Cela peut sonner comme une blague juive, certains diront que c’est dans notre ADN, d’autres que c’est la raison pour laquelle Israël est une réussite économique: chez les Juifs, on veut tous être chef! Effectivement, une des caractéristiques de notre pays est l’esprit d’initiative, le nombre de sociétés qui se montent et la créativité de sa population.
L’entreprenariat: plus facile à dire qu’à faire?
Lorsqu’une personne arrive sur le marché de l’emploi, deux options s’ouvrent à elles: le salariat ou l’entreprenariat. Les observateurs constatent que ce qui fait la spécificité d’un pays comme Israël, c’est que ces deux possibilités se valent. A cela s’ajoute la valorisation de l’esprit d’entreprenariat qui règne dans notre pays.
Il en va de même pour les olim, qui lorsqu’ils débarquent, n’hésitent souvent pas, à lancer leur propre affaire.
Ils sont nombreux parmi les olim de France aussi. Nous en avons interrogés certains et tous commencent par assener une vérité peut-être évidente, peut-être aussi difficile mais qu’il faut souligner: rien ne se fait tout seul.
Ainsi, Jacques Amouyal, dirige aujourd’hui deux sociétés en Israël après avoir fait son alya: une dans la restauration et une dans le domaine médical. »Nous avons rencontré des obstacles avant de pouvoir exercer », se souvient-il, »la gestion ici est totalement différente de celle à laquelle nous étions habitués en France. Il nous a fallu apprendre des nouvelles règles fiscales, comptables, administratives. C’était un peu comme tout recommencer à zéro, comme il y a 50 ans. Pour nous, qui ne sommes pas nés en France, il faut savoir persévérer ».
Pour Méïr Nadjar qui a fondé en 2006, Synchroline, une entreprise de permanence téléphonique, la comparaison ne peut pas se faire puisqu’il n’avait pas d’entreprise en France. Mais dans l’absolu, il nous confie que la vie de chef d’entreprise n’est pas de tout repos.
»Les Israéliens sont très directs, assez bruts en fait. C’est une qualité, en un sens, puisqu’ils vont droit au but. S’ils veulent signer un contrat, ils ne tergiversent pas longtemps, les décisions sont prises très rapidement. Le revers de la médaille, c’est que cette caractéristique est valable aussi pour les aspects négatifs des affaires ».
Nathalie Daoudi, de l’entreprise »Bon Voyage Ltd », confirme le côté double tranchant qui attend les chefs d’entreprise en Israël: »Le marché israélien est très dynamique, les Israéliens sont de grands consommateurs. Dans un domaine comme le nôtre, nous le ressentons. Mais cette énergie rend parfois la clientèle difficile », ajoute-t-elle avec une pointe d’humour.
Anne Goldstein, dirige une société de traduction, AnyText. Pour elle, le statut de chef de petite entreprise ou d’indépendant comporte des inconvénients, certes, mais compensés de plus en plus par les efforts entrepris par l’Etat: »Les conges maternité, les retraites, les allocations chômage, sont autant de points qui sont spécifiques dès lors que l’on parle d’autoentrepreneur comme nous ».
L’entreprenariat: une valeur encouragée
Comme nous le fait remarquer Anne Goldstein, de plus en plus d’efforts sont faits pour avantager les petits entrepreneurs notamment par le biais de lois et le travail de la fédération des autoentrepreneurs »Irgoun Lahav ».
Anne parle d’expérience: »Notre statut n’est pas évident, notamment en ce qui concerne les avantages sociaux, mais les lois récentes nous ont donné des avantages jusqu’alors inexistants et encore plus pour les sociétés dirigées par des femmes ». Anne souligne également, que les banques se sont rendues compte de la valeur des petites entreprises et qu’elles possèdent toutes un département qui leur est consacré.
Le ministère de l’économie ainsi que des organismes comme MATI ou MAOF proposent des formations, des conseils, des conditions favorables pour des prêts et le tout très subventionné.
Un tour sur le site en français, www.2binisrael.org.il, du ministère de l’alya et de l’intégration permet de constater que tout est fait aussi pour assister les olim qui souhaitent créer leur entreprise en Israël, avec des conseils en amont même de l’alya.
Nathalie, quant à elle, reconnait volontiers que la gestion salariale est facilitée par la loi israélienne, ce qui constitue un avantage non négligeable pour un entrepreneur.
Il apparait que si certains chefs d’entreprise se sentent délaissés dans leur labeur quotidien, ce serait beaucoup le fait d’un défaut d’information. Force est de constater que l’Etat propose une ribambelle d’avantages que l’on gagnerait à voir mieux diffusés.
Sur un point, nos chefs d’entreprise s’accordent sans l’ombre d’un doute: être entrepreneur en Israël, c’est en soi une satisfaction immense. Méïr s’enthousiasme de l’aide du Ciel qu’il a ressentie à chaque pas dans son affaire, Jacques se dit heureux d’exercer sur sa terre et tous sont grisés par les défis que lancent le pays et sa population si particulière.
Alors, oui, tous encourageraient leurs proches à suivre la voie de l’entreprenariat. Anne conclut en nous disant: »Etre entrepreneur est une expérience que je conseillerais à condition de se faire accompagner et de bien s’entourer (avocat, expert-comptable) afin d’être au courant de toutes les possibilités qui existent ».
L’entreprenariat est plus exigeant, mais c’est apparemment une valeur qui monte. Quoi d’étonnant, diriez-vous, dans le pays aux 8 millions de premiers ministres?!
Guitel Ben-Ishay
