Le chef d’état-major de Tsahal Aviv Kochavi s’est envolé pour Washington quelques jours après que des informations précises et importantes soient arrivées aux mains d’Israël qui confirment les craintes : Joe Biden et l’équipe issue de l’Administration Obama sont déterminés à revenir rapidement à l’accord de 2015 avec l’Iran, sans aucun changement. Ils sont même prêts pour cela à lever toutes les sanctions et céder sur la question cruciales des inspections des sites nucléaires par l’AIEA.
L’Administration Biden peut pousser un soupir de soulagement, parce que pour la première fois depuis douze ans, elle a face à elle un gouvernement israélien plus docile qui a déjà fait savoir par ses plus hauts responsables qu’il ne se dressera pas ouvertement contre la politique américaine et préférera exprimer ses réserves à huis-clos. Dernière déclaration en date, le nouveau président de la commission des Affaires étrangères et de la Défense Ram Ben-Barak (Yesh Atid) qui estime que la meilleure solution à l’heure actuelle serait un “accord nucléaire satisfaisant tout en maintenant parallèlement une solution opérationnelle”. On se rappelle que son chef de parti, l’actuel Premier ministre alternatif Yaïr Lapid avait soutenu l’accord de 2015 et s’était dressé contre Binyamin Netanyahou lorsque ce dernier s’était adressé au Congrès américain.
Et alors que Yaïr Lapid a promis aux Américains que le gouvernement israélien n’agira pas “par surprise” contre eux sur cette question, la surprise vint quelques heures plus tard de la part en sens inverse, de Washington. Le “Wall Street Journal”, généralement bien informé, révélait que le président Joe Biden, considérant que le danger iranien est en recul grâce à l’accord qui approche, a décidé de retirer des troupes américaines supplémentaires du Moyen-Orient dont des escadrilles d’avions-bombardiers et des missiles anti-aériens, essentiellement basés sur le sol saoudien.
Au lendemain de la rencontre Biden-Poutine, Le “New York Times”, pourtant très favorable au Parti démocrate et au président Biden, rapporte l’avis d’experts en politique étrangère qui “s’étonnaient” quelque peu de la manière exagérément optimiste avec laquelle le président américain entrevoit les questions et problèmes en politique étrangère, allant jusqu’à accuser le président américain de faire preuve de naïveté plutôt que d’appliquer une politique construite, au point “d’occulter totalement les réalités”.
Sur le même modèle que les Accords d’Oslo, l’Administration Biden court vers un accord avec l’Iran, malgré les avertissements des services secrets et d’experts américains en armes nucléaires. A titre d’exemple, deux experts reconnus, Sarah Burkhart et David Albright, ont averti il y a quelques jours que tous les signes sont là pour prouver que l’Iran est en train de se diriger vers l’arme atomique.
Alors que la question iranienne était du domaine réservé de l’ancien Premier ministre Binyamin Netanyahou, le nouveau gouvernement n’ose pas faire face directement à l’Administration américaine et envoie le chef d’état-major de Tsahal au feu pour tenter de faire pencher la balance. Face à la détermination de Joe Biden et de son entourage, le chef de Tsahal sera sans doute reçu avec respect et tapes sur l’épaule, ses messages seront entendus avec attention, l’engagement américain à la sécurité d’Israël sera une nouvelle fois exprimé avec insistance, mais la décision a déjà été prise.
Photo Gili Yaari / Flash 90