Il me revient à l’esprit des réflexions sur l’armée d’Israël du temps de ma jeunesse française : il y a vingt, trente ou quarante ans de cela, nous nous rêvions à la place de ces soldats gardiens de notre terre, portant le fameux uniforme, avec une mitraillette en bandoulière. Je me revois, dans mes pensées, plus proche de Rambo que du ‘hayal israélien qui peut remplir des fonctions d’une innombrable diversité dans l’armée. En effet, nous étions conditionnés pour être « lo’hamim » (combattants), oubliant au passage les autres corps de l’armée, tout aussi importants sinon plus encore, tous ensemble constituant et contribuant à la réussite d’une armée de cette envergure, enviée par le monde entier.
« Jobniks », « tomekhei le’hima », têtes pensantes… Tant de possibilités s’offrent à un jeune qui entre à l’armée ! Ces différents postes sont aussi gratifiants les uns que les autres. Pourtant, à nos yeux, certains étaient moins prestigieux, et de nos jours encore il semble en aller de même pour nos adolescents. Beaucoup ont tendance à associer le service militaire israélien aux films de guerriers combattants. Ils ne sont pas totalement dans l’erreur, celle-ci se situe seulement au niveau du casting, comme si seuls les combattants étaient sélectionnés, alors que tous, du cuisinier au tireur d’élite, de l’infirmier à l’ingénieur, du plongeur au pilote de chasse, de l’autiste au bien-portant, du simple soldat au sergent colonel, tous font partie du scénario et contribuent à la réussite du chef-d’œuvre.
Aujourd’hui, vingt, trente, quarante ans plus tard, l’armée occupe dans nos pensées une place encore plus importante. Nous n’avons pas eu le privilège d’en faire partie, mais c’est à présent notre chair et notre sang qui servent dans Tsahal. Fraîchement arrivés sur cette terre par conviction et idéal, même si, dans un coin de nos têtes, nous savions que nos petits allaient un jour concrétiser nos rêves d’armée, nous n’imaginions pas que ce moment allait arriver si vite ! Or bon nombre d’entre nous sont déjà passés par là, pour d’autres c’est d’actualité, et pour d’autres encore c’est dans un avenir proche que leurs enfants feront partie de cette armée d’élite.
Par une sorte de transfert, à travers nos enfants qui partent à l’armée avec notre accord et notre bénédiction, nous compensons un peu ce manque de ne pas avoir eu le privilège de faire partie intégrante de Tsahal. Et nous ajoutons notre pierre à l’édifice. Ainsi, c’est avec douleur, angoisse, mais aussi gonflés d’orgueil et de fierté, avec des pleurs et des prières, avec une emouna sans bornes, que nous envoyons nos enfants accomplir leur devoir et le nôtre. C’est un grand honneur de faire partie de Tsahal.
Je me plais à penser et à dire que c’est HaChem qui choisit avec minutie ses soldats, ceux qui font partie de sa grande armée de défense, et que c’est grâce à Sa présence à leurs côtés et à Ses miracles permanents qu’elle est si performante et victorieuse.
Ceux qui composent cette extraordinaire armée sont tous nos enfants, dont nous nous sentons tous responsables. C’est pourquoi leurs actes héroïques nous réjouissent à l’extrême ou nous apitoient ; c’est pourquoi nous essayons de tous les aider, les gratifier, les gâter, les applaudir à leur passage, nous prendre en photo avec eux, les commémorer – même si ce ne sont pas nos propres enfants. Parce que nous faisons tous partie de la même famille, priant à l’unisson pour la survie de notre peuple et de notre pays. L’union a toujours fait la force.
Et tout comme dans une famille, il nous arrive de rire ou de pleurer, d’être en accord ou en désaccord, de partir et de revenir, de parfois sembler se haïr –mais finalement nous nous aimons à la folie et nous sommes toujours au rendez-vous lorsqu’un de nos membres a besoin de nous, surtout dans les moments difficiles.
C’est la vision que je veux avoir en ces temps troubles de notre histoire, comme je veux continuer à croire en l’amour, l’union et la victoire de notre peuple.
Am Israël ‘haï !
Candice