Quelle bénédiction doit-on prononcer après avoir consommé les fruits, appelés « fruits d’Israël » ? La Michna rapporte trois opinions[1] :
Celui qui mange des raisins, des figues ou des grenades, doit réciter les trois bénédictions[2], paroles de rabban Gamliel. Les Sages disent qu’il suffit de prononcer une bénédiction qui résume les trois[3]. Rabbi Aqiba dit que même s’il n’a mangé qu’un légume, si celui-ci constitue son repas, il doit réciter les trois bénédictions.
C’est bien l’opinion de rabbi Aqiba qui semble la plus logique. Qu’importe ce que l’on mange, pourvu que l’on soit rassasié. C’est ce qu’exprime le verset[4] : « Tu mangeras à satiété et tu béniras Hachem ton Dieu… »
Pourtant, la halakha n’a pas retenu l’opinion de rabbi Aqiba, mais celle des Sages et l’on ne récite le Birkat Hamazon que si l’on mange du pain ; pour les fruits d’Eretz Israël, une bénédiction spéciale, « le Birkat Hamazon résumé » et pour les autres mets, on dit une bénédiction courte, Boré néfachot.
Une lecture complète du verset permet d’expliquer l’opinion des Sages :
« Tu mangeras à satiété et tu béniras Hachem ton Dieu pour la bonne terre qu’Il t’a donnée. »
Le Birkat Hamazon n’est pas seulement une bénédiction destinée à remercier Dieu pour la nourriture qu’Il accorde ; c’est surtout une bénédiction louant le Tout-Puissant d’avoir donné la terre d’Israël à Son peuple.
Le don d’Eretz Israël est un fondement de l’identité d’Israël. C’est pourquoi Dieu demande qu’on s’en souvienne tous les jours. Notre paracha rappelle qu’Eretz Israël a été bénie et qu’on y trouve des bons fruits et du pain en abondance[5] :
« Car Hachem ton Dieu t’emmène vers un bon pays, un pays plein de cours d’eau, de sources et de torrents qui s’épandent dans les vallées et les montagnes, un pays qui produit le froment et l’orge, le raisin, la figue et la grenade, l’olive huileuse et le miel, un pays où tu ne mangeras pas ton pain avec parcimonie, un pays où il ne manque rien ; ses pierres y sont du fer et de ses montagnes, tu extrairas du cuivre, tu mangeras à satiété. »
Aussi à chaque repas, chaque fois que l’on mange du pain, nourriture par excellence, mais aussi, mets fabriqué avec du froment, produit qui rappelle la terre d’Israël, on bénira Dieu pour le pays qu’il nous a donné. Rabban Gamliel pense qu’il en est de même pour tous les fruits mentionnés dans le verset. Selon les Sages, certes, il faut faire une bénédiction spéciale pour ces fruits-là, mais on ne dira les trois bénédictions que si c’est à la fois le mets constituant de base du repas et un aliment issu du froment ou du blé, produits qui rappellent Eretz Israël.
Durant tout son exil, le peuple juif a ainsi été fidèle à son pays. Même lorsqu’il était pauvre et persécuté, il suffisait qu’il ait mangé un morceau de pain pour qu’il se souvienne de son antique patrie et qu’il en remercie le Tout-Puissant. Il s’extirpait ainsi de son malheur et se réjouissait de son bonheur futur. Quel témoignage de fidélité et de confiance !
Le texte du Birkat Hamazon lui-même exprime la double signification de cette prière. En effet, la première bénédiction est consacrée à remercier Dieu qui pourvoit aux besoins de chacun « qui nourrit tout l’Univers dans Sa bonté » et la deuxième est consacrée à Eretz Israël : « Nous te remercions pour la terre de délices, bonne et large que Tu nous as attribuée… »
Il faut s’interroger sur le sens de la troisième bénédiction. Elle est consacrée à Jérusalem. Quel est donc le rapport entre la capitale d’Israël et la nourriture ? Les versets qui suivent immédiatement apportent la réponse[6] :
« Prends bien garde de ne pas oublier Hachem ton Dieu… de peur que tu manges à satiété, que tu te construises de belles maisons et que tu t’installes… et tu vas t’enorgueillir et tu risques d’oublier Hachem ton Dieu qui t’a fait sortir d’Égypte. »
En d’autres termes, lorsque nous remercions Dieu pour la bonne terre qu’Il nous a donnée, il ne faut pas oublier le but de notre mission en Eretz Israël : construire une société conforme à la Thora. Aussi, lorsqu’on rappelle Eretz Israël, on doit se souvenir en même temps de Jérusalem, le cœur d’Eretz Israël, qui lui donne sa dimension spirituelle.
[1] Berakhot 44a.
[2] C’est-à-dire le Birkat Hamazon, action de grâce dite à la fin d’un repas où l’on a mangé du pain et qui est composée de trois bénédictions.
[3] C’est-à-dire qu’à leur avis, on ne dit le Birkat Hamazon complet que si l’on a mangé du pain.
[4] Deutéronome viii, 10.
[5] Ibid., 7 à 10.
[6] Ibid., 11 à 14, 18.
Extrait de l’ouvrage du Rav Shaoul David Botschko ”A la table de Shabbat”
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029972023
Pas tout à fait d’accord .
Si l’on mange un fruit quelconque pour le plaisir ,
Juste la Prière concernant ce fruit est à réciter , avec le Chehiyanou si c’est le Premier fruit que l’on goûte .
Si le Fruit est un Repas Complet , faute de ne pas avoir autre chose , c’est les Trois prières qui doivent êtres récités .
Car cela englobe la Satiété , et cette Nourriture vient également de la Terre que nous à donné le Seigneur et où le ou les fruits ont germés et me permettent ainsi de pouvoir faire un repas complet sans le pain ,issu également de la Terre reçue en Héritage …
Je pense et j’espère ne pas mettre Trompé , dans mon intervention .
Et c’est le Chic de notre Torah , toujours se remettre en Question , comment et pourquoi .
Pas d’accord avec la hala’ha ?
Avant de l’ouvrir, R. Akiba a étudié 40 ans…
Birkat hamazone signifie bénédiction Sur la nourriture. Et pas seulement lors d’un repas avec pain. Il y en a donc plusieurs. Et soudain, l’article devient intelligible. Finalement, tout ce qui nous procure une jouissance, ou même simplement du bien, même une simple “échappée belle”, une reconnaissance…mérite une bénédiction pour Son Auteur.
Ça démarre au réveil, dès la “reconnexion”, et finit avant l’endormissement de la conscience.