9 août 2001, en pleine intifada, le restaurant Sbarro, au cœur de Jérusalem, est la cible d’une attaque terroriste. Le bilan est terrible: 19 morts dont 7 enfants et plus de 140 blessés. Ce même jour, Michal Belzberg fête ses 12 ans. Lorsqu’elle apprend la terrible nouvelle de l’attentat, elle décide qu’elle ne fêtera pas sa bat mitsva mais que tout l’argent qui aurait dû servir à la fête sera donné aux victimes de cet attentat. Avec sa famille, elle parvient à récolter encore 100 000 dollars de plus. One Family est né de cet élan de solidarité.
Une présence immédiate
One Family a donc été fondée afin de posséder une structure organisée qui assiste les familles endeuillées et les blessés des attaques terroristes. Cette aide est apportée sur tous les plans. Oriella Bliah, responsable de la branche francophone de One Family, nous explique: ”Nous sommes immédiatement présents auprès des familles, quelle que soit leur origine. Depuis 2006, nous intervenons aussi auprès des soldats et leur famille”.
Les équipes bénévoles de One Family sont présentes pour les enterrements, les shiva, les shloshim et ne quittent plus jamais les familles. ”En général, l’urgence est d’ordre financier. Donc, d’emblée, nous apportons ce soutien aux familles. Puis nous leur apportons l’assistance psychologique nécessaire grâce à nos assistantes sociales et nos psychologues, tous bénévoles, répartis dans tout le pays”.
Les blessés aussi méritent une attention particulière et One Family ne l’oublie pas: ”Nous nous présentons tout de suite, à l’hôpital et nous offrons une aide financière. Puis nous rendons des visites régulières aux blessés, des bénévoles s’occupent des enfants des victimes, nous nous démenons pour leur fournir tout le matériel médical nécessaire à leurs traitement et convalescence. Et nous les accompagnons aussi dans la mise en œuvre de toutes les thérapies qui peuvent leur faire du bien, que nous leur proposons”.
Partager la douleur pour la surmonter
Aujourd’hui, One Family regroupe plus de 4000 familles touchées par le terrorisme. En plus des aides logistiques et des soutiens psychologiques, One Family c’est aussi un cercle qui permet aux familles qui souffrent de se retrouver entre elles. N’est-ce pas ressasser la douleur que de se regrouper entre personnes éprouvées? ”C’est tout le contraire”, déclare Oriella, ”ces familles ont plaisir à se retrouver, à faire des activités ensemble. Être avec des personnes qui sont les seules à pouvoir comprendre la douleur qu’on éprouve est important pour la reconstruction”. Ainsi, ils voient qu’ils ne sont pas seuls.
One Family organise donc beaucoup d’occasions d’échanges, des soirées, des sorties et des activités toujours adaptées, pour les parents, les grands-parents, les frères et sœurs et les enfants. “Ils deviennent une grande famille, des amis pour la vie”. Tous participent aux moments importants de la vie des autres membres de One Family: hazkarot bien sûr mais aussi mariages ou autres joies.
Plus de 350 familles françaises
La 2e intifada a touché un nombre important de Français, notamment l’attentat du café Rimon. A cette époque, Oriella en association avec Esther Blum et l’UNIFAN décide d’organiser un cours pour les personnes qui souhaitaient se porter volontaires auprès des victimes. ”Nous avons joué un rôle important et nous avons donc compris qu’il manquait une réponse adaptée aux victimes françaises. Je suis allée trouver One Family et je leur ai proposé de nous associer”. Ainsi, elle est devenue la responsable de la branche francophone de cette association. ”Nous assistons les personnes qui ont la nationalité française, en les guidant pour obtenir des aides de la part de l’Etat français mais surtout en leur garantissant des interlocuteurs francophones”. Ce sont plus de 350 familles françaises qui ont, malheureusement, rejoint le cercle de One Family ces dernières années.
La générosité et le bénévolat
Ce qui donne à One Family son cachet particulier c’est aussi l’organisation sur laquelle elle repose. Financée à 100% par des dons privés et animée par des bénévoles, cette association représente, à elle seule, le hessed qui illustre si bien le peuple juif.
Yom Hazikaron ou la force de vivre malgré tout
Yom Hazikaron est forcément un jour différent pour One Family. ”La semaine qui précède, nous commençons déjà à organiser des cérémonies privées. Dès la sortie de Pessah, les bénévoles font le tour des cimetières pour allumer un ner nechama sur chaque tombe. Yom Hazikaron nous organisons une grande cérémonie, à Jérusalem. L’année dernière, elle a regroupé 800 personnes. Un père dit kaddich, allume le ner zikaron et dit El Malé Rahamim. La soirée se déroule autour de films et d’interventions entrecoupés de poèmes et de chants écrits par les victimes ou en leur honneur avant de se terminer sur une grande veillée chant”.
Chanter, sourire, c’est ce qui ressort des photos des activités de One Family. C’est frappant. “One Family est là pour que le sourire renaisse sur les visages et nous ne pouvons que nous féliciter de cela. En fait, c’est la force de notre peuple: continuer à vivre malgré tout”.
Guitel Ben-Ishay
Photo: One Family