Enfin ! Après bien des péripéties et bien des tourmentes qu’il a fallu affronter, nous voici dans les plaines de Moab, sur les rives du Jourdain qui seul, encore, nous sépare d’Eretz Israël. Moïse va nous faire ses dernières recommandations et nous pourrons nous élancer à la conquête tant attendue de notre terre bien-aimée – Eretz Israël. Or, soudain, les chefs de deux tribus, la tribu de Gad et celle de Réouven, font part à Moïse de leur désir de rester en deçà du Jourdain, en Transjordanie, sur les terres conquises par Moïse sur Sihon roi des Amorréens et sur Og, roi du Bachân.
Moïse, outré, répond sèchement aux enfants de Gad et à ceux de Réouven[1] :
« Quoi !? Vos frères iraient au combat, et vous vous demeureriez ici !?
Verset que Rachi commente ainsi : « C’est une expression de stupéfaction. »
Il ne s’agit pas, dit Rachi d’une interrogation, comme la forme verbale le suggère. C’est un cri d’angoisse et de stupéfaction, d’incrédulité aussi, que Moïse lance du plus profond de son cœur. Ce qui l’émeut, ce n’est pas le fait qu’il s’agirait d’une désobéissance à la mitzva de prendre possession de la Terre. C’est qu’il craint de se trouver confronté, de la part de ces deux tribus, à un grave manquement de caractère moral : on ne peut imaginer qu’une partie du peuple ne participe pas aux combats où le reste du peuple se trouve engagé. On ne peut admettre que certains prétendent laisser leurs frères seuls face aux dangers de la guerre.
L’avenir du peuple juif se joue aujourd’hui en Israël. Notre pays est entouré d’ennemis qui veulent empêcher ce retour d’Israël à sa patrie et en détruire les réalisations. C’est un impératif moral pour tout jeune de comprendre que sa place est aux côtés de ses frères et de se préparer avec eux à la défense de son pays.
Nous devons tous entendre le cri de Moïse et que chacun réponde : me voici !
[1] Nombres xxxii, 6.
Extrait de l’ouvrage A la Table de Shabbat du Rav Shaoul David Botschko