Avant d’accompagner vos enfants le jour de la rentrée, LPH vous propose quelques conseils et réflexions délivrés par Linda Attali.
Linda Attali a une grande expérience dans le domaine de la psychologie scolaire. Elle travaille auprès de nombreuses structures depuis le gan jusqu’au lycée, donne des conseils aux équipes pédagogiques, aux familles et dirige des thérapies individuelles et de groupe pour jeunes et pour adultes.
Le P’tit Hebdo: Comment aborder avec nos enfants le sujet du retour à l’école?
Linda Attali: Comme tout évènement important de la vie d’un enfant ou d’un adolescent, chaque rentrée scolaire doit faire l’objet d’un dialogue entre les parents et leurs enfants. Il est important de garder à l’esprit qu’il s’agit d’un nouveau départ, d’une nouvelle chance. La rentrée est l’occasion de découvrir de nouveaux potentiels chez l’enfant que ce soit dans le domaine purement scolaire ou social et comportemental.
Ainsi, il convient de parler avec son enfant, en lui réservant un moment de détente comme un the partagé ou une sortie. Avec lui, il faudra faire le point sur la façon de préserver ses réussites passées et sur les difficultés qu’il a pu rencontrer. Ce qui est fondamental, c’est de conserver une ambiance positive. Les parents doivent renforcer la foi de leur enfant dans ses capacités, sa possibilité d’atteindre ses buts tout en lui promettant aide et soutien. Cela n’empêche pas les parents de préciser limites et exigences adaptées a chaque enfant.
Lph: Certaines rentrées relèvent de changements importants, comme celle en kita alef. Quels sont les conseils que vous pouvez donner?
L.A.: L’entrée en kita alef est souvent accompagnée d’une grande émotion. En général, un enfant en bonne santé, veut découvrir de nouvelles choses. Cela ne veut pas dire qu’il n’a pas d’angoisses: dans ce cas, il ne faut pas les renier par un ”tout ira bien”, mais être à l’écoute et rassurer. N’hésitez pas non plus à aller physiquement avec lui à l’école quelques jours avant la rentrée afin de rendre le lieu plus familier.
Lph: Les premiers jours surtout, les parents attendent de leurs enfants qu’ils leur racontent: ”alors comment ça s’est passé?”. Comment susciter le dialogue?
L.A.: Tout est une question de choix du moment. Les parents eux même stressés et curieux, veulent souvent tout entendre dès la sortie de l’école, mais pour les enfants, c’est justement le moment où ils veulent se déconnecter et n’ont pas toujours envie de raconter. Il ne faut pas s’en faire ou entrer en hystérie. Le tout est de donner plusieurs opportunités au cours de l’après-midi ou de la soirée, de créer des espaces d’échanges. Le repas du soir est, en général, un bon moment de rencontre qui peut déclencher le désir de raconter sa journée.
Lph: L’une des préoccupations des parents est aussi le degré d’intégration sociale de leur enfant au sein de l’école. Doit-on s’en mêler? A quel moment s’en inquiéter?
L.A.: Dans mon travail au quotidien dans les écoles, les enfants en souffrance parce qu’ils n’arrivent pas à nouer des relations amicales avec leurs camarades, sont les cas qui me touchent le plus. C’est une souffrance terrible. Ce sont d’ailleurs des enfants que je suis et que je rencontre avant la rentrée scolaire afin de les aider à trouver les outils pour la nouvelle année.
Comment détecter que son enfant souffre de problèmes relationnels? Il s’agit d’une impression générale: un enfant ou un adolescent qui rentre avec beaucoup de colère, d’accusation, de rancœurs par rapport aux autres. Parfois la difficulté vient du fait que le jeune ne parvient pas à lire la carte sociale, c’est-à-dire qu’il a du mal à interpréter les relations avec autrui, les codes et/ou prend de manière trop sensible chaque évènement.
Les parents ne peuvent pas intervenir sur chaque chose mais il faut laisser à son enfant la possibilité de s’exprimer. Il est toujours bon ensuite de consulter son enseignant et si vraiment la souffrance persiste alors on doit prendre conseil auprès d’un professionnel. Mais les parents doivent garder leur calme face à ces situations: les enfants parfois se terrent dans le silence parce qu’ils veulent protéger leurs parents ou craignent des réactions trop excessives.
Lph: Pour finir quels sont les points essentiels à avoir en tête pour une rentrée réussie?
L.A.: En tant que parents, nous devons être vigilants aux besoins de nos enfants, privilégier le dialogue et être à l’écoute.
Afin de commencer du bon pied, je dirais qu’il faut aider son enfant à organiser son espace d’apprentissage, qu’il recrée à chaque rentrée: cela signifie avoir des affaires scolaires bien rangées et suivre son enfant dans les premières semaines d’école afin de détecter le plus tôt possible un relâchement ou des difficultés qui nécessitent un soutien et ne pas attendre l’échec pour réagir. Le tout devant se traduire par une intervention légère, agréable et encourageante de la part des parents.