Selon le journal britannique The Guardian, l’Iran s’apprêterait à rejeter la proposition américaine de transférer son stock d’uranium enrichi à un pays tiers, comme la Russie. Cette mesure, envisagée par Washington pour limiter le programme nucléaire iranien, constitue l’un des principaux obstacles à un accord entre les deux pays.
La question a été soulevée lors de récentes discussions tenues à Mascate, capitale d’Oman, entre le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi et l’envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff.
Dans une interview accordée à Fox News, Witkoff a précisé la position américaine : « Le message du président, celui de la paix par la force, résonne dans le monde entier. Il ne s’agit pas d’une menace, mais d’un simple fait. Le président est clair : ils ne peuvent pas posséder la bombe. »
L’envoyé américain a souligné que les discussions portent sur « le suivi du programme d’enrichissement de l’uranium et, à terme, sur l’armement. Cela comprend les types de missiles stockés sur place et la bombe. » Il a qualifié la première réunion de « positive, constructive et convaincante. »
Selon Witkoff, l’Iran ne devrait pas enrichir son uranium au-delà de 3,67% dans le cadre d’un programme nucléaire civil, alors qu’actuellement « ils enrichissent à 60% et dans certains cas à 20%. » Il a ajouté que les Etats-Unis n’avaient pas fait grand-chose pour superviser le programme nucléaire iranien au cours des dernières années avant l’arrivée au pouvoir de Trump. « Cela doit changer », a martelé l’émissaire.
De son côté, Téhéran souhaite que son stock d’uranium enrichi, accumulé au cours des quatre dernières années, reste sous la stricte surveillance de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA). Les Iraniens considèrent cela comme une « assurance » au cas où une future administration américaine se retirerait de l’accord, comme l’avait fait Donald Trump en 2018 lorsqu’il avait dénoncé l’accord signé par Barack Obama.
L’Iran fait valoir que si son stock d’uranium enrichi était transféré à un autre pays et que les États-Unis se retiraient à nouveau de l’accord, il serait contraint de recommencer son enrichissement à partir de zéro.
La proposition américaine contredit la position d’Israël, qui réclame un démantèlement complet du programme nucléaire iranien. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a récemment déclaré à Washington : « Nous sommes d’accord sur le fait que l’Iran ne possédera pas d’armes nucléaires. Cela peut se faire par le biais d’un accord, mais seulement s’il s’agit d’un accord de type libyen – incluant la destruction des installations et le démantèlement de tout l’équipement sous la supervision et l’exécution américaines. »
Il a ajouté qu’à défaut d’un tel accord, « qu’ils fassent simplement traîner les négociations, et ensuite l’option militaire. Tout le monde comprend cela. »
Donald Trump a exprimé lundi sa frustration quant au rythme des négociations, notant que la prochaine série de pourparlers n’était prévue que pour la semaine suivante. « Ils doivent résoudre le problème très vite », a dit le président.