7ème paracha du 4ème Livre du Pentateuque, Bamidbar-Nombres
Introduction. Bilâm prophète des nations. D-ieu a jugé bon que les nations païennes aient un prophète pour leur ôter toute possibilité de se plaindre et de prétendre que si elles avaient disposé d’un guide capable de leur faire connaître Sa volonté, elles auraient atteint un niveau proche de celui du peuple juif. Ce prophète c’est Bilâm. Cette paracha évolue autour de pouvoir imprécatoires de Bilâm sollicité par Balak, roi de Moav, et de ses tentatives de maudire le peuple juif qui approche. Mais D-ieu déjoue son plan en s’abstenant durant tout ce temps de rendre un jugement. La paracha rapporte les tentatives répétées mais infructueuses de Bilaâm pour maudire Israël, ainsi que la façon dont Hachem le contraint à bénir son peuple. Ces bénédictions sont si importantes que les sages ont songé à les ajouter aux prières quotidiennes. Hachem choisit d’adresser ces bénédictions sublimes à Israël par le biais d’un homme aussi mauvais et pervers que Bilaâm, afin que la terre entière sache que nul ne peut porter préjudice à Israël contre la volonté Divine.
Le Texte. Chapitre 22. 2. Balak, fils de Tsippor, ayant su tout ce qu’Israël avait fait aux Amorréens, 3. Moab eut grand peur de ce peuple, parce qu’il était RaV– nombreux, et Moab Vayikatz–fut dégouté à cause des enfants d’Israël. 4. Et Moab dit aux anciens de Midiane : « Bientôt cette multitude aura fourragé tous nos alentours, comme le bœuf fourrage l’herbe des champs ! » Balak régnait sur Moab. 5. Il envoya des messagers à Bilâm, fils de Béor, à Péthor, pour le mander : « Un peuple est sorti d’Egypte ; déjà il couvre la face du pays, et il est campé vis-à-vis de moi. 6. Viens donc, je te prie, et maudis-moi ce peuple, car il est plus puissant que moi : peut-être parviendrai-je à le vaincre et le repousserai-je du pays. Car, je le sais, celui que tu bénis est béni, et celui que tu maudis est maudit. » 7. Les anciens de Moab et ceux de Madian partirent et transmirent à Bilâm les paroles de Balak. 8. Il leur répondit : « Restez ici cette nuit, et je vous rendrai réponse selon ce que l’Éternel m’aura dit. » Ainsi fut-il. 9. D-ieu dit à Bilâm : « Qui sont ces hommes-là chez toi ? » 10. Bilâm répondit : « C’est Balak, fils de Tsippor, roi de Moab, qui m’envoie dire : 11. ‘…ce peuple, Viens donc, maudis-le moi ; peut-être pourrai-je l’attaquer et l’expulserai-je ! » 12. L’Eternel dit : « Tu n’iras point avec eux. Tu ne maudiras point ce peuple, car il est béni ! » 13. Bilâm, au matin, dit aux officiers de Balak : « Retournez dans votre pays ; car l’Éternel n’a pas voulu me permettre de partir avec vous. » 14. Les princes de Moab se retirèrent, revinrent auprès de Balak et lui dirent : «Bilâm a refusé de nous accompagner». 15. Balak revint à la charge, en envoyant des princes plus nombreux et plus considérés que ceux-là. 16. Ils dirent à Bilâm : « Ainsi parle Balak, fils de Cippor : Ne te défends pas, de grâce, de venir auprès de moi. 17. Car je veux te combler d’honneurs, et tout ce que tu me diras je le ferai ; mais viens, de grâce, maudis-moi ce peuple ! » 18. Bilâm répondit : « Quand Balak me donnerait de l’argent et de l’or plein son palais, je ne pourrais contrevenir à l’ordre de l’Éternel mon Dieu, en aucune façon. 19. Et maintenant, veuillez attendre ici, vous aussi, cette nuit, que je sache ce que l’Éternel doit encore me dire. » 20. Dieu aborda Bilâm pendant la nuit, en lui disant : « Puisque ces hommes sont venus pour te mander, va avec eux ! Et cependant, les ordres que je te donnerai, ceux-là seulement, tu les accompliras ! » 21. Bilâm se leva le matin, sangla son ânesse, et partit avec les princes de Moab.
Explications. V. 2 et 3. Balak possédait lui-même de facultés divinatoires et il vit que la descendance de Moav donnera naissance à Ruth la moabite, qui se convertira au peuple d’Israël, et qu’à partir de son union avec Boaz naîtra la maison royale d’Israël. Le roi David était l’arrière-petit-fils de Ruth. Boaz, en revanche, était né juif, descendant de la tribu de Yéhouda.
וַיַּ֥רְא בָּלָ֖ק בֶּן־צִפּ֑וֹר אֵ֛ת כָּל־אֲשֶׁר־עָשָׂ֥ה יִשְׂרָאֵ֖ל לָֽאֱמֹרִֽי
וַיָּ֨גָר מוֹאָ֜ב מִפְּנֵ֥י הָעָ֛ם מְאֹ֖ד כִּ֣י רַב־ה֑וּא וַיָּ֣קָץ מוֹאָ֔ב מִפְּנֵ֖י בְּנֵ֥י יִשְׂרָאֵֽל
« Et Balak, fils de Tsipor vit tut ce qu’Israël avait fait à l’Amorréen »
« Moav eut grand peur de la face du peuple parce qu’il était nombreux et Moav fut dégoûté face aux enfants d’Israël ».
Le mot RaV–nombreux est l’acrostiche de : Ruth et Boaz (la lettre Beth/Veth est la même). Il fût très apeuré et en même temps dégouté – וַיָּ֣קָץ– Vayakatz – que le peuple de Moav puisse engendrer le futur roi juif et contribuer à la grandeur d’Israël. Comme expliqué dans la paracha précédente avec le serpent, il n’y a pas de mal absolu et le mal peut produire également le bien, exception faite pour le peuple d’Amalec.
Verset 4 : Moab et Midiane, des ennemis de longue date se sont alliés pour faire face à la menace que représente pour eux Israël. Ils craignent que cet ennemi ne déracine et ne détruise tout sur son passage, à la façon dont le taureau arrache l’herbe jusqu’à sa racine et ne laisse rien sur son passage. Moab, à la recherche d’une méthode radicale pour enrayer ce « danger », espère que les Midianites, parmi lesquels Moché Rabbénou a vécu après avoir fui l’Egypte dans sa jeunesse, lui expliqueront les raisons de son succès ainsi que les moyens de le vaincre. C’est pourquoi lorsque les Midianites lui apprennent que la force de Moché réside dans sa bouche, les Midianites envoient chercher Bilâm, le prophète malfaisant, dont le pouvoir réside dans sa faculté à maudire.
La tentative de malédiction. 21. Bilâm se leva le matin, sangla son ânesse, et partit avec les princes de Moab. 22. Dieu en fut irrité et un ange du Seigneur se mit sur son chemin pour lui faire obstacle. Or, il était monté sur son ânesse, et deux serviteurs l’accompagnaient. 23. L’ânesse, voyant l’ange de D-ieu debout sur son passage et l’épée nue à la main, s’écarta de la route et alla à travers champs ; Bilâm frappa l’ânesse pour la ramener sur la route. 24. Alors l’ange se plaça dans un chemin creux entre les vignes, clôture deçà, clôture delà. 25. L’ânesse, devant l’ange, se serra contre le mur, et froissa contre le mur le pied de Bilâm, qui la frappa de nouveau. 26. Mais de nouveau l’ange prit les devants, et il se plaça dans un lieu étroit, où il n’était possible de s’écarter ni à droite ni à gauche. 27. L’ânesse, voyant encore l’ange, se coucha sous Bilâm. Enflammé de colère, Bilâm la frappa de son bâton. 28. Alors l’Eternel ouvrit la bouche de l’ânesse : « Que t’ai-je fait, pour que tu m’aies frappée ainsi à trois pieds (trois reprises) ? » 29. Bilâm répondit : « Parce que tu te joues de moi ! Si je tenais une épée, certes, je te tuerais sur l’heure ! » 30. Et l’ânesse dit à Bilâm : « Ne suis-je pas ton ânesse, que tu as toujours montée jusqu’à ce jour? Avais-je accoutumé d’agir ainsi avec toi ? » Et il répondit : « Non ! » 31. Soudain, D-ieu dessilla les yeux de Bilâm, et il vit l’ange debout, l’épée nue à la main ; il se prosterna sur sa face. 32. L’ange d’Hachem lui dit : « Pourquoi as-tu frappé ton ânesse par trois fois? C’est moi qui suis venu me poser en obstacle, parce que ce voyage a lieu contre mon gré. 33. Cette ânesse m’a vu, et elle s’est écartée trois fois ; si elle ne s’était écartée, assurément je t’aurais fait mourir, tandis que je l’aurais laissée vivre. » 34. Bilâm répondit : « J’ai péché, parce que je ne savais pas que tu fusses posté devant moi sur le chemin ; et maintenant, si cela te déplaît, je m’en retournerai. » 35. Mais l’ange de l’Eternel dit à Bilâm : « Va avec ces hommes ! Et cependant, la parole que je te dicterai, celle-là seule tu la diras ». Et Bilâm poursuivit sa route avec les officiers de Balak. 36. Balak, ayant appris que Bilâm venait, alla le recevoir à Ir-Moab, qui est sur la limite de l’Arnon, au point extrême de la frontière. 37. Et Balak dit à Bilâm : « Ne t’avais-je pas appelé par un premier message? Pourquoi n’es-tu pas venu près de moi ? Est-ce qu’en vérité je n’ai pas le pouvoir de te faire honneur ? » 38. Bilâm répondit a Balak : « Tu le vois, je suis venu vers toi ; mais est-il en ma puissance de dire quoi que ce soit? La parole que Dieu mettra dans ma bouche, c’est celle-là que je dois dire. » 39. Bilâm fit route avec Balak, et ils arrivèrent à Kiryath-Houtzoth. 40. Balak immola bœufs et brebis, dont il envoya des parts à Bilâm et aux officiers qui l’accompagnaient. 41. Et le matin venu, Balak alla prendre Bilâm et le conduisit sur les hauteurs de Baal, d’où il vit jusqu’aux dernières lignes du peuple.
Explications. Bilâm nourrissait une virulente aversion pour D.ieu et Ses mandataires, le peuple juif. En se levant de bon matin pour se mettre en route dans sa mission maléfique, il espérait « rappeler » à D.ieu combien les Juifs avaient été prompts à se rebeller contre Lui. Mais D.ieu fit savoir à Bilâm que sa promptitude avait été devancée par celle d’Abraham, le patriarche. Abraham s’est levé de bon matin afin d’accomplir avec amour et dévouement l’ordre de D.ieu de sacrifier son fils Isaac. Le mérite de l’amour d’Abraham pour D.ieu contrepesait la haine de Bilaâm. Le peuple juif avait hérité de l’amour d’Abraham ; ses rébellions dans le désert n’avaient été que des écarts de conduite momentanés dans son inhérent et indéfectible dévouement pour D.ieu. De façon similaire, lorsque nous sommes amenés à devoir réparer un dommage causé par nous en ayant délibérément ignoré la volonté de D.ieu, la façon la plus sûre de nous amender est d’affermir notre amour pour Lui. Cet amour à son tour transformera nos fautes passées en une motivation pour accomplir de bonnes actions. Tout comme D.ieu transforma les malédictions de Bilaâm en bénédictions, nous pouvons nous aussi toujours transformer les « malédictions » en bénédictions. Verset 28. « Que t’ai-je fait, pour que tu m’aies frappée ainsi à trois pieds (trois reprises) ? » Ici le texte utilise l’expression « trois pieds–Chaloche Régalim » pour dire trois reprises. C’est une référence au mérite qu’Israël acquerra dans le futur en se rendant trois fois par an au Beth-haMikdache pour les trois fêtes de pèlerinages, appelées les « Trois Pieds » car les juifs, pour arriver au Temple, ils y montaient à pieds pour les trois fêtes : Pessah, Chavouot et Souccoth, laissant leur champs et leur demeures sans protection pour aller à Jérusalem. Ce mérite préservait le peuple juif du mal que Bilâm tente de lui infliger. Bilâm croit-il vraiment pouvoir nuire à un peuple animé d’une telle foi en Hachem ?
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Le Texte. Chapitre 23. 1. Alors Bilâm dit à Balak de préparer sept autels, sept taureaux et sept béliers. 2. Balak s’exécuta. Puis ils offrirent un taureau et un bélier sur chaque autel. 3. Bilâm s’éloigna pour rencontrer D-ieu auQuel il dit : « J’ai dressé sept autels, et offert les bêtes ». 5. L’Éternel mit sa parole dans la bouche de Bilâm, et lui dit : « Retourne vers Balak, et tu parleras de la sorte… » 6. II retourna vers Balak, ses princes [de Moav], debout devant son holocauste. Première bénédiction : 7. Et il proféra son oracle en disant : « II me fait venir d’Aram, Balak roi de Moab ; il m’appelle des monts de l’orient : ‘Viens maudire pour moi Jacob ! Oui, viens menacer Israël ! ‘8. [mais moi] Comment maudirais-je celui que D-ieu n’a point maudit ? Comment menacerai-je, quand l’Éternel est sans colère ? 9. Oui, je le vois de la cime des rochers, et du haut des collines, je le découvre : ce peuple, il vit solitaire, il ne se confondra point avec les nations. 10. Qui peut compter la poussière de Jacob, nombrer la multitude d’Israël ? Puissé-je mourir comme meurent ces justes, et puisse ma fin ressembler à la leur ! ».
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Explications. V. 8. « Comment puis-je maudire ? … D-ieu n’a pas maudit ». Ce thème revient en filigrane dans les prophéties se Bilâm : en dépit de sa réputation, ce sorcier n’a pas le moindre pouvoir de proférer une malédiction, ni même de prononcer des paroles allant dans ce sens. Hachem n’a jamais maudit les Beney Israël, même lorsqu’ils péchèrent et méritaient la malédiction. Quand Jacob obtint les bénédictions de son père, Isaac dit : « Il sera béni » (Genèse 27 ; 33) ; quand Jacob admonesta Chimone et Lévy, il maudit uniquement leur colère mais pas leur personne ; et lorsque, avant d’entrer en Terre Sainte, les Beney Israël s’apprêteront à écouter les bénédictions et les malédictions, la Torah prendra soin de ne pas formuler de malédiction directement à leur encontre (deutéronome 27, 12).Verset 10. Le peuple juif est ici comparé (favorablement) à la poussière. Tout comme des trésors cachés sont enfouis dans la terre, de même, il existe des trésors de pure foi en D.ieu et d’amour profond et de crainte de Lui enfouis en chaque Juif. Ces trésors peuvent être parfois difficiles à découvrir, tout comme les richesses que recèle le sol sont souvent enfouies très profondément sous la surface. Mais ils sont cependant bien là et, avec suffisamment d’efforts, ils peuvent être révélés au grand jour.
Le Texte. 11. Balak dit à Bilaâm : « Que m’as-tu fait ! J’ai eu recours à toi pour maudire mes ennemis, et voilà que tu les bénis, au contraire ! » 12. Mais il répondit : « Certes, ce que l’Éternel met dans ma bouche, ne dois-je pas fidèlement le redire ? » 13. Balak lui dit : « Viens, je te prie, avec moi dans un autre lieu, d’où tu pourras voir ce peuple : tu n’en verras que les derniers rangs, tu ne le verras pas tout entier. Et maudis-le moi de là. » 14. Il le conduisit au plateau de Tsofîm, sur la crête du Pisga ; il y dressa sept autels, et offrit sur chaque autel un taureau et un bélier. 15. Bilâm dit à Balak : « Tiens-toi ici, près de ton holocauste, et moi, j’attendrai là-bas la rencontre. » 16. L’Éternel se présenta à Bilâm, inspira un discours à ses lèvres, lui disant : « Va rejoindre Balak, et tu parleras ainsi… » 17. Il revint près de lui, et le trouva debout près de son holocauste, les princes de Moab à ses côtés. Et Balak lui demanda : « Qu’a dit l’Éternel ? » Deuxième bénédiction : 18. Il proféra son oracle en ces termes : « Prépare-toi, Balak, à m’entendre ; prête-moi l’oreille, fils de Tsippor ! 19. Dieu n’est pas un mortel, pour mentir, ni un fils d’Adam, pour qu’il se ravise ; est-ce lui qui parle et ne tient point parole ? Qui affirme et n’exécute point ? 20. Oui, j’ai reçu mission de bénir ; il a béni, je ne puis le dédire. 21. Il n’aperçoit point d’iniquité en Jacob, il ne voit point de mal en Israël : l’Éternel, son Dieu, est avec lui, et l’amitié d’un roi le protège. 22. Délivré, par ce Dieu, de l’Egypte, il a le vigoureux élan du Réêm. 23. Il ne faut point de magie à Jacob, point de sortilège à Israël : ils apprennent à point nommé, Jacob et Israël, ce que Dieu a résolu. 24. Voyez ! Ce peuple se lève comme un léopard, il se dresse comme un lion ; il ne se reposera qu’assouvi de carnage, qu’enivré du sang de ses victimes ! » Colère de Balak : 25. Balak dit à Bilâm : « Ne le maudis point, soit, mais ne le bénis point non plus ! » 26. Bilâm répondit à Balak : « Ne t’avais-je pas fait cette déclaration : tout ce que dira l’Éternel, je dois le faire ? » 27. Et Balak dit à Bilâm : « Viens donc, que je te conduise à une autre place ; peut-être ce Dieu trouvera-t-il bon que, de là, tu me les maudisses. » 28. Et Balak emmena Bilâm sur la cime du Péor, qui domine la surface du désert. 29. Bilâm dit à Balak : « Construis-moi ici sept autels, et prépare-moi ici sept taureaux et sept béliers. » 30. Balak s’exécuta et il offrit un taureau et un bélier sur chaque autel. Chapitre 24. La troisième bénédiction : 1. Bilâm, voyant que l’Éternel se plaisait à bénir Israël, n’eut plus recours, comme précédemment, à des opérations magiques, mais tourna son visage du côté du désert. 2. En y portant ses regards [Bilâm possédait un grand pouvoir du mauvais œil], Bilâm vit Israël, dont les tribus s’y déployaient ; et l’esprit divin s’empara de lui ; 3. Et il proféra son oracle : « Parole de Bilâm, fils de Béor, parole de l’homme au clairvoyant regard, 4. de celui qui entend le verbe divin, qui perçoit la vision du Tout-Puissant il fléchit, mais son œil reste ouvert : 5. Qu’elles sont belles tes tentes, ô Jacob ! Tes demeures, ô Israël !* 6. Elles se développent comme des vallées, comme des vergers le long d’un fleuve ; Dieu les a plantées comme des aloès, comme des cèdres au bord des eaux. 7. La sève ruisselle de ses branches, et sa graine est abondamment arrosée ; son roi est plus grand que n’est Agag, sa royauté est souveraine !
- Quand Dieu le fit sortir de l’Egypte, son élan fut celui du Réêm ; il dévore les peuples qui l’attaquent, il brise leurs os, trempe ses flèches dans leur sang. 9. Il se couche, il repose comme le lion et le léopard : qui osera le réveiller ? Heureux ceux qui te bénissent ! Malheur à qui te maudit ! »
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EXPLICATIONS. Verset. 5 : Verset ajouté dans les prières du matin : מַה־טֹּ֥בוּ אֹֽהָלֶ֖יךָ יַֽעֲקֹ֑ב מִשְׁכְּנֹתֶ֖יךָ יִשְׂרָאֵֽל. Le Talmud s’interroge : « Que voulait dire Bilâm ? Quelles étaient ces malédictions qui furent transformées en bénédictions ? » Quelles bénédictions donna Bilâm ? Que de puissants rois se lèvent en Israël, établissant une dynastie qui s’étendrait sur des siècles et ne s’interromprait jamais ; qu’Israël soit souverain à tout jamais sur sa terre, la Présence Divine résidant en son sein, conduisant l’humanité dans sa quête de connaître et de servir son Créateur. Et donc, que désirait alors dire Bilaam ? L’exact contraire : que les rois d’Israël tombent, etc., etc. Et que se passa-t-il ? Les jours de David et de Chlomo virent l’accomplissement des bénédictions de Bilâm. Mais ensuite, tout commença à se désagréger : le Peuple abandonna son D.ieu, la nation fut déchirée par des schismes, la dynastie de David fut détrônée, le Temple détruit, la fière nation chassée de sa terre et soumise et persécutée pendant des siècles. Ainsi en dernier ressort, les malédictions de Bilaam prévalurent ! Mais il est une bénédiction que nous avons retenue : « Qu’elles sont belles tes tentes, ô Jacob ! Tes demeures, ô Israël !*». Cela, ce sont, dit le Talmud, les tentes sont les maisons d’étude et les demeures sont les maisons de prière implantées au cœur de chaque communauté juive. Ces tentes et ces demeures ne se sont jamais fermées. Après douze siècles en situation d’ « enfants bannis de la table de leur père », nous nous lions toujours à D.ieu, trois fois par jour, dans nos maisons de prière. Trente-trois siècles après le Sinaï, la Torah est toujours étudiée, approfondie et débattue dans nos maisons d’étude. A cette bénédiction, nous nous sommes accrochés. Et c’est cette bénédiction qui restaurera pour nous toutes les autres !
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Le Texte. 10. Balak, enflammé de colère contre Bilâm, frappa des mains, et il dit à Bilâm : « C’est pour maudire mes ennemis que je t’avais appelé, et tu as persisté à les bénir, par trois fois ! 11. Eh bien donc, fuis dans ton pays ; je voulais te combler d’honneurs, et voici que l’Éternel t’en a frustré ! » 12. Bilaâm repartit à Balak : « N’avais-je pas déjà, aux messagers que tu m’avais envoyés, répondu en ces termes : 13. Quand Balak me donnerait de l’argent et de l’or plein son palais, je ne saurais désobéir à la voix de l’Éternel, en agissant bien ou mal de mon chef ; ce que dira l’Éternel, je le dirai. 14. Et maintenant, je m’en retourne chez mon peuple ; mais écoute, je veux t’avertir de ce que ce peuple-ci fera au tien dans la suite des jours ». Dernière prophétie de Bilâm : 15. Et il proféra son oracle de la sorte : « Parole de Bilâm, fils de Béor, parole de l’homme au lucide regard, 16. De celui qui entend le verbe divin et connaît le secret du Très-Haut qui perçoit la vision du Tout-Puissant, qui fléchit, mais dont l’œil reste ouvert : 17. Je le vois, mais ce n’est pas encore l’heure ; je le distingue ; mais il n’est pas proche : un astre s’élance de Jacob, et une comète surgit du sein d’Israël, qui écrasera les sommités de Moab et renversera tous les enfants de l’orgueil, 18. Fera sa proie de l’Idumée, sa proie de Séir, ses ennemis ; et Israël triomphera. 19. Oui, un gouverneur naîtra de Jacob, qui balaiera des villes leurs derniers habitants. » 20. Puis il vit Amalek, et il proféra son oracle en disant : « Amalec était le premier des peuple ; mais son avenir est voué à la perdition ». 21. Il vit le Kénéen, et il proféra son oracle en disant : « Fortifie ta demeure ! Pose ton nid sur le rocher ! 22. Car, s’il est consumé, ô Kénéen, en combien peu de temps Assur te fera captif ! » 23. Il proféra encore son oracle et il dit : « Hélas! Qui peut vivre quand Dieu ne l’a pas voulu ? 24. Des flottes, parties de la côte de Kittim, subjugueront Assur, subjugueront Héber mais lui aussi est voué à la ruine. » 25. Alors Bilâm se leva et reprit le chemin de son pays ; et Balak aussi se remit en route.
Chapitre 25. La machination de Bilâm : 1. Israël s’établit à Chittîm. Là, le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moab. 2. Elles convièrent le peuple à leurs festins idolâtres ; et le peuple mangea et il se prosterna devant leurs dieux. 3. Israël se prostitua à Baal-Péor et le courroux du Seigneur s’alluma contre Israël. 6. Cependant, quelqu’un des Israélites s’avança, amenant parmi ses frères la Madianite, à la vue de Moïse, à la vue de toute la communauté des enfants d’Israël, qui pleuraient au seuil de l’Ohel-Moed, la Tente d’Assignation. 7. A cette vue, Pinhas, fils d’Eléazar (celui-ci, fils d’Aaron le pontife), se leva du milieu de la communauté, arma sa main d’une lance, 8. Entra, sur les pas de l’Israélite, dans la tente, et les perça tous deux, l’Israélite ainsi que cette femme ; et le fléau cessa de sévir parmi les enfants d’Israël. 9. Ceux qui avaient péri par suite du fléau étaient au nombre de vingt-quatre mille.
Compilé par Myriam Bentolila – Habad d’Afrique Centrale,
à la mémoire de son papa z’l ha-Rav Yechoua (Hadad) ben Mahlouf vé-Izza, Nichmato Eden.
7ème paracha du 4ème Livre du Pentateuque, Bamidbar-Nombres
Introduction. Bilâm prophète des nations. D-ieu a jugé bon que les nations païennes aient un prophète pour leur ôter toute possibilité de se plaindre et de prétendre que si elles avaient disposé d’un guide capable de leur faire connaître Sa volonté, elles auraient atteint un niveau proche de celui du peuple juif. Ce prophète c’est Bilâm. Cette paracha évolue autour de pouvoir imprécatoires de Bilâm sollicité par Balak, roi de Moav, et de ses tentatives de maudire le peuple juif qui approche. Mais D-ieu déjoue son plan en s’abstenant durant tout ce temps de rendre un jugement. La paracha rapporte les tentatives répétées mais infructueuses de Bilaâm pour maudire Israël, ainsi que la façon dont Hachem le contraint à bénir son peuple. Ces bénédictions sont si importantes que les sages ont songé à les ajouter aux prières quotidiennes. Hachem choisit d’adresser ces bénédictions sublimes à Israël par le biais d’un homme aussi mauvais et pervers que Bilaâm, afin que la terre entière sache que nul ne peut porter préjudice à Israël contre la volonté Divine.
Le Texte. Chapitre 22. 2. Balak, fils de Tsippor, ayant su tout ce qu’Israël avait fait aux Amorréens, 3. Moab eut grand peur de ce peuple, parce qu’il était RaV– nombreux, et Moab Vayikatz–fut dégouté à cause des enfants d’Israël. 4. Et Moab dit aux anciens de Midiane : « Bientôt cette multitude aura fourragé tous nos alentours, comme le bœuf fourrage l’herbe des champs ! » Balak régnait sur Moab. 5. Il envoya des messagers à Bilâm, fils de Béor, à Péthor, pour le mander : « Un peuple est sorti d’Egypte ; déjà il couvre la face du pays, et il est campé vis-à-vis de moi. 6. Viens donc, je te prie, et maudis-moi ce peuple, car il est plus puissant que moi : peut-être parviendrai-je à le vaincre et le repousserai-je du pays. Car, je le sais, celui que tu bénis est béni, et celui que tu maudis est maudit. » 7. Les anciens de Moab et ceux de Madian partirent et transmirent à Bilâm les paroles de Balak. 8. Il leur répondit : « Restez ici cette nuit, et je vous rendrai réponse selon ce que l’Éternel m’aura dit. » Ainsi fut-il. 9. D-ieu dit à Bilâm : « Qui sont ces hommes-là chez toi ? » 10. Bilâm répondit : « C’est Balak, fils de Tsippor, roi de Moab, qui m’envoie dire : 11. ‘…ce peuple, Viens donc, maudis-le moi ; peut-être pourrai-je l’attaquer et l’expulserai-je ! » 12. L’Eternel dit : « Tu n’iras point avec eux. Tu ne maudiras point ce peuple, car il est béni ! » 13. Bilâm, au matin, dit aux officiers de Balak : « Retournez dans votre pays ; car l’Éternel n’a pas voulu me permettre de partir avec vous. » 14. Les princes de Moab se retirèrent, revinrent auprès de Balak et lui dirent : «Bilâm a refusé de nous accompagner». 15. Balak revint à la charge, en envoyant des princes plus nombreux et plus considérés que ceux-là. 16. Ils dirent à Bilâm : « Ainsi parle Balak, fils de Cippor : Ne te défends pas, de grâce, de venir auprès de moi. 17. Car je veux te combler d’honneurs, et tout ce que tu me diras je le ferai ; mais viens, de grâce, maudis-moi ce peuple ! » 18. Bilâm répondit : « Quand Balak me donnerait de l’argent et de l’or plein son palais, je ne pourrais contrevenir à l’ordre de l’Éternel mon Dieu, en aucune façon. 19. Et maintenant, veuillez attendre ici, vous aussi, cette nuit, que je sache ce que l’Éternel doit encore me dire. » 20. Dieu aborda Bilâm pendant la nuit, en lui disant : « Puisque ces hommes sont venus pour te mander, va avec eux ! Et cependant, les ordres que je te donnerai, ceux-là seulement, tu les accompliras ! » 21. Bilâm se leva le matin, sangla son ânesse, et partit avec les princes de Moab.
Explications. V. 2 et 3. Balak possédait lui-même de facultés divinatoires et il vit que la descendance de Moav donnera naissance à Ruth la moabite, qui se convertira au peuple d’Israël, et qu’à partir de son union avec Boaz naîtra la maison royale d’Israël. Le roi David était l’arrière-petit-fils de Ruth. Boaz, en revanche, était né juif, descendant de la tribu de Yéhouda.
וַיַּ֥רְא בָּלָ֖ק בֶּן־צִפּ֑וֹר אֵ֛ת כָּל־אֲשֶׁר־עָשָׂ֥ה יִשְׂרָאֵ֖ל לָֽאֱמֹרִֽי
וַיָּ֨גָר מוֹאָ֜ב מִפְּנֵ֥י הָעָ֛ם מְאֹ֖ד כִּ֣י רַב־ה֑וּא וַיָּ֣קָץ מוֹאָ֔ב מִפְּנֵ֖י בְּנֵ֥י יִשְׂרָאֵֽל
« Et Balak, fils de Tsipor vit tut ce qu’Israël avait fait à l’Amorréen »
« Moav eut grand peur de la face du peuple parce qu’il était nombreux et Moav fut dégoûté face aux enfants d’Israël ».
Le mot RaV–nombreux est l’acrostiche de : Ruth et Boaz (la lettre Beth/Veth est la même). Il fût très apeuré et en même temps dégouté – וַיָּ֣קָץ– Vayakatz – que le peuple de Moav puisse engendrer le futur roi juif et contribuer à la grandeur d’Israël. Comme expliqué dans la paracha précédente avec le serpent, il n’y a pas de mal absolu et le mal peut produire également le bien, exception faite pour le peuple d’Amalec.
Verset 4 : Moab et Midiane, des ennemis de longue date se sont alliés pour faire face à la menace que représente pour eux Israël. Ils craignent que cet ennemi ne déracine et ne détruise tout sur son passage, à la façon dont le taureau arrache l’herbe jusqu’à sa racine et ne laisse rien sur son passage. Moab, à la recherche d’une méthode radicale pour enrayer ce « danger », espère que les Midianites, parmi lesquels Moché Rabbénou a vécu après avoir fui l’Egypte dans sa jeunesse, lui expliqueront les raisons de son succès ainsi que les moyens de le vaincre. C’est pourquoi lorsque les Midianites lui apprennent que la force de Moché réside dans sa bouche, les Midianites envoient chercher Bilâm, le prophète malfaisant, dont le pouvoir réside dans sa faculté à maudire.
La tentative de malédiction. 21. Bilâm se leva le matin, sangla son ânesse, et partit avec les princes de Moab. 22. Dieu en fut irrité et un ange du Seigneur se mit sur son chemin pour lui faire obstacle. Or, il était monté sur son ânesse, et deux serviteurs l’accompagnaient. 23. L’ânesse, voyant l’ange de D-ieu debout sur son passage et l’épée nue à la main, s’écarta de la route et alla à travers champs ; Bilâm frappa l’ânesse pour la ramener sur la route. 24. Alors l’ange se plaça dans un chemin creux entre les vignes, clôture deçà, clôture delà. 25. L’ânesse, devant l’ange, se serra contre le mur, et froissa contre le mur le pied de Bilâm, qui la frappa de nouveau. 26. Mais de nouveau l’ange prit les devants, et il se plaça dans un lieu étroit, où il n’était possible de s’écarter ni à droite ni à gauche. 27. L’ânesse, voyant encore l’ange, se coucha sous Bilâm. Enflammé de colère, Bilâm la frappa de son bâton. 28. Alors l’Eternel ouvrit la bouche de l’ânesse : « Que t’ai-je fait, pour que tu m’aies frappée ainsi à trois pieds (trois reprises) ? » 29. Bilâm répondit : « Parce que tu te joues de moi ! Si je tenais une épée, certes, je te tuerais sur l’heure ! » 30. Et l’ânesse dit à Bilâm : « Ne suis-je pas ton ânesse, que tu as toujours montée jusqu’à ce jour? Avais-je accoutumé d’agir ainsi avec toi ? » Et il répondit : « Non ! » 31. Soudain, D-ieu dessilla les yeux de Bilâm, et il vit l’ange debout, l’épée nue à la main ; il se prosterna sur sa face. 32. L’ange d’Hachem lui dit : « Pourquoi as-tu frappé ton ânesse par trois fois? C’est moi qui suis venu me poser en obstacle, parce que ce voyage a lieu contre mon gré. 33. Cette ânesse m’a vu, et elle s’est écartée trois fois ; si elle ne s’était écartée, assurément je t’aurais fait mourir, tandis que je l’aurais laissée vivre. » 34. Bilâm répondit : « J’ai péché, parce que je ne savais pas que tu fusses posté devant moi sur le chemin ; et maintenant, si cela te déplaît, je m’en retournerai. » 35. Mais l’ange de l’Eternel dit à Bilâm : « Va avec ces hommes ! Et cependant, la parole que je te dicterai, celle-là seule tu la diras ». Et Bilâm poursuivit sa route avec les officiers de Balak. 36. Balak, ayant appris que Bilâm venait, alla le recevoir à Ir-Moab, qui est sur la limite de l’Arnon, au point extrême de la frontière. 37. Et Balak dit à Bilâm : « Ne t’avais-je pas appelé par un premier message? Pourquoi n’es-tu pas venu près de moi ? Est-ce qu’en vérité je n’ai pas le pouvoir de te faire honneur ? » 38. Bilâm répondit a Balak : « Tu le vois, je suis venu vers toi ; mais est-il en ma puissance de dire quoi que ce soit? La parole que Dieu mettra dans ma bouche, c’est celle-là que je dois dire. » 39. Bilâm fit route avec Balak, et ils arrivèrent à Kiryath-Houtzoth. 40. Balak immola bœufs et brebis, dont il envoya des parts à Bilâm et aux officiers qui l’accompagnaient. 41. Et le matin venu, Balak alla prendre Bilâm et le conduisit sur les hauteurs de Baal, d’où il vit jusqu’aux dernières lignes du peuple.
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Explications. Bilâm nourrissait une virulente aversion pour D.ieu et Ses mandataires, le peuple juif. En se levant de bon matin pour se mettre en route dans sa mission maléfique, il espérait « rappeler » à D.ieu combien les Juifs avaient été prompts à se rebeller contre Lui. Mais D.ieu fit savoir à Bilâm que sa promptitude avait été devancée par celle d’Abraham, le patriarche. Abraham s’est levé de bon matin afin d’accomplir avec amour et dévouement l’ordre de D.ieu de sacrifier son fils Isaac. Le mérite de l’amour d’Abraham pour D.ieu contrepesait la haine de Bilaâm. Le peuple juif avait hérité de l’amour d’Abraham ; ses rébellions dans le désert n’avaient été que des écarts de conduite momentanés dans son inhérent et indéfectible dévouement pour D.ieu. De façon similaire, lorsque nous sommes amenés à devoir réparer un dommage causé par nous en ayant délibérément ignoré la volonté de D.ieu, la façon la plus sûre de nous amender est d’affermir notre amour pour Lui. Cet amour à son tour transformera nos fautes passées en une motivation pour accomplir de bonnes actions. Tout comme D.ieu transforma les malédictions de Bilaâm en bénédictions, nous pouvons nous aussi toujours transformer les « malédictions » en bénédictions. Verset 28. « Que t’ai-je fait, pour que tu m’aies frappée ainsi à trois pieds (trois reprises) ? » Ici le texte utilise l’expression « trois pieds–Chaloche Régalim » pour dire trois reprises. C’est une référence au mérite qu’Israël acquerra dans le futur en se rendant trois fois par an au Beth-haMikdache pour les trois fêtes de pèlerinages, appelées les « Trois Pieds » car les juifs, pour arriver au Temple, ils y montaient à pieds pour les trois fêtes : Pessah, Chavouot et Souccoth, laissant leur champs et leur demeures sans protection pour aller à Jérusalem. Ce mérite préservait le peuple juif du mal que Bilâm tente de lui infliger. Bilâm croit-il vraiment pouvoir nuire à un peuple animé d’une telle foi en Hachem ?
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Le Texte. Chapitre 23. 1. Alors Bilâm dit à Balak de préparer sept autels, sept taureaux et sept béliers. 2. Balak s’exécuta. Puis ils offrirent un taureau et un bélier sur chaque autel. 3. Bilâm s’éloigna pour rencontrer D-ieu auQuel il dit : « J’ai dressé sept autels, et offert les bêtes ». 5. L’Éternel mit sa parole dans la bouche de Bilâm, et lui dit : « Retourne vers Balak, et tu parleras de la sorte… » 6. II retourna vers Balak, ses princes [de Moav], debout devant son holocauste. Première bénédiction : 7. Et il proféra son oracle en disant : « II me fait venir d’Aram, Balak roi de Moab ; il m’appelle des monts de l’orient : ‘Viens maudire pour moi Jacob ! Oui, viens menacer Israël ! ‘8. [mais moi] Comment maudirais-je celui que D-ieu n’a point maudit ? Comment menacerai-je, quand l’Éternel est sans colère ? 9. Oui, je le vois de la cime des rochers, et du haut des collines, je le découvre : ce peuple, il vit solitaire, il ne se confondra point avec les nations. 10. Qui peut compter la poussière de Jacob, nombrer la multitude d’Israël ? Puissé-je mourir comme meurent ces justes, et puisse ma fin ressembler à la leur ! ».
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Explications. V. 8. « Comment puis-je maudire ? … D-ieu n’a pas maudit ». Ce thème revient en filigrane dans les prophéties se Bilâm : en dépit de sa réputation, ce sorcier n’a pas le moindre pouvoir de proférer une malédiction, ni même de prononcer des paroles allant dans ce sens. Hachem n’a jamais maudit les Beney Israël, même lorsqu’ils péchèrent et méritaient la malédiction. Quand Jacob obtint les bénédictions de son père, Isaac dit : « Il sera béni » (Genèse 27 ; 33) ; quand Jacob admonesta Chimone et Lévy, il maudit uniquement leur colère mais pas leur personne ; et lorsque, avant d’entrer en Terre Sainte, les Beney Israël s’apprêteront à écouter les bénédictions et les malédictions, la Torah prendra soin de ne pas formuler de malédiction directement à leur encontre (deutéronome 27, 12).Verset 10. Le peuple juif est ici comparé (favorablement) à la poussière. Tout comme des trésors cachés sont enfouis dans la terre, de même, il existe des trésors de pure foi en D.ieu et d’amour profond et de crainte de Lui enfouis en chaque Juif. Ces trésors peuvent être parfois difficiles à découvrir, tout comme les richesses que recèle le sol sont souvent enfouies très profondément sous la surface. Mais ils sont cependant bien là et, avec suffisamment d’efforts, ils peuvent être révélés au grand jour.
Le Texte. 11. Balak dit à Bilaâm : « Que m’as-tu fait ! J’ai eu recours à toi pour maudire mes ennemis, et voilà que tu les bénis, au contraire ! » 12. Mais il répondit : « Certes, ce que l’Éternel met dans ma bouche, ne dois-je pas fidèlement le redire ? » 13. Balak lui dit : « Viens, je te prie, avec moi dans un autre lieu, d’où tu pourras voir ce peuple : tu n’en verras que les derniers rangs, tu ne le verras pas tout entier. Et maudis-le moi de là. » 14. Il le conduisit au plateau de Tsofîm, sur la crête du Pisga ; il y dressa sept autels, et offrit sur chaque autel un taureau et un bélier. 15. Bilâm dit à Balak : « Tiens-toi ici, près de ton holocauste, et moi, j’attendrai là-bas la rencontre. » 16. L’Éternel se présenta à Bilâm, inspira un discours à ses lèvres, lui disant : « Va rejoindre Balak, et tu parleras ainsi… » 17. Il revint près de lui, et le trouva debout près de son holocauste, les princes de Moab à ses côtés. Et Balak lui demanda : « Qu’a dit l’Éternel ? » Deuxième bénédiction : 18. Il proféra son oracle en ces termes : « Prépare-toi, Balak, à m’entendre ; prête-moi l’oreille, fils de Tsippor ! 19. Dieu n’est pas un mortel, pour mentir, ni un fils d’Adam, pour qu’il se ravise ; est-ce lui qui parle et ne tient point parole ? Qui affirme et n’exécute point ? 20. Oui, j’ai reçu mission de bénir ; il a béni, je ne puis le dédire. 21. Il n’aperçoit point d’iniquité en Jacob, il ne voit point de mal en Israël : l’Éternel, son Dieu, est avec lui, et l’amitié d’un roi le protège. 22. Délivré, par ce Dieu, de l’Egypte, il a le vigoureux élan du Réêm. 23. Il ne faut point de magie à Jacob, point de sortilège à Israël : ils apprennent à point nommé, Jacob et Israël, ce que Dieu a résolu. 24. Voyez ! Ce peuple se lève comme un léopard, il se dresse comme un lion ; il ne se reposera qu’assouvi de carnage, qu’enivré du sang de ses victimes ! » Colère de Balak : 25. Balak dit à Bilâm : « Ne le maudis point, soit, mais ne le bénis point non plus ! » 26. Bilâm répondit à Balak : « Ne t’avais-je pas fait cette déclaration : tout ce que dira l’Éternel, je dois le faire ? » 27. Et Balak dit à Bilâm : « Viens donc, que je te conduise à une autre place ; peut-être ce Dieu trouvera-t-il bon que, de là, tu me les maudisses. » 28. Et Balak emmena Bilâm sur la cime du Péor, qui domine la surface du désert. 29. Bilâm dit à Balak : « Construis-moi ici sept autels, et prépare-moi ici sept taureaux et sept béliers. » 30. Balak s’exécuta et il offrit un taureau et un bélier sur chaque autel. Chapitre 24. La troisième bénédiction : 1. Bilâm, voyant que l’Éternel se plaisait à bénir Israël, n’eut plus recours, comme précédemment, à des opérations magiques, mais tourna son visage du côté du désert. 2. En y portant ses regards [Bilâm possédait un grand pouvoir du mauvais œil], Bilâm vit Israël, dont les tribus s’y déployaient ; et l’esprit divin s’empara de lui ; 3. Et il proféra son oracle : « Parole de Bilâm, fils de Béor, parole de l’homme au clairvoyant regard, 4. de celui qui entend le verbe divin, qui perçoit la vision du Tout-Puissant il fléchit, mais son œil reste ouvert : 5. Qu’elles sont belles tes tentes, ô Jacob ! Tes demeures, ô Israël !* 6. Elles se développent comme des vallées, comme des vergers le long d’un fleuve ; Dieu les a plantées comme des aloès, comme des cèdres au bord des eaux. 7. La sève ruisselle de ses branches, et sa graine est abondamment arrosée ; son roi est plus grand que n’est Agag, sa royauté est souveraine !
- Quand Dieu le fit sortir de l’Egypte, son élan fut celui du Réêm ; il dévore les peuples qui l’attaquent, il brise leurs os, trempe ses flèches dans leur sang. 9. Il se couche, il repose comme le lion et le léopard : qui osera le réveiller ? Heureux ceux qui te bénissent ! Malheur à qui te maudit ! »
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EXPLICATIONS. Verset. 5 : Verset ajouté dans les prières du matin : מַה־טֹּ֥בוּ אֹֽהָלֶ֖יךָ יַֽעֲקֹ֑ב מִשְׁכְּנֹתֶ֖יךָ יִשְׂרָאֵֽל. Le Talmud s’interroge : « Que voulait dire Bilâm ? Quelles étaient ces malédictions qui furent transformées en bénédictions ? » Quelles bénédictions donna Bilâm ? Que de puissants rois se lèvent en Israël, établissant une dynastie qui s’étendrait sur des siècles et ne s’interromprait jamais ; qu’Israël soit souverain à tout jamais sur sa terre, la Présence Divine résidant en son sein, conduisant l’humanité dans sa quête de connaître et de servir son Créateur. Et donc, que désirait alors dire Bilaam ? L’exact contraire : que les rois d’Israël tombent, etc., etc. Et que se passa-t-il ? Les jours de David et de Chlomo virent l’accomplissement des bénédictions de Bilâm. Mais ensuite, tout commença à se désagréger : le Peuple abandonna son D.ieu, la nation fut déchirée par des schismes, la dynastie de David fut détrônée, le Temple détruit, la fière nation chassée de sa terre et soumise et persécutée pendant des siècles. Ainsi en dernier ressort, les malédictions de Bilaam prévalurent ! Mais il est une bénédiction que nous avons retenue : « Qu’elles sont belles tes tentes, ô Jacob ! Tes demeures, ô Israël !*». Cela, ce sont, dit le Talmud, les tentes sont les maisons d’étude et les demeures sont les maisons de prière implantées au cœur de chaque communauté juive. Ces tentes et ces demeures ne se sont jamais fermées. Après douze siècles en situation d’ « enfants bannis de la table de leur père », nous nous lions toujours à D.ieu, trois fois par jour, dans nos maisons de prière. Trente-trois siècles après le Sinaï, la Torah est toujours étudiée, approfondie et débattue dans nos maisons d’étude. A cette bénédiction, nous nous sommes accrochés. Et c’est cette bénédiction qui restaurera pour nous toutes les autres !
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Le Texte. 10. Balak, enflammé de colère contre Bilâm, frappa des mains, et il dit à Bilâm : « C’est pour maudire mes ennemis que je t’avais appelé, et tu as persisté à les bénir, par trois fois ! 11. Eh bien donc, fuis dans ton pays ; je voulais te combler d’honneurs, et voici que l’Éternel t’en a frustré ! » 12. Bilaâm repartit à Balak : « N’avais-je pas déjà, aux messagers que tu m’avais envoyés, répondu en ces termes : 13. Quand Balak me donnerait de l’argent et de l’or plein son palais, je ne saurais désobéir à la voix de l’Éternel, en agissant bien ou mal de mon chef ; ce que dira l’Éternel, je le dirai. 14. Et maintenant, je m’en retourne chez mon peuple ; mais écoute, je veux t’avertir de ce que ce peuple-ci fera au tien dans la suite des jours ». Dernière prophétie de Bilâm : 15. Et il proféra son oracle de la sorte : « Parole de Bilâm, fils de Béor, parole de l’homme au lucide regard, 16. De celui qui entend le verbe divin et connaît le secret du Très-Haut qui perçoit la vision du Tout-Puissant, qui fléchit, mais dont l’œil reste ouvert : 17. Je le vois, mais ce n’est pas encore l’heure ; je le distingue ; mais il n’est pas proche : un astre s’élance de Jacob, et une comète surgit du sein d’Israël, qui écrasera les sommités de Moab et renversera tous les enfants de l’orgueil, 18. Fera sa proie de l’Idumée, sa proie de Séir, ses ennemis ; et Israël triomphera. 19. Oui, un gouverneur naîtra de Jacob, qui balaiera des villes leurs derniers habitants. » 20. Puis il vit Amalek, et il proféra son oracle en disant : « Amalec était le premier des peuple ; mais son avenir est voué à la perdition ». 21. Il vit le Kénéen, et il proféra son oracle en disant : « Fortifie ta demeure ! Pose ton nid sur le rocher ! 22. Car, s’il est consumé, ô Kénéen, en combien peu de temps Assur te fera captif ! » 23. Il proféra encore son oracle et il dit : « Hélas! Qui peut vivre quand Dieu ne l’a pas voulu ? 24. Des flottes, parties de la côte de Kittim, subjugueront Assur, subjugueront Héber mais lui aussi est voué à la ruine. » 25. Alors Bilâm se leva et reprit le chemin de son pays ; et Balak aussi se remit en route.
Chapitre 25. La machination de Bilâm : 1. Israël s’établit à Chittîm. Là, le peuple se livra à la débauche avec les filles de Moab. 2. Elles convièrent le peuple à leurs festins idolâtres ; et le peuple mangea et il se prosterna devant leurs dieux. 3. Israël se prostitua à Baal-Péor et le courroux du Seigneur s’alluma contre Israël. 6. Cependant, quelqu’un des Israélites s’avança, amenant parmi ses frères la Madianite, à la vue de Moïse, à la vue de toute la communauté des enfants d’Israël, qui pleuraient au seuil de l’Ohel-Moed, la Tente d’Assignation. 7. A cette vue, Pinhas, fils d’Eléazar (celui-ci, fils d’Aaron le pontife), se leva du milieu de la communauté, arma sa main d’une lance, 8. Entra, sur les pas de l’Israélite, dans la tente, et les perça tous deux, l’Israélite ainsi que cette femme ; et le fléau cessa de sévir parmi les enfants d’Israël. 9. Ceux qui avaient péri par suite du fléau étaient au nombre de vingt-quatre mille.
Compilé par Myriam Bentolila – Habad d’Afrique Centrale,
à la mémoire de son papa z’l ha-Rav Yechoua (Hadad) ben Mahlouf vé-Izza, Nichmato Eden.