Dites-le-moi franchement : en apprenant la victoire de Netta au concours de l’Eurovision à Lisbonne, avez-vous, comme moi, ressenti un sentiment de fierté nationale ? Oui? Eh bien vous devriez avoir honte ! Absolument ! Et doublement en plus ! D’une part de la prestation de la chanteuse et ensuite de votre réaction patriotique mal placée !
C’est en tout cas l’avis de certains de mes amis virtuels exprimé sur l’un des principaux réseaux sociaux (dont je tairai le nom pour ne pas faire de pub à Facebook).
L’un d’entre eux explique ainsi sa façon de considérer l’évènement :
« Il fut une époque où les juifs « laïcs » se félicitaient des prix Nobels obtenus par leurs coreligionnaires. Aujourd’hui je suis encore plus consterné que la victoire d’une chanteuse de variété devienne un symbole de fierté pour ma ‘communauté’. Est-ce ça que l’on nomme « yéridate hadorote » (déclin des générations) ? En écrivant ces lignes, j’ai hâte d’être à demain matin quand je franchirai les portes du Beth haMidrash, là où la véritable sagesse du peuple juif est étudiée, là où ceux qui portent toute la gloire d’une nation ne sont autres que nos grands maîtres versés dans la Torah. »
Si je vous en parle, amis lecteurs, c’est parce que je trouve que les idées exprimées dans ces quelques phrases (ainsi que celles non exprimées mais qui en constituent pourtant le socle) méritent qu’on s’y attarde quelques instants.
Résumons : 1) la Thora est la raison d’être d’Israël. C’est donc à l’aune de son étude et seulement là que l’on devrait mesurer la grandeur et le génie de notre peuple. 2) Il y a quelques décennies déjà, les juifs dits laïcs ont jugé qu’il était également possible d’être fier de la contribution juive au progrès de la science et se mirent à se féliciter du nombre de prix Nobels que les fils d’Israël parvenaient à décrocher dans tous les domaines. Ils eurent tort. Ce fut la première étape du déclin des générations. 3) Ce déclin déjà amorcé à cette époque, s’accéléra encore et nous en sommes aujourd’hui à trouver normal de célébrer la réussite d’une juive dans le domaine méprisable des variétés et de la chanson populaire ! Quelle déchéance ! Puisse le retour à l’étude du Beth Hamidrach nous faire prendre à nouveau conscience de nos vraies valeurs et de ce qui aurait dû rester notre source exclusive de fierté.
Ainsi exposé, le sujet dépasse de loin le cas de Netta, sa personnalité, sa chanson ou son look. Car même si elle avait représenté Israël en chantant du Evyatar Banay sur une musique de Yonatan Razel, elle n’aurait pu trouver grâce aux yeux de notre ami.
On pourrait bien sûr expliquer cette joie populaire en rappelant ce que tout enfant israélien de douze ans comprend instinctivement : 70 ans après sa création, la légitimité d’Israël est encore loin d’être acquise. Ainsi la branche française du BDS a rappelé que « la culture n’est pas destinée à blanchir les crimes des régimes d’apartheid » et a organisé en conséquence une vaste campagne visant à faire perdre Netta. Sa victoire est donc aussi une gifle magistrale pour tous les détracteurs d’Israël. On peut naturellement s’en réjouir sans pour autant être un fan inconditionnel de l’Eurovision ou souhaiter écouter « Toy » en boucle dans sa voiture ! Chercher à culpabiliser ceux qui l’ont ressenti ainsi c’est donc d’abord méconnaitre les circonstances particulières auxquelles Israël est confronté dans ce genre de compétitions.
Mais si nous voulons réfléchir sur le fond du problème, il nous faut poser la véritable question : est-il ou non légitime de reconnaitre de la valeur à des activités dont les centres d’expression se situent bien en dehors des murs du Beth Hamidrach? BDS ou pas, peut-on être fier à l’annonce de performances réalisées par des Juifs qui ne sont pas de « grands maitres versés dans la Thora », mais qui ont inventé Waze, le disk-on-key ou la micro-irrigation effectuée au goutte-à-goutte ? Ou qui ont remporté la coupe d’Europe de Basket (tiens, ça fait longtemps que ça ne nous est plus arrivé, ça !) ou le concours Eurovision de la chanson (à 4 reprises, quand même !) ?
La lettre qu’a envoyée en 1906 le Rav Kook le jour de l’inauguration de Betsalel, l’école de Beaux-Arts de Jérusalem, est à ce sujet significative. L’époque est trouble. En Russie tsariste, une nouvelle vague de pogrom frappe la plus grande communauté juive du monde. En Erets Israël, les pionniers de la deuxième Alya tentent avec peu de moyen, beaucoup de courage et d’énormes difficultés de créer et de développer de nouveaux villages. L’annonce de la création d’une école de beaux-arts à Jérusalem est loin de susciter l’enthousiasme. Les milieux religieux y voient une plateforme supplémentaire, inutile et dangereuse, qui éloignera les jeunes du beth hamidrach. Les autres s’interrogent : est-ce bien le moment, en ces temps de restrictions de consacrer une partie des minces ressources a une école d’art ?! N’y a-t-il pas de priorités plus urgentes ? Le rav Kook, sans minimiser les dangers que peut représenter pour le judaïsme la liberté artistique (et la dernière exposition provocatrice sur les évènements à Gaza en est une bien triste illustration), n’hésite pas à encourager les nouveaux artistes d’Israël. Pour répondre à l’objection sur l’urgence d’un tel projet, il raconte l’histoire de la petite Shoshana. Depuis de trop longs mois, l’enfant est atteinte de fièvre violente. Allongée sur son lit, pâle et tremblante, les yeux clos et la bouche fermée, il semble qu’elle ne reprendra plus jamais goût à la vie. Puis soudain, elle ouvre les yeux. Les petites mains s’agitent et semblent chercher quelque chose. Et devant la famille émue, elle qui l’entoure depuis si longtemps avec l’espoir bien peu raisonnable de la voir un jour reprendre conscience, elle décolle ses lèvres et murmure : « maman, maman, apporte-moi ma poupée ! » La famille et le médecin ont les larmes aux yeux : elle revit, elle parle à nouveau ! C’est miraculeux ! La petite Shoshana représente Israël qui revient à lui après une longue période de léthargie, un exil bimillénaire qui a bien failli l’emporter. Alors bien sûr, en soi, la poupée n’est pas le plus important de ses besoins. Elle devra bientôt réapprendre à manger, à marcher, à étudier. La route est encore longue. Mais seuls ceux qui ne sont pas conscients des dangers de la maladie qui la menaçait peuvent juger avec mépris son bonheur de désirer à nouveau une poupée…
En redevenant la nation qu’il avait jadis été, Israël diversifie ses centres d’intérêt : à côté de l’étude de la Thora qui continue à être l’oxygène qui le maintient en vie, il s’intéresse aussi à la science, à l’art, à la littérature, au sport, à la musique et même à l’Eurovision. Rien de grave. Ce n’est que le signe d’une vitalité retrouvée….
Arrêtez-moi si je dis des bêtises….
Rav Elie Kling
Photo by Flash90
Vous êtes en état d’arrestation!
De telles bétises, ça fait longtemps que je n’en ai pas lu!
Vous avez utilisé une pratique rhétorique de citer une idée extrémiste et de la critiquer pour opter vers l’autre extrémisme, sans vraiment évoquer le véritable problème.
« Ainsi exposé, le sujet dépasse de loin le cas de Netta, sa personnalité, sa chanson ou son look. »
« Waze, le disk-on-key ou la micro-irrigation effectuée au goutte-à-goutte, Ou la coupe d’Europe de Basket ou le concours Eurovision de la chanson ».
Est-ce qu’un religieux ou un sioniste (même non religieux) doit se féliciter de Netta, avec sa personnalité sa chanson et son look? (a fortiori un religieux pour qui cela est considéré comme de la nudité…)
Est-ce que l’on peut comparer des inventions scientifiques qui font bénéficier le monde entier à des réussites sportives?
Est-ce que Israël doit être lumière des nations, ou les nations doivent-elles être lumières d’Israël?
Je m’arrête ici bien que je n’écris pas des bêtises
Votre article est honteux
Le rav s intéressé a ce genre de stupidités??????????
Le rav s interesse a ce genre de stupidité??????
Le rav s intéressé a ce genre de stupidités????????
Le rav s intéressé a ce genre de futilités??????????