Lors de la visite de la délégation gouvernementale dans le Néguev lundi, le ministre de la Justice Gideon Saar avait déclaré en grande pompe que la Knesset allait enfin voter un amendement au code pénal instituant des peines-plancher pour les personnes coupables de vente, détention ou utilisation illégale d’armes, un « fléau national » selon l’avis quasi-général. Il s’agit d’une mesure demandée d’urgence par les dirigeants des maires et conseils régionaux du Néguev qui voient la sécurité personnelles des habitants se dégrader. Sans oublier que les armes qui se trouvent dans les mains du crime organisé glissent aussi vers des organisations terroristes.
La Knesset a donc effectivement approuvé le soir même un tel amendement, déposé par Sharren Haskel (Tikva ‘Hadasha) et le ministre de la Justice a pu ainsi affirmer que son parti Tikva ‘Hadasha applique les promesses qu’il a faites. « Nous sommes déterminés à restituer la gouvernance dans tout le pays », a souligné le ministre.
Mais une lecture des articles de la loi permet d’en découvrir un qui réduit considérablement voire annule son effet : les juges disposeront d’une « liberté de jugement » pour ne pas appliquer ces peines-plancher « en fonction de circonstances particulières » ! Or, ces « circonstances particulières » sont très présentes dans ce domaine, de nombreux juges hésitant à prononcer des peines sévères par crainte pour leur vie ou celle de leurs proches. C’est le propre d’un système mafieux tel qu’il s’est développé dans le Néguev. Cet article permettrait aussi des magistrats de ne pas applique ces peines pour des raisons idéologiques.
Dans les réserves émises par le Likoud, le député Chlomo Karhi avait proposé de supprimer cet article qui réduit la portée de cet amendement, en échange du retrait de toutes les autres réserves émises par son parti, mais en vain. Après le vote, il a déclaré que « la nouvelle loi n’apportera rien de nouveau par rapport à la situation qui prévalait auparavant ».
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