Les enfants turbulents ont toujours existé alors pourquoi est-ce aujourd’hui LE SUJET à la mode en Israël? Il y a 30 ans ces enfants n’étaient pas diagnostiqués “hyperactifs” mais la réalité vécue par les parents étaient la même. Ce qui a vraiment changé ce sont d’abord les moyens technologiques qui ont évolué et qui permettent de poser un diagnostic plus précis et précoce. Puis, les mentalités ont changé. Aujourd’hui on parle librement des jeunes qui “dérangent” leur entourage. Les parents n’hésitent pas à consulter, non pas pour les stigmatiser mais parce qu’ils ont compris que les enfants pris en charge aujourd’hui seront demain des adultes plus heureux.
Qui n’a pas assisté à un repas de famille où un enfant turbulent dérangeait? Le parent, en plus de se sentir gêné, doit alors souvent affronter des remarques et des conseils qu’il n’a pas demandés. “Il ne le fait peut-être pas exprès!”, “Vous l’avez fait diagnostiquer?”, ” Et si ton enfant était hyperactif”? “Vous savez aujourd’hui la ritaline ça marche bien”.
Si le fait de mettre un parent et son éducation sur la sellette est improductif, il est juste de se poser les bonnes questions et de les partager avec un professionnel de la santé mentale. Celui-ci pourra faire de l’ordre entre les idées reçues et la réalité. Il analysera la situation au cas par cas et posera un diagnostic différentiel.
Alors qu’en est-il exactement? Selon le profil du jeune qu’est- ce qui relève de l’enfant difficile ou du Trouble de l’Attention avec ou sans Hyperactivité (TDA/H)?
Il est courant que des symptômes communs à plusieurs pathologies apparaissent. Un jeune qui bouge beaucoup, coupe la parole ou qui a du mal à se concentrer n’est pas forcément hyperactif. Or, un enfant atteint du TDA/H voit ses fonctions exécutives déréglées. Tout ce qui est nécessaire à un enfant normatif pour s’adapter à des nouvelles situations de la vie au quotidien: anticiper, s’organiser temporellement ou se concentrer sera difficile pour lui. Les causes principales de ce trouble sont donc neurologiques et non pas éducationnelles comme c’est le cas pour les enfants difficiles.
Si le fonctionnement neurologique est déficitaire chez un enfant atteint du trouble de l’attention il faudra lui donner des outils pour surmonter ces difficultés.
Cette aide adaptée se situe sur 3 niveaux: une thérapie individuelle qui redonnera confiance à l’enfant, une formation psycho-éducationnelle aux parents (leur expliquer de quoi souffre leur enfant et leur octroyer des conseils à appliquer à la maison), puis enfin, seulement quand et si c’est nécessaire, une thérapie médicamenteuse adaptée, avec un suivi indispensable du médecin traitant.
Il est important de ne pas oublier l’élément institutionnel, à savoir l’école dans laquelle étudie l’enfant qui doit être pris en compte. Orel, un enfant de 8 ans a été reçu en consultation avec ses parents. Il était décrit par les enseignants comme un enfant turbulent, insolent, incapable de se concentrer et très agressif avec les autres enfants. La question de l’hyperactivité s’est posée. Nous avons donc testé son impulsivité et un éventuel problème de concentration puis nous avons recoupé les données concernant l’enfant. Comment se comportait-il à la maison? Avec ses amis? Nous avons conclu que le problème était affectif. En effet, il semblait qu’Orel à la maison était très calme voir effacé et triste. Ni crise, ni problème particulier pour s’organiser ou se calmer. Il démontrait un manque de confiance en lui et une recherche constante d’attention. “Faire le zouave en classe” traduisait un désir d’être remarqué et embêter ses camarades était une main tendue pour être inclus. Nous avons donc crée pour lui un programme d’éducation incluant tous les acteurs de sa vie. Le professeur principal a particulièrement travaillé avec lui pour lui donner sa place et renforcer sa confiance en lui. Peu à peu Orel s’est mieux senti et ses rapports avec son entourage se sont améliorés.
Le diagnostic doit donc reposer sur une multitude de facteurs. L’entourage est essentiel mais n’oublions pas d’écouter l’enfant, son ressenti. Lui seul pourra nous faire comprendre s’il est hyperactif. Si c’est le cas alors … nous verrons comment adapter le traitement.
Deux exposés seront donnés prochainement à Modiin et Ashdod sur les thèmes de “L’enfant difficile, un mythe ou une réalité?” et “La médicamentation pour les enfants diagnostiqués “hyperactifs” est-elle l’unique solution?
Samuel Tubiana, Psychologue scolaire 055-666-7288
Thérapeute enfants et adolescents, [email protected]
Bat-El Danous. Psychologue du développement pour Enfants et Adolescents, Thérapeute méthode ABA. 050-6255-992, [email protected]