Le colonel Haïm Cohen, qui commandait la brigade nord de la division de Gaza le 7 octobre et durant l’offensive terrestre dans la bande de Gaza, a révélé dans son discours de départ un incident survenu, selon lui, environ un mois et demi avant l’attaque surprise du Hamas.
Il affirme avoir demandé à lancer une frappe préventive dans les semaines qui ont précédé le massacre en raison des nombreuses et importantes émeutes qui avaient lieu le long de la frontière. Mais il a essuyé un refus: »Le Hamas est dissuadé », lui a répondu la chaine de commandement.
»Il y avait des tirs, des engins explosifs et des troubles violents le long de la frontière. Toute la chaîne de commandement s’est rendue sur le terrain, y compris le ministre de la Défense. À tous, j’ai recommandé une frappe d’ouverture, mais le message que j’ai reçu fut unanime : le Hamas est dissuadé », a-t-il rapporté.
Dans une allocution marquée par un ton critique, Cohen a pointé du doigt l’état-major de Tsahal, affirmant qu’il ne disposait alors d’aucune informations de base.
« Je me poserai toujours la question : où était l’armée de l’air le 7 octobre ? Et comment les services de renseignement ont-ils pu manquer une attaque d’une telle ampleur ? »
Cohen a également affirmé avoir été la cible de rapports anonymes visant à lui faire porter la responsabilité du massacre du 7 octobre.
Il est revenu sur le déroulement de cette journée tragique: « À 3h30, je me suis rendu à la brigade malgré des renseignements flous. Je pensais naïvement que d’autres membres de la chaîne de commandement feraient de même. Malheureusement, je me suis trompé. À 6h29, les portes de l’enfer se sont ouvertes. Alors que je me précipitais au centre de commandement sous un feu ennemi intense, j’ai vu des brèches à plusieurs dizaines de points, avec des centaines de terroristes, des parapentes motorisés, des bateaux pneumatiques, tout cela en même temps. J’ai alors déclaré que nous étions en guerre surprise ».
Cohen s’est dit stupéfait par les capacités opérationnelles du Hamas et affirme n’avoir eu connaissance du plan »Mur de Jéricho » seulement un mois après ce samedi noir, par le biais d’une enquête journalistique.
Il conclut en reprochant au haut commandement son absence de coordination et de réaction: »J’ai compris que je devais tenter de stopper des milliers de terroristes et gérer des dizaines d’événements en parallèle. Ce jour-là, personne au sein de l’état-major n’a ouvert les réseaux de communication. Alors que les civils donnaient une image fidèle de la réalité sur le terrain à travers les médias, aucun effort n’a été fait par Tsahal pour centraliser l’information en temps réel ».