorde une longue vie avec une excellente santé.Que ton exemple nous inspire, cela rapprocherait notre délivrance, j’en suis convaincu.
A vous tous le meilleur bh.
Des membres de sa communauté témoignent de la perte immense et de la difficulté qu’ils auront à poursuivre sans lui. Ils sont d’autant plus peinés que la disparition du Rav a été soudaine et qu’ils n’ont pas eu le temps de lui dire au revoir.
Pour Paul Fitoussi, directeur de l’Ecole Yossef Girsa de Genève et ancien directeur de l’Ecole Yavne de Marseille, proche du rav Mimoun zal: “Le rav Mimoun a combattu pour la libération de Jérusalem en 1967. Il considérait que Yom Haatzmaout était un jour de fête. Et il était très attristé par les querelles politiques qui secouent actuellement la politique israélienne!”
profond respect pour ce geant
Baroukh Dayan Ha Émet
Que cet Homme qui su donner où il le fallait , quand il le fallaiit et à celui qui en avait le plus besoin… Puisse Aujourd’hui Reposer en Paix…
Son Passage parmis les Hommes , ces Disciples restera à jamais présent …
C’est une immense perte pour toute la communauté juive de Marseille. Je suis triste et très peinée.
Le Rav Mimoun avait veillé ma sœur sur son lit d’hôpital jusqu’à son dernier souffle. Je n’oublierais jamais combien il a été présent et réconfortant à nos côtés dans cette épreuve difficile. Qu’il repose en paix. Toutes mes pensées vont aussi à sa famille.