Une vague de défaitisme déferle sur le peuple d’Israël. Les explorateurs qui le représentent sont pris de panique lorsqu’ils découvrent la puissance des habitants de Canaan. Il n’est pas possible à leurs yeux de prendre possession de cette terre donnée par Dieu.
Caleb échappe quant à lui à cette vague de défaitisme. D’où a-t-il puisé la force d’aller ainsi à contre-courant ? Rachi répond à cette question en constatant que seul Caleb est allé à ‘Hévron[1] :
Il vint jusqu’à ‘Hévron. Seul Caleb y est allé, et il s’est prosterné devant les tombes des patriarches, afin de ne pas se laisser entraîner dans le complot fomenté par ses compagnons.
Quel rapport existe-t-il entre une visite au tombeau des patriarches et la capacité de résister à la tentation des explorateurs ?
La réponse est très simple : les explorateurs sont des réalistes ; de leur point de vue – le point de vue de la realpolitik – il est impossible que le peuple d’Israël revenant chez lui puisse s’installer sur la terre à présent occupée par les Cananéens.
Caleb se recueille chez les Patriarches. Eux-mêmes ou leurs épouses étaient stériles et pourtant ! Voici leurs descendants sortant d’Égypte par millions. C’est bien que l’existence d’Israël ne dépend pas des conditionnements naturels ni des lois sociohistoriques qui régissent l’existence des nations. Aussi, c’est avec une foi vaillante que Caleb savait qu’Israël s’installerait sur sa terre envers et contre tout.
Se recueillir à ‘Hévron, y ressourcer sa connaissance, c’est renforcer sa foi.
[1] Rachi s/Nombres xiii, 22.
Extrait de l’ouvrage A la Table de Shabbat par le Rav Shaoul David Botschko