La pièce de théâtre, le Chandelier Enterré, tirée du livre de Stefan Zweig, magnifiquement interprétée par Steve Kalfa, reflète parfaitement l’histoire, mais en partie, car le chandelier aurait été enterré dans un sanctuaire chrétien de Jérusalem et non pas en chemin vers Jérusalem.
Passionné d’histoire de notre peuple et d’archéologie, j’ai poursuivi seul, il y a quelques années, des recherches sur le trésor et les objets du Temple emportés par Titus à Rome, sur la base de quelques pistes et indications données par un jeune chercheur, dont j’avais loué les services dans les années 90. Je me suis transformé en rat de bibliothèques.
Pour trouver les bons livres, il faut avoir l’esprit d’un détective et les Bibliothèques Nationales de Paris et de Jérusalem ont énormément de livres…
En quelques mois, j’ai pu découvrir un monde ancien. La première idée qui m’est venue était d’interroger le gouvernement italien et le Vatican, puisqu’il est de rumeur et de « notoriété » publique que « Rome » détient les objets du Temple. Ces objets n’ont-ils pas été ravis au peuple Juif en 70 de l’ère chrétienne lors du pillage du Temple de Jérusalem par Titus, le fils de l’empereur Vespasien, commandant des légions romaines ? Toutes les mémoires juives se souviennent du carnage humain auxquelles les légions romaines se sont livrées et des notables emmenés qui ont été ensuite décapités. On dit même que la tête du grand Prêtre est dans du formol et se trouverait dans les caves du Vatican.
Le fameux relief sur l’arche de Titus à Rome constitue une preuve « prima facie » que ces objets sont bien arrivés à Rome. Jusqu’à ce jour, ce relief décrivant les Judéens captifs portant un Chandelier (Menorah) et d’autres objets du trésor des Juifs, et la procession triomphale de Titus est visible, à Rome.
Si ce relief décrivait le triomphe de Rome, à l’époque, dans le cadre d’un conflit armé, sa signification présente est sans nul doute la victoire de l’Eglise romaine sur le peuple juif, sur le Judaïsme. Il symbolise la dé-privation du peuple juif de ses biens culturels et cultuels.
Dans « La Guerre des Juifs », Flavius Joseph confirme les faits décrits sur l’arche de Titus. Il rapporte que Vespasien a érigé un Temple (païen) dédié à la paix et que les objets du Temple y ont été transférés. Sa description correspond parfaitement à l’histoire mentionnée dans le Talmud de Babylone (Gittin, 56 b) se rapportant au transfert des objets rituels, y compris les rouleaux, et les revêtements de ces objets, qui incluaient deux Chandeliers en or (pas trois) qui ont été mis dans le Temple romain de la Déesse de la Paix.
Le Talmud (de Babylone – Souka 5 a et de Jérusalem – Yoma 41 et 42), rapporte que soixante ans après la destruction du second Temple, Rabbi Eliezer ben Yossi a visité Rome au temps de l’Empereur Hadrien et a vu le rideau du Saint des Saints, l’arche de la loi (paroket) et le diadème en or du Grand Prêtre. Mais était-ce l’arche sainte ou une copie ?
« On trouve dans les archives que Jérémie, le prophète, ordonna aux déportés de prendre du feu […] qu’averti par un oracle, le prophète fit emporter avec lui la tente et l’arche, lorsqu’il partit pour la montagne où Moïse, étant monté, contempla l’héritage de Dieu. A son arrivée, Jérémie trouva une demeure en forme de grotte ; il y introduisit la tente, l’arche et l’autel des parfums, puis il obstrua l’entrée.
Quelques-uns de ses compagnons, étant venus ensuite pour marquer le chemin par des signes, ne purent le retrouver. Ce qu’apprenant, Jérémie leur fit des reproches : L’endroit, leur dit-il, restera inconnu, jusqu’à ce que Dieu ait opéré le rassemblement du peuple et se soit montré favorable. Et alors le Seigneur fera voir ces objets et la gloire du Seigneur apparaîtra, ainsi que la nuée, comme elle se montrait au temps de Moïse […] Jérémie le sut et il les blâma: “Ce lieu, leur dit-il, doit rester caché jusqu’à ce que Dieu ait rassemblé son peuple et lui ait fait miséricorde. » (2Mac 2,1-8 Osty).
Nous pensons donc que l’arche sainte et le tabernacle se trouvent près de la Mer Morte.
Procopius de Césarée, historien de l’empereur Justinien, vivant à Césarée, rapporte dans la « Guerre contre les Vandales » que ceux-ci avaient conquis Rome en 455 et emporté le Trésor des Romains, qui incluait le Trésor des Juifs que Titus avait emmené à Rome après la chute de Jérusalem en 70. Le général Bélisaire avait conquis Carthage en 534 et avait envoyé ce Trésor à Byzance. « Et un des Juifs, voyant ces choses, approcha d’un de ceux connus de l’empereur et dit : Ces trésors, je pense qu’il est inapproprié de les porter au Palais de Byzance. Il n’est pas possible pour eux d’être ailleurs que dans les lieux où Salomon, le roi des Juifs les avait auparavant placés. C’est pour cela que Gizeric a capturé le palais des romains et que maintenant l’armée romaine l’a capturé aux Vandales. Lorsque cela est venu aux oreilles de l’Empereur, il devint effrayé et a rapidement envoyé le tout dans des sanctuaires chrétiens à Jérusalem » (Procopius de Césarée, Histoire des Guerres, IV, ix.4-11, p. 281).
Justinien avait à ce moment ordonné l’édification, à Jérusalem, d’une église dédiée à la Vierge Marie, la « NEA » construite partiellement sur le roc et sur des colonnes, comme sur des pilotis.
Tous les archéologues pensent que ce lieu était idéal pour cacher ces trésors et en particulier un des deux ou des trois chandeliers. On pouvait facilement le cacher et construire dessus.
Mais ce site a disparu avec les conquêtes de la terre d’Israël par les Perses et les Arabes. Nous pouvons voir cependant une des énormes colonnes de cette église, brisée en chemin, qui se trouve près de l’entrée de la Police de Jérusalem (Migrash a Russim).
Pendant des années les archéologues se sont interrogés mais n’ont pu retrouver la trace de la NEA. Après la libération en 1967 du quartier juif de la vielle ville de Jérusalem, Israël a reconstruit tout le quartier Juif qui avait été détruit en 1948 par les Jordaniens et bien que tous les restes des fondations de cette église n’aient pas été identifiés avec certitude, il y en aurait des traces. La « NEA » se trouverait dans la vieille ville de Jérusalem, près du parking du quartier juif et du jardin adjacent. Vous pouvez visiter ce qui reste des fondations. Une école religieuse juive se trouve sur une partie de ses fondations. Les élèves étudient peux être au-dessus d’un chandelier.
Il existait à l’époque de l’empereur Justinien une dizaine de sanctuaires chrétiens à Jérusalem. Il faut rapporter qu’un archéologue américain m’a confié avoir souvent demandé à faire des excavations sous des églises de Jérusalem et qu’il s’est toujours heurté, comme d’autres archéologues, à un refus catégorique.
Plusieurs années plus tard, Constantin VII Porphyrogénète, un empereur byzantin (913- 959) écrit dans « Le Livre des Cérémonies » qu’il y avait là le chandelier à sept branches (et la verge de Moïse (dans le grand Consistoire))[1] et qu’on l’allumait et le sortait le samedi. Justinien n’aurait donc enterré qu’un des deux ou des trois chandeliers à Jérusalem.
Deux cent ans plus tard, Geoffroy de Villehardouin et Robert de Clary racontent la prise de Constantinople, par les Croisés en Avril 1204, le massacre de la population chrétienne qui en suivit, le pillage et le partage du butin entre les Francs, les Vénitiens et les évêques de l’armée. Les croisés « paraissent, sauf les Vénitiens, avoir presque complètement dédaigné les reliques des saints orientaux peu connus en Europe, et même les souvenirs de l’Ancien Testament, si vénérés par les Grecs et réunis avec tant de soins par les empereurs [2]»
Baudoin 1er, un chevalier, s’institue empereur. Il eu à se plaindre du pape Innocent III, et c’est précisément à lui, le premier, qu’il notifie son avènement, joignant à la lettre qu’il lui adresse des présents considérables. « Barozzi, Maître du temple de Lombardie, est chargé par lui de porter au pape un véritable trésor [3]». Une partie de ce trésor reste bloqué à Gènes par une grève des dockers et le pape les a menacés d’excommunication. Le pape réclame à la seigneurie de Gènes et au roi de Hongrie, des envois de Constantinople, avant qu’ils arrivent à Rome, apportés par des corsaires de Porto-Venere et des chevaliers Hongrois [4]. Il ne fait à notre avis aucun doute qu’un des chandeliers du Temple ait été envoyé au Pape, car on n’en a plus parlé ensuite.
Peut-on espérer que le Trésor du Temple, dont un Chandelier à sept branches et la verge de Moïse qui se trouvaient encore à Constantinople en 1204 seront rendus un jour au peuple juif ? Le droit a évolué et les Etats modernes ont signé de nombreuses conventions internationales et notamment le Protocole pour la Protection des Biens Culturels en cas de Conflits Armés, du 14 mai 1954.
Certes le Saint Siège –qui est reconnu comme un Etat en droit international – n’a pas signé cette convention mais ses dispositions peuvent être considérées désormais comme des dispositions de droit coutumier au vu du nombre d’Etats qui l’on signée. Israël pourrait décider de réclamer les objets du Temple dans le cadre de ses relations avec le Vatican, et/ou de constituer une commission d’enquête internationale sur place, mais les dirigeants israéliens sont-ils prêts à les exiger ?
Le retour des objets du temple détenus par le Vatican reste une affaire à suivre de prêt.
Peut-on espérer qu’un des chandeliers enterré dans un sanctuaire chrétien de Jérusalem soit précisément dans une chambre cachée, dans ce qui reste de la NEA et que nous la retrouverons un jour prochain. Nous envisageons de faire prochainement des tests radar afin de déterminer si une chambre cachée ne se trouve pas derrière un mur ou dans le sous-sol. Mais les tests coutent relativement chers et l’association qui finance les fouilles n’a pas de grands moyens. Si vous souhaitez participez à cette aventure contactez-nous.
Dr Michel CALVO
Avocat de l’association Géophysica, Historia ve Sharashim Datiim
Cette association est représentée par son président, le Rav Yonathan Lederman
Tel. 0544 417 436
[1] Livre 1 – Chapitre 1, p.52 et 5 – traduction et commentaires de Albert VOGT, Ed. Les Belles Lettres, 1935)
[2] Des Dépouilles Religieuses Enlevées à Constantinople au XIII siècle, Mémoires de la Société Nationale des Antiquaires de France, Tome XXXVI , Comte Riant, Paris 1875, p. 29).
[3] Idem, p. 47
[4] Idem, p. 88.
L’Église romaine n’existait absolument pas en 70, je dirais même qu’à l’époque, les chrétiens étaient persécutés par l’empire romain? Je laisse le point d’interrogation